Un premier voyage dans les Terres australes et antarctiques françaises — retranscrit dans le très bel ouvrage « Voyages aux îles de la Désolation » — n’a pas rassasié le dessinateur Emmanuel Lepage (1) : 12 ans après, en 2022, il embarque à nouveau pour les îles Kerguelen. N’ayant pas pu, lors de sa première excursion, vivre au plus près le quotidien de tous ceux qui travaillent sur cet archipel au relief montagneux d’origine volcanique, situé au sud de l’océan Indien, il y reste cette fois-ci deux mois et demi : s’attachant donc plus aux personnes qui partent avec lui, tout en montrant les changements déjà à l’œuvre sur la nature, en raison du réchauffement climatique. Du beau, écologique et humaniste, voire quasiment poétique, récit de voyage en BD !
Lire la suite...« L’Homme qui aimait les femmes » : Reiser, enfin !
Si Cabu ou Wolinski sont régulièrement évoqués dans l’actualité à l’occasion de la parution d’un ouvrage ou de l’ouverture d’une exposition, Reiser restait le grand oublié de l’épopée des éditions du Square. Les éditions Glénat, détentrices des droits de l’œuvre du dessinateur, présentent un nouvel album qui lui est consacré : le premier depuis la publication d’une monographie qui remonte à 2013.

Dès le milieu du XXe siècle, Jean-Marc Reiser a été le témoin de la longue bataille des femmes à la conquête de nouveaux droits.
Le féminisme, ses luttes, parfois ses excès, il les a souvent côtoyés, inlassablement soutenus par ses dessins provocateurs en diable, dans les pages de Hara-Kiri et de Charlie hebdo.
Reiser était de tous les combats : l’avortement, la pilule, la contraception, l’homosexualité, les violences conjugales, l’égalité des sexes…
Né le 14 avril 1941 à Réhon en Meurthe-et-Moselle de père inconnu, élevé par une mère femme de ménage, il a vécu dès son plus jeune âge l’injustice de la triste condition de vie imposée aux femmes.
Dès ses premiers dessins publiés dans le mensuel Hara-Kiri en 1963, il a œuvré pour soutenir ces pionnières parfois rencontrées à la rédaction du journal.
Au fil des années, l’incontournable Jeanine, mais aussi « Les Copines » et toutes les autres représentent dans son œuvre immense celles qu’il a le plus aimées dans sa trop courte vie : les femmes.
Son humour féroce frappe toujours juste, décoche ses flèches qui font mouche d’un simple trait de crayon.
Présenté par Jean-Marc Parisis (1962), auteur d’un indispensable « Reiser » publié chez Grasset en 1995, de trois anthologies proposées chez Glénat (« Reiser à la Une », « Les Années Pilote » et « L’Écologie ») et d’une monographie, ce beau livre offre une sélection pertinente de dessins dédiés aux femmes.
Résultat : une formidable histoire du féminisme tour à tour originale, grinçante, drôle, tendre… : plus de 200 pages de dessins inoubliables qui n’ont pas pris la moindre ride, toujours brûlants d’actualité.
Quelques commentaires signés Gébé, Emma de Caunes, Dominique Grange, Alain Schifres, Nicole Garcia… et Reiser ponctuent cet hymne à la femme, la vraie. Un excellent moyen pour permettre aux nouvelles générations de lecteurs de découvrir l’immense bonhomme qu’était Jean-Marc Reiser, prématurément disparu en 1983.
Henri FILIPPINI
« L’Homme qui aimait les femmes » par Reiser
Éditions Glénat (23 €) — EAN : 978 2 3440 5087 3
















Reiser est indispensable à toute bonne bédéthèque! C’est un auteur tellement inventif et drôle, percutant et judicieux. Un régal. On peut le lire et le relire cent fois sans aucune lassitude. Un regard inouï sur la société humaine, d’une grande justesse ET finesse, même sur des thèmes limites scabreux. J’ose employer le mot de génie pour ce Jean Marc là !
Par contre, quelqu’un aurait-il des nouvelles d’une possible réédition d’un petit album de Reiser paru en 1970 ( je crois) et qui s’intitule « je vous aime »? Introuvable ou alors à prix d’or actuellement…