C’est avec exigence qu’Emmanuel Moynot construit, depuis une quarantaine d’années, une riche carrière où se côtoient des albums classiques (sa reprise de « Nestor Burma », par exemple) et des one-shots aux motivations plus ambitieuses, tel le présent album. Un polar noir et cynique où il établit avec force détails le parallélisme entre le quotidien des babouins africains et le comportement parfois violent de certains individus de notre monde contemporain.
Lire la suite...Alain d’Orange : virtuose et populaire ! (Seconde et dernière partie)
Alain d’Orange est l’un des dessinateurs les plus impressionnants, par la qualité et la densité de son travail, qui ait collaboré aux magazines publiés par Fleurus : un virtuose du dessin au trait à la fois atypique et populaire (voir la première partie de ce « Coin du patrimoine » ici : Alain d’Orange : virtuose et populaire ! [Première partie]). Mais sa participation à l’éditeur catholique n’est peut-être que l’arbre qui cache la forêt…
Lors de ses premières démarches dans le monde de la bande dessinée, Alain d’Orange propose ses services à Fleurus, mais aussi à La Semaine de Suzette : le vieil hebdomadaire lancé en 1905 par les éditions Gautier-Langereau.
Il y publie des illustrations à partir de 1949, dont celles du « Rêve du petit éléphant » : une nouvelle signée Henriette Robitaillie, talentueuse scénariste qui, plus tard, travaillera régulièrement à ses côtés.
Il faut attendre une nouvelle présentation du journal, en 1955, pour savourer ses premières bandes dessinées.
En effet, outre des couvertures et des illustrations de romans (« La Villa Cosse-de-pois » d’Henriette Robitaillie en 1955, « Le Chevalier noir » de Florence Houlet en 1956, « L’Enfant Jésus a disparu » de W.J. Cowen en 1957, « Sorcière ou châtelaine ? », « Le Fils du cygne » et « L’Oeil de Civa » de Simone Roger-Vercel de 1958 à 1960), il s’attelle à des récits complets écrits par Geneviève de Corbie, A. Fontange ou encore Henriette Robitaillie, mais aussi à des histoires à suivre.
Après le court « Invisible Ennemi » qui débute le 1er décembre 1955, il poursuit avec « Le Prisonnier du donjon » en 1956 et « L’Aigle et le poisson » en 1957 : deux histoires de Cécile Romancère (un pseudonyme d’Henriette Robitaillie).
On lui doit surtout les trois épisodes des aventures de Régina, réalisés de 1958 à 1960 avec la complicité de Cécile Romancère : « Sept étages et un mystère », « Les Sauvages chez Régina » et « Régina et l’étrange croisière ».
Jeune fille de bonne famille, heureuse propriétaire d’un château, la blonde Régina multiplie les aventures rocambolesques en compagnie d’une joyeuse bande d’amis.
Ajoutons « Bon sang ne peut mentir », récit se déroulant sous l’Empire écrit par Yves Duval et, enfin, « Kinouk et son scooter » d’Édith Orny (encore un alias d’Henriette Robitaillie) publié dans les derniers numéros de La Semaine de Suzette, dont le n° 144 et ultime est mis en vente le 25 août 1960.
Il faut ajouter à ces collaborations la rubrique « Maman est… », évoquant avec humour les divers métiers exercés par les mamans, écrite par Henriette Robitaillie, « Le Pacte de Monluc » en 1955 avec Yvette Girault, « Le Secret de l’automate » en 1957 avec Déliette, les rubriques verticales « Will », « Ninette », « Suzette sait tout »…
Notons, chez le même éditeur, les illustrations réalisées pour trois romans de la Bibliothèque de Suzette : « L’Enlèvement de Noël » de William Joyce Cowen en 1957, « Le Prisonnier du donjon » de Cécile Romancère en 1958 et « Princesse étoile » de Simone Roger-Vercel en 1959.
Il serait injuste de négliger cette participation, certes plus modeste, mais tout aussi soignée que ses autres collaborations.
Après Fleurus, la Maison de la Bonne Presse !
