Après deux diptyques d’une série sans personnages récurrents particulièrement réussis (1), le scénariste Zidrou et le dessinateur Arno Monin continuent de mettre en cases le thème de l’adoption en publiant — toujours sous forme d’une comédie mélancolique pour le grand public — un cinquième tome qui peut se lire sans qu’on ait eu connaissance des précédents : un one shot qui privilégie l’émotion, la douceur et la délicatesse (tant dans l’idée et la narration que dans le graphisme), en scénographiant trois jeunes filles qui sont devenues sœurs…, puis orphelines de leur papa adoptif. Une belle histoire familiale écrite avec optimisme, pour nous aider à surmonter, plus facilement, les épreuves que la vie nous fait régulièrement subir…
Lire la suite...« Léo Loden » T 20 (« Langoustines breizhées »)
Le privé marseillais qui ne porte que très rarement le loden qu’il a dans son nom est un voyageur, mais pas du genre pigeon ! Après des enquêtes autant cannebièresques que provençales, le Léo est allé voir ailleurs s’il y était. Et il était puisque on l’a vu à Lyon (T 5), à Toulouse (T 7), à Lille (T 9), à Strasbourg (T 13), à Bordeaux (T 16)… Pourquoi pas en Bretagne ?
C’est fait avec ces drôles de langoustines ! Pourtant, l’histoire commence ailleurs, au Mali. Une petite fille raconte comment avec sa famille elle a quitté la misère pour découvrir l’Europe… et l’horreur ! Au bout de trois pages, on se dit qu’Arleston a pondu un flomb, qu’il s’est trompé de série (c’est vrai, tant d’albums pour un seul homme ! le surmenage, qui sait ?). Mais non, c’est bien un Loden qu’on a dans les mains et, très vite, on lui retrouve ce qui fait le charme de la série (vingtième album, tout de même !) : la gouaille, la dérision, et une enquête aux petits oignons (mais « breizhés », ici !). N’oublions pas justement les jeux de mots des titres qu’on aimerait finalement plus fréquents à l’intérieur, par gourmandise. N’oublions pas non plus le savoureux Tonton, Louis-Ulysse Loco (une sorte d’Haddock !), et sa Marlène, inspectrice de police. Au bilan, on assiste à une virée bretonnante et joviale, pointant du doigt un sujet bien sérieux : le trafic esclavagiste lié à l’immigration clandestine.
Dans un tout autre genre, rappelons que le précédent tome, » Spéculoos à la plancha « , trainait du côté d’Angoulême (because, vol des planches du dernier » Lanfeust » dans la chambre d’hôtel de Tarquin) et de Bruxelles, bref dans les capitales de la BD. Voyage et BD ne pouvaient y faire plus beau ménage !
Puisqu’on parle d’Arleston et de voyage, profitons-en pour évoquer, » Voyage aux ombres « , une autre de ses nouveautés, cosignée avec Audrey Alwett. Au cœur de cet album qui se passe dans l’asiatique Darshan (juste en face d’Eckmüll, vous savez bien), un personnage attachant : la jeune Dyssëry qui n’a qu’une ambition : faire du théâtre. Sa famille, elle, veut la marier. Alors, pour échapper à sa nuit de noces, elle se donne la mort et passe ainsi dans le Val des Ombres, un univers peuplé des créatures des plus variées : goules, zombies, succubes, vampire… Un sacré voyage et un one-shot haut en aventures et en personnages en tous genres ! Mais la part du plaisir vient en grande partie de l’extraordinaire réalisation graphique de Virginie Augustin qui se surpasse et donne à ce récit orientalisant une puissance étonnante. C’est à la fois sec, efficace, vivant et les 60 pages de cet album nourri de mondes légendaires joliment mis en scène sont un régal pour les yeux.
En face d’Eckmüll, disions-nous ? C’est au pied du vrai phare d’Eckmühl que se retrouvent les héros du Loden (page 15). La boucle est bouclée !
Alors, bons voyages…
Didier QUELLA-GUYOT (L@BD et blog)
» Léo Loden » T 20 (« Langoustines breizhées ») par Serge Carrère, Christophe Arleston et Loïc Nicoloff
Éditions Soleil (9,95 €)
» Voyage aux ombres » par Virginie Augustin, Christophe Arleston et Audrey Alwett
Éditions Soleil (13,50 €)
Je ne connaissais pas cette BD mais je trouve le dessin très chouette ça me fait un penser à ceux de Gaston Lagaffe dans un autre univers !