Les Cahiers de la BD : quel avenir pour la BD franco-belge ?

Après avoir très largement ouvert leurs pages aux romans graphiques, les vétérans Cahiers de la BD consacrent un numéro à la bande dessinée classique, et plus particulièrement franco-belge. Le dossier phare s’interroge sur le futur de cette BD, pour beaucoup considérée comme ringarde et qui, malgré les obstacles, redresse la tête, tandis que d’autres s’interrogent sur leur avenir. Une lecture passionnante qui devrait revigorer les amateurs du 48 CC : « le 48 pages cartonné et en couleurs  » pour les initiés.

Sous une couverture délicieusement nostalgique signée François Walthéry, cette 32e livraison des Cahiers de la BD s’ouvre sur l’édito de Vincent Bernière, lequel, ironiquement, conclut : « C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. »

La partie centrale propose un dossier (signé Wilfried Salomé) qui revient sur les origines de la BD franco-belge, née dans les pages de Spirou, Tintin et Vaillant, mais prolongée dans la première décennie de l’injustement oublié Pilote.

Ironie du sort, c’est le journal en partie responsable des premiers coups de boutoir infligés au franco-belge.

Au fil du dossier, trois questions liées à l’avenir de ladite BD sont posées à cinq auteurs : François Walthéry, François Rivière, Lewis Trondheim, Bastien Vivès et le centenaire Dino Attanasio (1), dont on peut savourer un ancien récit destiné à Tintin dédié à Edgar P. Jacobs.

Enfin, une sélection commentée de huit pages mythiques, judicieusement choisies, conclut ce passionnant dossier qui fera peut-être réfléchir les éditeurs encore hésitants à investir dans le créneau classique.

La plupart des autres articles s’ouvrent à des auteurs eux aussi plus volontiers catalogués dans un registre classique que novateur.

Cosey, dont l’album « Yiyun » paraîtra le 10 octobre aux éditions du Lombard, répond aux questions d’un abécédaire proposées par Fleur Hopkins-Loféron, au fil d’un article richement illustré.

Un bel exemple de communion entre le classique et la recherche d’un trait original.

Franck Biancarelli présente une vision très comics strips des États-Unis, dont il admire les grands dessinateurs réalistes de l’après-guerre au fil de propos dignes d’intérêt recueillis par Nicolas Tellop.

Scénarisé par Lewis Trondheim, son récent album « Green Witch Village » (2) est un vibrant hommage à cette passion pour Alex Toth, Alex Raymond, Harold Foster, Noel Sickles, Alex Kotzky… Un auteur majeur qu’il serait temps de découvrir.

Aurélien Lemant célèbre les 50 ans de Fluide glacial (3), au fil d’un long article qui se termine par la présentation de « 7 familles de l’umour selon Fluide ». Un travail plein d’« umour et de Bandessinées » pas triste, mais quand même sérieux.

Enfin, Nicolas Tellop présente « La Double Exposition » : un album hommage à Jacobs très personnel (annoncé chez Dargaud) réalisé par Christian Durieux et dont on peut savourer quelques illustrations.

À ces articles, s’ajoutent les chroniques habituelles signées Numa Sadoul (« Les Petites Femmes de Forest »), Yves Frémion (« Martha Davis et sa Narda »), Fleur Hopkins-Loféron (« Festival Gribouillis », entretien avec Tillie Walden), Marius Jouanny à propos de l’avenir incertain d’Angoulême, Aurélien Lemant (décès tout récent de Jim Shooter)…

Les dernières pages permettent de savourer quelques bonnes feuilles des « Confession d’un amateur de bande dessinée belge » : le dernier ouvrage de François Rivière, paru en janvier dernier aux Impressions nouvelles (4).

Au total, 160 pages de lecture richement illustrées prouvant, s’il en était besoin, que la bande dessinée de papy n’a pas dit son dernier mot.

Henri FILIPPINI

(1) Sur le centenaire Dino Attanasio, voir sur BDzoom.com : Un ouvrage très complet sur l’un des doyens des dessinateurs belges de BD : Dino Attanasio !

(2) Voir aussi : Une sorcière pas comme les autres… à Green Witch Village ! .

(3) Voir aussi : Fluide glacial : 50 ans « d’umour et bandessinée ».

(4) Voir aussi : Ils voient du Tintin partout !.

Les Cahiers de la BD n° 32 (octobre-décembre 2025)

164 pages en noir et blanc et couleurs (13,90 €)

Galerie

2 réponses à Les Cahiers de la BD : quel avenir pour la BD franco-belge ?

  1. Marcel dit :

    « 48 CC : « le 48 pages format A4 couverture comprise » pour les initiés. »
    Euh… Très initiés, alors. 48CC, c’est pour « 48 pages Cartonné Couleurs ».
    D’ailleurs, ils font 48 pages, sans compter la couverture.

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