Comme d’autres collaborateurs de la presse Fleurus — Pierdec ou Janine Lay, par exemple — (1), Alain d’Orange travaille pour les deux maisons d’édition catholiques rivales de l’après-guerre. Si l’on rencontre ses travaux dans Bayard et Bernadette, c’est dans ce dernier hebdomadaire que sa participation est la plus importante.
Il y réalise des couvertures, des illustrations pour des nouvelles et pour des rubriques, dès 1950 : activité qui se poursuivra, plus ou moins régulièrement, jusqu’en 1962
De 1951 à 1957, il dessine des planches aux thèmes divers avec les textes placés sous les images. Son premier long récit dessiné compte 104 pages et mêle textes et dessins. « Les Naufragés du “Sassandra” », publiée du n° 266 (06/01/1952) au n° 317, est une histoire écrite par R. Tramond. Il figure au catalogue de la collection d’albums Cinématique, en 1952.
Suivent « François-Xavier », avec des textes sous les images de Geneviève de Corbie en 1953, « Le Messager du tsar » en 1955, adapté par R. Gaël d’un roman de M. O. Saint-Hilaire, enfin « L’Énigme de Gibraltar » (adaptation d’un film) en 1956.
Toujours pour la première version de l’hebdomadaire, il illustre quelques romans : « Les Vacances des diables à quatre » de S. Rat en 1954 ou « Les 5 Pitoulet » d’André Chosalland en 1956.
En juillet 1957, la nouvelle formule de Bernadette lui permet de travailler sur un plus grand format.
Après un court récit d’André Demaison (« Les Lions du Kalahari », n° 1 à 14), il dessine le premier épisode de « L’Orpheline du Far-West » : un western rempli de bons sentiments du vétéran Alain Bonneau, commencé dans le n° 38 (17/03/1957) et repris en album dans la collection Ciné-Color, en 1958.
Une seconde aventure (« La Fille du ranch ») est proposée à partir du n° 140 (01/03/1959).
Un troisième et dernier épisode (« La Chasse aux pépites ») commence dans le n° 145 d’une nouvelle formule de Bernadette au 16 avril 1961.
Le dessinateur revient aux textes placés sous les images avec « Les Prisonniers de l’Albatros », une histoire d’André Chosalland qui débute dans le n° 82.
Il retrouve Henriette Robitaillie dans le n° 116 (25/09/1958) où commence « Le Troupeau de Carla » repris en album en 1959.
Après avoir signé deux courtes histoires aux thèmes édifiants, « Eaux vives » avec Geneviève de Corbie et « Saint Vincent de Paul » avec Henriette Robitaillie, il campe le personnage de Florence, dont l’énigmatique scénariste signe du pseudonyme G. Hertécé, lequel dissimulait certainement Henriette Robitaillie et Geneviève de Corbie.
Trois longues histoires sont proposées : « L’Orchidée d’or » qui démarre dans le n° 219 (04/09/1960), « Le Secret d’Isabelle » en 1962 et « Florence et le Guacamayo » à partir du n° 108 de la nouvelle série (05/05/1963).
La série se termine après la publication de quatre récits complets de huit pages (n° 144, 147, 162 et 176).
Enfin, dans un tout autre registre, Alain d’Orange adapte « Ivanhoé », du n° 87 (09/12/1962) au n° 103.
À ces histoires de longue haleine, il faut ajouter une quinzaine de récits complets historiques, pour une grande part écrits par Henriette Robitaillie, publiés entre 1957 et 1964 : « La Barbe de François 1er », « Jeanne », « Baden Powell », « Dumont D’Urville », « La Vérité sur La Palice »…
La fusion entre Bernadette devenue Nade et Lisette en 1961 met un terme deux ans plus tard à la collaboration d’Alain d’Orange avec la Maison de la Bonne Presse.
Entre temps, il illustre deux romans de Claude Voilier pour Lisette : « Le Masque jaune » en 1960 et « Aventure en Corse » en 1961.
Il dessine deux histoires à suivre écrites par Fransard, plus connu sous la signature François Drall, avec comme protagonistes Anita et son cousin Stan : « Mystère et patinage » et « L’Inconnu de Therakos », en 1961.
Pour le trimestriel Lisette magazine, il signe quatre récits complets dans les n° 75, 76, 77 de 1972 et 78 de 1973.
