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Lire la suite...« Glacé » : le thriller qui jette l’effroi !
Les Pyrénées, un cheval sans tête, un psychopathe…. Autant d’ingrédients dispensés dans « Glacé », thriller choc de Bernard Minier publié par XO en 2011. Vendu à 450 000 exemplaires, traduit en 18 langues et adapté en minisérie télévisuelle en 2017, ce polar est adapté ce mois-ci au travers d’un copieux one shot de 120 pages… Une nouvelle immersion dans la toute première enquête du commandant Servaz.
Récipiendaire du prix Polar à Cognac en 2011, « Glacé » fut le premier thriller écrit par Bernard Minier, alors âgé de 50 ans. Il inventa pour son récit le personnage de Martin Servaz : un commandant de police judiciaire exerçant ses fonctions dans le Sud-Ouest de la France. Publié par XO éditions, l’ouvrage fut tragiquement cité dans l’affaire Dupont de Ligonnès en avril 2011 : le quintuple meurtrier s’était-il inspiré de « Glacé » (le livre ayant été filmé par une caméra de surveillance), avant de disparaitre entre Nantes et Roquebrune-sur-Argens ? Au-delà de ce triste écho médiatique, l’ouvrage fit beaucoup pour la carrière de l’ex-contrôleur des douanes Minier, qui ne cessa dès lors d’enchaîner avec brio de grands succès éditoriaux (« Le Cercle » en 2012, « Une putain d’histoire » en 2015 ou « La Chasse » en 2021). Entré dans le top 10 des auteurs les plus lus en France, Bernard Minier (6e en 2021 selon le classement GfK/Le Figaro) ne pouvait toutefois manquer d’intéresser d’autres sphères…
En janvier 2017, « Glacé » est ainsi adapté sur M6 dans une série TV de six épisodes, mettant notamment en scène Charles Berling (Servaz), Julia Piaton (la capitaine Irène Ziegler) et Pascal Greggory (Julian Aloîs Hirtmann). L’intrigue, bien sûr, demeure peu ou prou inchangée : dans les Pyrénées, près de la station touristique Saint-Martin, le cadavre d’un cheval sans tête est découvert à 2 000 mètres d’altitude, au sommet d’un téléphérique. L’enquête est confiée aux capitaines Martin Servaz, du SRPJ de Toulouse, et Irène Ziegler, de la gendarmerie nationale. Non loin de là, la jeune psychiatre Diane Berg commence des séances de psychothérapie auprès de Julian Hirtmann : un dangereux violeur et tueur en série, arrêté des années auparavant par le capitaine Servaz et aujourd’hui incarcéré dans une prison de haute sécurité. Problème : c’est l’ADN d’Hirtmann que l’on retrouve sur le corps du cheval… ceci avant qu’un premier meurtre ne soit commis. Servaz, flic hypocondriaque et intuitif, se voit ainsi confier l’enquête la plus étrange de toute sa carrière. Un thriller mené de main de maitre, sachant laisser une part de mystère autour des agissements d’un des criminels les plus diaboliques qui soit.
Pour la présente adaptation, le scénariste Philippe Thirault (« O’Boys », « Le Vent des libertaires », « Lewis et Clark »), et le dessinateur Mig (le nom de plume de l’auteur et animateur français David Laurent) ont opté pour un solide one shot de 120 pages, publié par les jeunes éditions Philéas. Lancées en 2021 par le groupe Editis et Jungle, ces dernières se sont spécialisées dans le récit de genre (polar, thriller, fantastique, historique, etc.), en choisissant d’adapter des œuvres connues ; toutes sont issues des catalogues de plusieurs maisons d’édition, tels ceux de Robert Laffont, Plon, Sonatine, Pocket, Fleuve Noir, Presses de la Cité, XO ou Julliard. Ainsi, aura-t-on vu passer ces derniers mois les adaptations des romans « Gravé dans le sable » (Michel Bussi), « Le Syndrome [E] » (Frank Thilliez) ou « L’Île des oubliés » (Victoria Hislop).
En couverture de « Glacé », un paysage enneigé vu en plongée, écrasant de solitude et mettant en perspective les intrigants bâtiments de l’asile. L’arrivée au premier plan d’un véhicule semblera indiquer le démarrage du récit, sinon celui de l’enquête. Car, même pour un lecteur ignorant tout de l’intrigue ou de Bernard Minier, les indices sont significatifs : à commencer par cette trainée de sang visible dans l’allée centrale. La grille, entre-ouverte, laisse supposer le passage du véhicule (il s’agit de celui de la psychiatre Diane Berg, mais l’on pourra poser la question suivante : est-ce une voiture banalisée ?)… à moins qu’un meurtrier ne se soit déjà échappé de cette enceinte, malgré la présence de caméras de vidéosurveillance. La façade – très années 1970 – de l’asile arrête le regard, en occupant l’arrière-plan sur le flanc d’une montagne escarpée ; suggérant par ailleurs que l’intrigue prend place en haute altitude. À presque se demander si l’on n’assiste pas à une version dérivée de « Shining » (Stephen King, 1977, et Stanley Kubrick, 1980), voyant Jack Nicholson sombrer dans la démence au sein de l’Overlook Hotel. Décoration des murs d’enceinte aidant, l’on devinera également que le second plan englobe un centre équestre, avec ses stalles et carrières. La référence au jeu d’échec (tours et cavaliers) questionne in fine sur la résolution effective de l’énigme, laquelle nécessite pour Servaz de mettre le meurtrier échec et mat. « Glacé » donc, ou froid comme la mort : une atmosphère légitimement lugubre et tourmentée, non démentie par les choix chromatographiques effectués à juste titre – et à l’aide d’aquarelles – par Mig tout au long de cet ouvrage… plutôt glaçant.
Philippe TOMBLAINE
« Glacé » par Mig et Philippe Thirault, d’après Bernard Minier
Éditions Philéas (19,90 €) – EAN : 978-2491467081
Parution 8 septembre 2022