La poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886) est manifestement intrigante. Elle n’a été reconnue comme écrivaine qu’après sa mort, sa sœur découvrant alors 1 775 poèmes qu’elle avait écrits. Cette femme de bonne famille, solitaire, indépendante, insoumise et passionnée par les mots l’était aussi par les plantes et le monde sensible qui l’entourait, comme le montre joliment « Le Jardin d’Emily » de Lydia Corry.
Lire la suite...Chris Ware : réédition d’un livre de référence (complété et mis à jour)… en attendant Angoulême
Le salon d’Angoulême étant reporté, il nous faudra patienter — certainement jusqu’en mars prochain — pour avoir l’occasion de croiser Chris Ware (détenteur du Grand Prix en juin 2021), dans les rues de la cité charentaise. En attendant, Jacques Samson et Benoît Peeters proposent une réédition augmentée de leur monographie publiée en janvier 2010 : un hommage mérité au créateur américain qui n’en finit plus de recevoir les plus prestigieuses récompenses aux quatre coins du monde.
Né dans l’état du Nebraska le 28 décembre 1967, Chris Ware se passionne très jeune pour la bande dessinée, encouragé par son grand-père.
Il étudie la peinture, la gravure, la sculpture, obtient un diplôme de la Skowhegan School of Painting and Sculpture.
Il publie ses premiers dessins dès le milieu des années 1980 et se lance dans l’expérience des comics minimalistes, dès 1988 : avec la création de « Quimby the Mouse et Spartky ».
Résidant à Chicago depuis 1991, il publie « Jimmy Corrigan » dans le New City, un roman graphique qui lui vaudra ses premiers prix et la reconnaissance d’un lectorat de plus en plus important.
Chaque nouveauté de cet auteur exigeant est un évènement : « Building Stories », « Rusty Brown »…, des ouvrages traduits en France par les éditions Delcourt.
Ce beau livre cartonné de 200 pages en couleurs richement illustrées débute par une présentation chronologique de l’auteur fourmillant d’anecdotes et de documents rares.
Elle est suivie par la liste commentée de ses œuvres et par sa bibliographie. Le second chapitre invite le lecteur à savourer deux longs entretiens réalisés par Benoît Peeters : le premier à Chicago chez le dessinateur en juillet 2003, le second issu d’un entretien filmé enregistré le 30 septembre 2021.
La troisième partie reprend quatre textes édifiants écrits par Chris Ware à l’occasion de la publication d’ouvrages : l’introduction au catalogue de l’exposition Chris Ware à la Sheldon Memorial Art Gallery de Lincoln en 2007, la préface d’un album consacré à Rodolphe Töpffer, celle de la réédition des œuvres de Frank King…
Une quatrième partie, aux textes plus pointus, présente une série d’études écrites par Jacques Samson à propos de l’originalité et de la modernité de l’œuvre de Chris Ware.
Indispensable aux nombreux passionnés par son travail, mais pas seulement, ce livre de référence est tout aussi intéressant pour mieux comprendre l’évolution actuelle de la bande dessinée à travers le travail d’un auteur à la fois moderne et nostalgique des strips d’antan.
Cette nouvelle édition cartonnée bénéficie d’une importante mise à jour et d’un entretien complémentaire avec l’artiste. On peut juste regretter qu’à aucun moment l’existence de cette première version ne figure dans l’ours de l’ouvrage — sinon dans les repères chronologiques — alors qu’il est par ailleurs présenté comme le premier consacré à Chris Ware en France.
Signalons enfin qu’une grande exposition consacrée à son œuvre sera présentée à Angoulême, avant d’être reprise à la BPI du Centre Georges Pompidou à Paris.
Benoît Peeters, écrivain et auteur de nombreux ouvrages sur la bande dessinée (dont « Hergé, fils de Tintin »), mais aussi scénariste de BD (« Les Cités obscures ») signe cette monographie avec la complicité de l’érudit canadien Jacques Samson : enseignant et auteur du récent « Emmanuel Guibert en bonne compagnie ».
« Chris Ware : la bande dessinée réinventée » (nouvelle édition) par Benoît Peeters et Jacques Samson
Les Impressions nouvelles (29 €) — EAN : 978 2 8744 9929 6
Parution 6 janvier 2022