La poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886) est manifestement intrigante. Elle n’a été reconnue comme écrivaine qu’après sa mort, sa sœur découvrant alors 1 775 poèmes qu’elle avait écrits. Cette femme de bonne famille, solitaire, indépendante, insoumise et passionnée par les mots l’était aussi par les plantes et le monde sensible qui l’entourait, comme le montre joliment « Le Jardin d’Emily » de Lydia Corry.
Lire la suite...Avec un humour et un flegme tout britanniques, un nouveau détective vient concurrencer Sherlock Holmes dans le Londres victorien…
Issu d’une très vieille famille aristocratique, le riche Lord Harold Alaistair Cunningham Talbot, douzième du nom, ne s’engage pas dans la police sur un coup de tête. Non, ce n’est pas un caprice s’il souhaite enquêter dans le miséreux quartier de Blackchurch. Le candide gentleman suit avec application une piste bien mystérieuse.
Londres, fin du XIXe siècle, Lord Harold Alaister Cunningham Talbot est l’héritier d’une grande famille du pays. Dans cette Angleterre victorienne qui domine le monde, nul besoin pour ce jeune homme d’excellent famille d’exercer une quelconque profession. Il grandit loin du besoin dans une belle demeure avec ses deux tantes un peu excentriques et de nombreux domestiques. Son valet personnel, Donald, l’entoure de toute son affection depuis la disparition de ses parents. Innocemment, un matin, il l’aide à se revêtir d’un uniforme de bobby pensant que son maître se rend à un bal costumé. Celui-ci le détrompe rapidement, pour la première fois de sa vie, il va travailler.
Harold refuse une vie oisive, il intègre ainsi les rangs de la police. Bizarrement, s’il a su jouer de ses relations, c’est pour être affecté au commissariat de Blackchurch, un quartier malfamé au bord de la Tamise.
Candide et bien élevé, il découvre une faune bigarrée de truands et d’escrocs. Ses bonnes manières détonnent et le font vite remarquer, notamment par les trois femmes qui tiennent le quartier : Mary, la tenancière d’une gargote, Jenny, une spécialiste des machines à vapeur et Gladys qui règne sur le marché de la viande.
Gentleman, novice mais perspicace, Lord Harold résout quelques affaires subalternes comme le vol des plaques de nom de rue avant d’avouer à ses nouveaux amis policiers la véritable raison de sa venue dans les bas-fonds de la capitale anglaise : il a retrouvé dans son manoir, après la disparition de ses parents, un manuscrit, une histoire captivante qui se déroule dans Blackchurch et qui se termine par ses mots :
« Soudain, la lumière se fit, sous l’effet d’une force maléfique et dans un bouillonnement macabre, elle me laissa entrevoir l’incroyable. J’avais devant moi, surgissant des eaux noires de la Tamise, l’inquiétante et redoutable mystérieuse ! »
Or, un soir, un mystérieux navire apparaît comme par magie de la Tamise. Ainsi se clôt sur cet habile cliffhanger, le premier volume d’une nouvelle série intrigante.
Xavier Fourquemin et Philippe Charlot se retrouvent après leur collaboration sur « Le Train des orphelins » et « Le Cimetière des innocents ». Leur nouvelle série est au carrefour de plusieurs genres : policier, bien sûr, historique, avec un Londres victorien marqué par de fortes inégalités sociales, comique, avec de savoureux dialogues et des personnages secondaires truculents et in-fine du fantastique avec l’émergence inopinée d’un navire fantôme des eaux de la Tamise. Enlevée, sans temps mort, cette nouvelle série commence sous les meilleurs auspices.
Philippe Charlot s’amuse des décalages qu’il crée entre un héros aristocrate, candide mais sérieux, et la faune interlope du Londres miséreux de la révolution industrielle. De quoi faire naitre des quiproquos drolatiques à partir de rencontres cocasses entre des personnes de deux milieux sociaux qui ne se croisent pratiquement jamais.
Le dessin classique de Xavier Fourquemin, précis dans les décors, sait tendre vers le caricatural quand il faut détailler des trognes ou insister sur le côté ingénu du héros.
Nous avons été enchantés par le premier tome de cette nouvelle série jeunesse. Nous attendons avec impatience les révélations des prochains volumes : – Que trame le connétable de la Tour de Londres ? Quel est ce mystérieux navire surgi de la brume londonienne ? Quelle est l’origine du manuscrit que détient Lord Harold ? – Que trafiquent les trois jeunes femmes qui dominent Blackchurch ? – Harold va-t-il imposer ses techniques modernes à Scotland-Yard et sera-t-il confronté à Sherlock Holmes ou Jack l’éventreur ? Vous le saurez en lisant le tome 2 de ses aventures.
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Laurent LESSOUS (l@bd)
« Les Enquêtes de Lord Harold, douzième du nom T1 : Blackchurch » par Xavier Fourquemin et Philippe Charlot
Éditions Vents d’Ouest (14,50 €) – ISBN : 978-2-7493-0903-3
On peut dire que le « Londres victorien » est une source d’inspiration qui semble inépuisable pour les auteurs de bd actuels. On ne compte plus les albums aux ambiances « victoriennes ». S’il n’y avait la grande qualité d’une bonne partie de ces albums, ça deviendrait presque lassant. Sherlock Holmes aussi semble très inspirant en ce moment . Rappelons, pour la petite histoire, que Conan Doyle s’inspira, lui, très fortement d’un écrivain français, Henri Cauvain, pour créer son personnage. C’est peut-être pour cela qu’il décida de donner à Sherlock Holmes un grand-père maternel français.
N’hésitez pas à rencontrer en dédicace XAVIER FOURQUEMIN…il fait parti des dessinateurs les plus sympathiques que je connaisse!!!