Restons du côté de la rue Bayard avec justement l’hebdomadaire Bayard, où notre dessinateur effectue un bref passage. Il réalise quelques illustrations à partir de 1953, puis met en images un long récit en deux parties écrit par Jean Acquaviva (2) : « Banda Tanga » qui débute dans le n° 349 (09/08/1953), et sa suite « Uranium » (repris en album dans la collection Cinématique sous le titre « La Course à l’uranium » en 1954) qui prend fin dans le n° 453 (07/08/1955).
Le premier épisode de cette histoire mêlant espionnage et aventure a fait l’objet d’un album de la collection Cinématique en 1955. Notons deux autres histoires réalisées pour Bayard : une vie de Le Nôtre avec le texte sous les images écrit par Claude Marin
et « Hiawatha II », un western en BD qui se termine au n° 499 (avec Jean Acquaviva au scénario). Ce héros est également présent dans l’Almanach vacancesde 1954.
Alain d’Orange ne fait pas partie de l’équipe des dessinateurs de la nouvelle formule de Bayard lancée en juillet 1956, mais, comme nous l’avons vu plus haut, il poursuit ses activités avec la Bonne Presse dans Bernadette, jusqu’en 1961.
Toujours dans le domaine religieux, Alain d’Orange collabore, du début des années 1960 jusqu’en 1981, à Terres lointaines : magazine missionnaire des jeunes publié par l’Œuvre pontificale de l’enfance.
Dans un premier temps, il y campe le personnage de Djip : jeune garçon parcourant le tiers monde, en compagnie d’un vieux professeur.
C’est ensuite Pof (accompagné par sa sœur Rosie) qui lui succède, puis il participe à la rubrique des « Actes des apôtres aujourd’hui ».
Cette collaboration représente un grand nombre de pages publiées à raison de deux par livraison, auxquelles il faut ajouter diverses illustrations.
Notons, pour l’anecdote, une page de débutant publiée dans le n° 12 et dernier de l’hebdomadaire Grandir daté du 01/09/1949. On le rencontre aussi brièvement dans les journaux des éditions Mondiales. Il adapte cinq romans pour la jeunesse dans les pages de L’Intrépide, en 1956 et 1957, avec les textes sous les images : « L’Île au trésor », « Rob Roy », « Les Naufragés de la jungle », « Moby Dick » et « La Ville perdue ».
Pour Mireille, en 1961, il illustre « Prisonnier du canyon noir » : un roman de Denyse Renaud. Il effectue un bref passage à Francs-Jeux en 1972-1973, où il dessine deux récits complets : « Le Noël de Peyramagoulins » (n° 612) et « Le Tonneau de Graham » (n° 626).
Enfin, profitant du passage de Claire Godet à la rédaction du Nouveau Tintin, il dessine, en 1976 et 1977, deux récits complets écrits par Jean-Marie Pélaprat : « Un surprenant agent secret » dans le n° 35 et « Le Dernier Voyage du capitaine Cook » dans le n° 77.
Les temps difficiles
Avec le début des années 1980, les hebdomadaires Formule 1 et Djin se regroupent en un seul bimensuel baptisé Triolo.
Tout au long des années 1980, une nouvelle génération d’auteurs occupe les pages des journaux Fleurus.
François Bourgeon, Franjacq (François Dermaut), Pierre Tranchand, Claude Lacroix, Bernard Dufossé, André Juillard, Didier Convard…, tous talentueux, poussent sans le vouloir les anciens dehors.
Pierdec, Alain d’Orange et quelques autres sont licenciés en 1980, après trois décennies de fidélité.
Pour ces quinquagénaires, le coup est rude : d’autant plus que les journaux traditionnels pour enfants souffrent de l’arrivée des magazines plus adultes.
Des diverses équipes de Fleurus dont il a toujours regretté la première rédaction animée par Frédéric-Antonin Breysse (qui lui a donné sa première chance), Alain d’Orange confie avec une certaine amertume à Évariste Blanchet, dans le n° 11 de Hop ! : « J’ai regretté de ne jamais connaître l’opinion de ceux pour qui je travaillais : jamais une critique, jamais un compliment en 30 ans ! Je ne devinais que ça convenait que parce que l’on continuait à me commander des travaux. »
En 1981 et 1982, Alain d’Orange connaît deux années difficiles de quasi-chômage, tout en affrontant un dur procès avec Fleurus aux Prud’hommes.
