Après deux ans d’absence, Mathieu Lauffray conclut le cycle « Raven » avec ce copieux (84 pages) troisième volume. Dans la lignée de son « Long John Silver », scénarisé par Xavier Dorison, le dessinateur — qui sait si bien mettre en scène pirates, mer déchaînée, ambiances gothiques ou menaçantes — revient en soignant son final.
Lire la suite...Ces femmes qui combattent pour leur bien… ou pour le mal !
C’est un fait, le terrorisme au féminin a quelque chose de surprenant, mais uniquement parce qu’on attribue traditionnellement la violence, les armes, la guerre, aux hommes. On sait pourtant que, des femmes Vikings aux femmes de la Résistance, celles-ci ont toujours su se battre. Mais il y a combattre et combattre ! Avec les femmes tueuses au service de Daesh, ces « Fiancées du califat », on est par exemple bien loin de l’héroïne d’« Azizam » qui défend sa place dans la société iranienne…
Marc Trévidic, ancien juge d’instruction au pôle anti-terroriste, et Matz, dont la série « Le Tueur » est incontournable, ont précisément voulu traiter cet aspect du terrorisme. Au centre de leur récit, Aïcha Karmous, alias Oum Ghalib, femme d’un cadre de Daesh parti combattre en Irak. Autant dire qu’elle appartient à une culture où la femme est peu considérée (c’est une litote !) et qu’une mission de moudjahidate n’y est pas envisageable. Elle doit donc faire ses preuves dans l’organisation d’actes terroristes sur Toulouse pour obtenir la confiance des hommes et pour que leurs « frères prennent le pouvoir ».
Évidemment, ce qu’elle fait, ce qu’elles font, est aussi abject que ce que font les hommes. Le but n’est d’ailleurs évidemment pas dans cet album de légitimer leurs obsessions dévastatrices, leurs meurtres, juste de montrer qu’elles peuvent le faire aussi « bien » que les hommes qui continuent, cela dit, de les chapeauter, de les manipuler et de les envoyer en martyres à la mort. L’actualité a révélé plus d’une fois l’existence de ces « fiancées du califat », mais ce récit reste une fiction jouant graphiquement sur la séduction féminine, ce que la couverture résume de façon spectaculaire : d’un côté une jeune femme à la mode ; de l’autre, la tueuse qui se cache sous cette apparence…
On est évidemment très loin de l’univers iranien d’« Azizam », pourtant porté par les mêmes valeurs machistes. À Téhéran, le vieil Amir vient de perdre sa femme et il découvre chez le notaire, en même temps que ses deux fils et sa fille, qu’elle leur a légué une terre agricole de trois hectares. La loi iranienne veut que les garçons héritent d’une grosse part, mais la fille, Shirin, obtient un noyer, ce qui constitue là -bas un trésor inestimable. La mère a piégé « ses hommes » ! Dès lors, c’est la zizanie dans la fratrie, les deux frères cherchant à s’accaparer du noyer par tous les moyens…
Shirin, se révoltant contre la tradition, tient tête à ses frères et à son père avec une énergie incroyable, ce qui nous vaut des scènes de famille toniques et émouvantes à la fois. À noter que récit est soutenu par un trait caricatural très puissant et par des aquarelles très séduisantes qui donnent belle allure aux décors iraniens, la scénariste connaissant par ailleurs très bien le pays.
Didier QUELLA-GUYOTÂ ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Les Fiancées du califat » par Giuseppe Liotti, Matz et Marc Trévidic
Éditions Rue de Sèvres (15 €) – EAN : 9782810217762
« Azizam » par Valeria Guffanti et Gelsomino
Éditions La Boite à Bulles (17 €) – EAN : 9782849533727
_ Bonjour ..
le cocasse scénario d’Azizam semble être comme un célèbre soda ; pétillant !!!
Merci @ ce site et à ses collaborateurs de nous faire découvrir ces petites pépites de bd sans prétention aucunes , mais tellement rafraichissante au niveau de leur originalité
Ceux qui prônent la parité en tout pourront rire jaune en découvrant que même dans de sombres domaines la femme est l’égale de l’homme!