Revenant au dessin et aux fondamentaux de ses débuts — à une époque où il privilégiait la gaudriole, le grand guignol et la liberté graphique, ce qui était notamment le cas dans le recueil intitulé « Nocturnes » —, Régis Loisel nous gratifie d’un étonnant et magnifique album, de très belle facture, aux éditions Rue de Sèvres : « La Dernière Maison juste avant la forêt », avec l’aide scénaristique de son ami Jean-Blaise Djian. Une histoire foisonnante — de 160 pages — située dans un univers loufoque, délirant, aux limites du fantastique, mais qui est remplie de bons sentiments, et où l’on retrouve tout l’amour pour l’humanité du cocréateur de « La Quête de l’oiseau du temps » ou de « Magasin général » !
Lire la suite...Suzette part retrouver son premier amour…
Après un médiatisé récit d’après témoignage en trois volumes (« L’Odyssée d’Hakim »), Fabien Toulmé (1) imagine un drôle et émouvant road trip, entre douceur et nostalgie, qui met en scène des personnages attachants : l’auteur renouant avec cette talentueuse narration touchante déjà remarquable dans son précédent « Les Deux Vies de Baudoin ».
Suzette vient de perdre l’homme dont elle a partagé l’existence pendant 60 ans. La commémoration au cimetière communal étant terminée, la veuve demande à sa petite fille Noémie de ne pas s’inquiéter : que ça va aller, lui confiant cependant qu’elle « n’arrive même pas à être triste » !
Le dimanche suivant, Noémie et son copain — ils habitent tout récemment dans le même appartement, alors que cela fait six années qu’ils sont ensemble — lui rendent visite, afin de lui tenir compagnie. En interrogeant sa mamie sur son passé, Noémie bouleversée apprend que le mari de Suzette — qui était en fait le premier garçon qu’elle avait rencontré — la trompait : elle ne se doutait de rien, pour elle, ils représentaient le couple idéal.
En creusant un peu, de confidence en confidence, Noémie découvre l’existence d’un premier émoi de la part de sa grand-mère : Francesco, un bel Italien croisé lorsque Suzette était jeune fille au pair de l’autre côté des Alpes.
Alors que de son côté les tensions commencent à poindre le bout de leurs nez dans son couple (son compagnon, étudiant, ne pense qu’à ses potes, et elle, fleuriste, a des horaires de travail bien chargés), Noémie propose à Suzette d’essayer de retrouver son lover italien.
Elle demande alors une semaine de congés à son patron qui lui prête sa camionnette et embarque sa grand-mère, pas complètement convaincue quand même, dans la quête du grand amour : direction Portofino !
En 336 pages forts bien narrées et dialoguées, agrémentées d’habiles flash-back, l’ancien membre de l’Atelier Mastodonte réussit à nous toucher avec cet optimiste voyage d’une grande fraîcheur qui va rapprocher encore plus les deux femmes déjà très complices, et où la rondeur de son trait minimaliste fonctionne parfaitement.
Voilà qui finit de nous prouver qu’il n’y a vraiment pas d’âge pour vivre le grand amour !
Gilles RATIER
(1) Voir : « Si je t’oublie Alexandrie » par Jérémie Dres et « L’Odyssée d’Hakim » T1 par Fabien Toulmé, « Les Deux Vies de Baudoin » par Fabien Toulmé, L’Atelier Mastodonte ferme définitivement ses portes avec un 6e recueil de plus de 200 pages……
« Suzette ou le grand amour » par Fabien Toulmé

