Dieu merci, si j’ose dire, il est sauvé par les officines spécialisées dans la publication d’ouvrages destinés aux congrégations religieuses.
Premier rayon de soleil en 1982, avec le début de sa participation au mensuel scout édité par les scouts de France.
Il y publie « Premier Camp », bande dessinée à suivre évoquant la jeunesse de Baden Powell, mais aussi de superbes doubles pages en couleurs dédiées aux diverses activités du scoutisme.
Cette collaboration se poursuit jusqu’en 1986, sur une trentaine de numéros.
Il dessine aussi pour le mensuel Louveteau destiné aux plus jeunes scouts et à Pionnier pour les plus grands.
Il réalise également quelques couvertures d’ouvrages pour les éditions des scouts de France, dont « La Voile blanche ».
Il aborde l’édition purement religieuse en 1979, en illustrant les six premiers fascicules de « L’Histoire du peuple de Dieu » pour les éditions du Bosquet animées par le père Pierre Thivollier : « Abraham à l’aventure », « Jacob-Israël », « Joseph vendu par ses frères » (en deux tomes), « Moïse appelé par Dieu » et « Moïse libère son peuple ».
De 1982 à 1984, il réalise dix ouvrages d’une trentaine de pages pour la collection Les Grandes Heures des chrétiens publiée par Univers Média sous la direction du père René Berthier : « Saint Norbert » et « Antoine Moreau », avec les scénaristes Lucie Rivière et Marie-Hélène Sigaut, « Guillaume-Joseph Chaminade », « Maurice Carrigou », « Pierre Julien Eymar » et « Pierre Vigne » avec Pierre Dhombre, « Frédéric Ozanam » avec René Berthier et Marie-Hélène Sigaut, « Saint-Roch », « Don Bosco » et « Jean Herbert » avec Marie-Hélène Sigaut.
En 1991, il dessine « Saint Muttien-Marie », écrit par Jacques Goussin, alors que la collection est désormais reprise par Fleurus. Le monde est petit ! Auparavant, en 1989, il illustrera aussi « Dans la tourmente révolutionnaire » : un scénario historique de Pierre Dhombre, chez Lambert-Laurent.
Bien connues pour leurs ouvrages livrés clé en main à des villes, des associations, des congrégations religieuses…, les éditions du Signe (qui regroupent le Rameau et Sadifa), sises à Strasbourg, œuvrent beaucoup pour des officines religieuses souvent inconnues du grand public et dont la diffusion demeure limitée.
Alain d’Orange travaille régulièrement pour cet éditeur tout au long des années 1980, parfois sur des ouvrages destinés à l’étranger qui ne seront jamais traduits en langue française.
Pour la collection Les Origines, il signe « Saint Jean de Matha », « Émilie de Rodat », « Jeanne-Claude Jacoulet », « Jean-Claude Colin »,
« Une fondation sur trois siècles », « Pierre Bienvenue de Noaille », « Anne de la Girouardière » et « Pierre Joseph de Clorivière ».
Pour Les Grands Moments de l’église canadienne, il illustre « Marie Fitzbach », « Marcelle Mallet », « Marie-Catherine de Saint Augustin », « Frère André », « Élisabeth Bruyère », « Les Sœurs de sainte Jeanne d’Arc », « Mère Marie de la charité » et « Marguerite Bourgeoys ».
Ajoutons, toujours au Signe, « La Bienheureuse Mary Mc Killop », « Angèle Merici », « Le Cottolengo », « Edmund Ignatius Rice »,
« Euphrasie Barbier », « Henry Dunant », « John Wesley », « L’Histoire des frères Alexiens »… et la liste est loin d’être complète.
Rencontres est une revue trimestrielle de qualité, lancée en 1975, qui prend le nom de Vianney en 1993, éditée par Mission thérésienne (32 rue Jean de la Fontaine, 75016 Paris).
Elle ouvre ses pages à Alain d’Orange dès le milieu des années quatre-vingt.
Entre histoires à suivre, récits complets, illustrations et couvertures, il est présent chez cet éditeur méconnu jusqu’en 2006 : année où il prend une retraite bien méritée, à 83 ans !
Notons « Saint-François Régis », « Édouard Pope », la réédition, puis la conclusion, du « Bracelet de vermeille » pour les histoires à suivre, « Jean-Paul II », « Jérôme Lejeune », « L’Isle-Bouchard », « Nelly Orgon »… : des récits qui parfois dépassent les 30 pages.
Certaines histoires sont réunies dans deux albums : « Jean-Paul II, pape de l’an 2000 » en 1998 et « Van Petit Pierre et Thérèse » en 1994.
Les plus curieux peuvent en apprendre plus sur le site et la boutique de cette association des Amis de Vianney (mission-theresienne.org).
Pour en terminer avec les ouvrages religieux, signalons encore « Adélaïde à la cour du Roi-Soleil » : un album publié en 2005 aux éditions Tequi.
Hors de l’édition confessionnelle, notons encore quatre ouvrages illustrés parus aux éditions Ouest France : « Histoire de Provence en BD » en 1983, « La Tour Eiffel » en 1984, « Napoléon » et « La Première Guerre mondiale » en 1985.
Ce dernier album est réédité par les éditions du Triomphe, en 2007.
Elles proposent, la même année, un album inédit abandonné par Ouest France (« Monsieur le Président »), puis la réédition de deux histoires parues dans Djin : « Les Derniers Jours de Pompéi » en 2008 et « Clotilde » en 2014.
Ajoutons qu’Alain d’Orange a illustré « Marco Polo », en 1984 : un album de la collection Hachette junior.
Les aficionados seront heureux d’apprendre qu’il a réalisé, en 1960, une campagne publicitaire pour l’agence Unipro vantant en BD les biscuits Les Petits-Exquis l’Alsacienne.
Les pages réalisées pour cette campagne ont été publiées dans la plupart des hebdos destinés à la jeunesse de l’époque.
Alain d’Orange nous a quittés le 7 décembre 2017, à l’âge de 94 ans, après une carrière impressionnante de près de 60 années où il a produit plus de 10 000 planches de bandes dessinées et réalisé des milliers d’illustrations, le tout d’une qualité irréprochable.
Parmi d’autres, deux excellents scénaristes l’ont accompagné tout au long de sa carrière : Guy Hempay (Jean-Marie Pélaprat) et surtout Henriette Robitaillie : « Voilà un auteur avec qui je m’entendais très bien et avec lequel il était agréable de travailler. Nous étions liés par une sympathie réciproque. Elle était très intelligente, très cultivée. L’histoire a très certainement profité de notre entente. Ça compte. »
Son trait vivant et dynamique, ainsi que sa facilité de faire vivre ses personnages, lui permettaient de passer de l’humour au réalisme, du contemporain au passé, tout en usant d’un style original facilement identifiable.
On peut se demander comment la plupart des historiens de la bande dessinée ont pu passer à côté d’un univers graphique aussi riche, d’une puissance du trait aussi forte.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, il est très difficile de découvrir en album les pages de ce géant de la BD que fût Alain d’Orange.
On peut, hélas !, faire la même constatation pour la plupart des auteurs exhumés dans nos récents textes patrimoniaux.
Modeste, il confiait encore à Évariste Blanchet : « Je suis toujours étonné qu’on me parle de la quantité. Quand on travaille tous les jours, y compris le samedi et le dimanche, n’importe qui aurait produit autant. »
Rappelons que ceux qui souhaitent consulter une bibliographie détaillée (ce qui n’est pas le but de notre rubrique) de la longue carrière d’Alain d’Orange sont invités à se procurer le n° 111 de Hop ! qui propose également un long et rare entretien avec le dessinateur réalisé par Évariste Blanchet : chez Louis Cance, 56 boulevard Linthilhac 15000 Aurillac.
Henri FILIPPINI
Relecture, corrections, rajouts et mise en pages : Gilles RATIER
(1) Voir Pierdec : classique et réaliste… (première partie), Pierdec : classique et réaliste… (seconde et dernière partie) et Janine Lay : profession dessinatrice….
(2) Voir : Jean Acquaviva n’est plus….
Un virtuose, en effet. Merci à monsieur Filippini de mettre dans la lumière ce grand dessinateur. Un style unique, reconnaissable au premier coup d’œil, très dynamique où l’on sent poindre l’influence de Pierre Joubert et où l’on retrouve, pour certaines trognes un petit parfum de Beuville.
Il est à noter que les dessinateurs ayant souvent travaillé pour les journaux d’obédience chrétienne ont été minorés sinon « quelque peu oubliés » dixit M. Filippini par les historiens de la BD, et merci de leur rendre justice ici!
Une question pour M. Filippini: Alain d’Orange a t-il travaillé pour la collection « belles histoires et belles vies » ?
Bonjour !
La réponse à votre question est dans la première partie du dossier consacré aux travaux d’Alain d’Orange chez Fleurus (voir Alain d’Orange : virtuose et populaire ! (Première partie)) que vous n’avez pas dû bien lire lors de sa mise en ligne : à votre décharge, il est vrai que l’article est très très dense. En le re-parcourant, vous y découvrirez, entre autre, un extrait des n° 15 et 31 de la collection Belles Histoires et belles vies (« Charles de Foucault », publié en 1953 et « Saint-François de Sales » datant de 1957).
Bien cordialement
La rédaction
Effectivement, j’avais survolé l’article, que je viens de lire attentivement, et j’ai même retrouvé dans ma collection les deux titres cités, merci à vous!
Un grand Monsieur ! ( dans les deux sens du terme…)
Il avait mis au point un style hyper dynamique et très gracieux qui lui permettait de répondre très vite et très efficacement à beaucoup de sollicitations fort mal payées de la presse confessionnelle, mais pas que.
Une maitrise graphique que lui même sous estimait préférant rendre en interview hommage à ceux qu’il admirait : Noel Gloesner, Pierre Joubert, Pierdec et …on l’imagine moins , mais une fois dit c’est clair , Raymond Poïvet.
J’ajouterai une grande érudition historique : quelle carrière il aurait pu faire dans des groupes de presse lui donnant un peu plus de temps pour exprimer plus à fond son talent, notamment en couleurs directes!
Merci à Henri Philippini pour son travail d’amoureux du beau dessin… trans- frontières idéologiques.
Un très grand merci pour ces articles qui font si bien revivre l’univers d’Alain d’Orange, un des illustrateurs préférés de ma jeunesse et toujours d’ailleurs. Quelle richesse dans ses illustrations et surtout les illustrations historiques.
Une petite rectification, la couverture du Prisonnier du Donjon n’est pas d’Alain d’Orange mais de G. Pichard que la rédactrice en chef de la Semaine de Suzette de l’époque portait aux nues. Mais les illustrations intérieures sont effectivement d’Alain d’Orange
Quant au mystérieux pseudonyme de G. Hertécé (Bernadette 196 du 27 mars 1960), il s’agit certainement d’Henriette Robitaillie et de Geneviève de Corbie.
Merci Anne pour vos précisions.
Nous avons changé l’image du roman de La Bibliothèque de Suzette et apporté vos indications sur Hertécé.
Bien cordialement et respectueusement
Gilles
Merci beaucoup.
Mais à la fin c’est un « c » comme Corbie et non un « g »
G. Hertécé :
G : Geneviève
H : Henriette
ert: Rt : Robitaillie
é : et
cé : c : Corbie
Bien amicalement.
Anne
Merci Anne, je recorrige !
Bien cordialement et respectueusement
Gilles Ratier
Merci beaucoup. Je pinaille mais Henriette Robitaillie était friande de pseudos farfelus.
Merci pour tous vos superbes articles que je découvre sur votre site.
Bien amicalement.
Anne
Dans les années 1980 (je ne sais pas si c’est encore le cas à la BnF), le fichier de la Bibliothèque nationale indiquait que Geneviève de Corbie était un pseudonyme d’Henriette Robitaillie… Parmi les pseudonymes d’Henriette Robitaillie, on peut mentionner Clara, Cécile Romancère, Édith Orny…
La BNF a corrigé.
Anne