C’est en 1952 que le marsupilami apparait pour le première fois sous la plume d’André Franquin, dans « Spirou et les Héritiers ». Son nom est un amalgame de trois mots : marsupial – pilou-pilou (ou Jeep, un animal qui vient de la quatrième dimension dans les albums de « Popeye ») – ami. Il a vécu depuis de nombreuses aventures que ce soit avec Spirou et Fantasio ou dans sa propre série. Après Zidrou et Franck Pé, ainsi que l’auteur allemand Flix, c’est au tour de Lewis Trondheim et Alexis Nesme de partir à la recherche des aïeuls de l’animal créé par Franquin. Dans « El Diablo », les conquistadors découvrent, à leur dépens, ce remarquable grimpeur dans la forêt de Palombie
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Ethan Ringler agent fédéral T.1 : Tecumska, Des rivières sur les ponts, Giacomo C. T.14 : Boucle d’or, L’homme-arbre T.1 : L’étoile polaire, Koma T.2 : Le grand trou.
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« Ethan Ringler agent fédéral T.1 : Tecumska » par Gilles Mezzomo et Denis-Pierre Filippi
Editions Dupuis (9,50 Euros)
Un jeune fils de bonne famille (son père était un grand armurier anglais) débarque à New York, en 1879, pour retrouver la tribu indienne dont est issue sa mère. Ce jeune métis de 17 ans quitte les beaux quartiers pour s’installer dans des endroits assez mal famés et devient barman dans un dancing. Il sauve la vie de son patron grâce à un pistolet peu ordinaire qu’il tient de sa famille et devient garde du corps, puis, agent fédéral. Voici encore un western initiatique plus proche de l’esprit «Mystères de l’Ouest» que de celui des films de John Ford. Habile dans la reconstitution des détails de l’époque, Gilles Mezzomo est aussi un grand admirateur du «Blueberry» de Jean Giraud (cela se ressent dans son dessin souple et nerveux), mais la série qu’il illustre est plus proche du polar ou du récit d’espionnage, même si quelques bouffées d’Ouest sauvage ventile la narration. La densité du premier épisode de cette quête existentielle, qui mélange allégrement les genres, présume d’une série originale qui pourrait bien arriver à se faire remarquée au milieu de la production pléthorique actuelle.
« Des rivières sur les ponts » par Goran Josic et Zoran Penevski
Editions Delcourt (13,95 Euros)
Voici un nouveau récit témoignage dû à deux auteurs serbes qui ont mis beaucoup d’eux même dans cette retranscription. Le romancier Zoran Penevski nous raconte la vie de trois jeunes amis (deux garçons amoureux de la même jeune femme), à Belgrade en 1997, puis pendant la période où les bombardements de l’OTAN tentent de faire plier le président Milosevic. Cette description minutieuse des détails d’une vie quotidienne bousculée par les événements, et où la peur règne en maître absolu, est magnifiquement retranscrite par le dessin flamboyant de Goran Josic, lequel nous fait penser à celui de Miguelanxo Prado. Seul un petit problème de narration (on sent que les auteurs sont encore des néophytes en BD et qu’ils n’en possèdent pas tous les codes), nous empêche d’apprécier comme il se doit cette BD originale. Ceci dit l’ensemble est fort intéressant, méritoire et, en tous cas, est très bien mis en valeur par la belle maquette de la toute jeune et luxueuse collection «Mirages».
« Giacomo C. T.14 : Boucle d’or » par Griffo et Jean Dufaux
Editions Glénat (12 Euros)
Cette BD mettant en scène les aventures libertines et ironiques d’un Casanova vénitien du XIIIe siècle est une des réussites incontestables de la collection «Vécu» (elle est d’ailleurs désormais proposée simultanément dans la prestigieuse collection «Caractère», au format nettement plus grand). Apparu en 1987 dans le magazine Vécu, le mystérieux Giacomo C., séducteur impénitent et désargenté, se retrouve sans cesse au cœur de cruelles machinations dans la cité des Doges. Cet épisode ne déroge pas à la règle et c’est sur un rythme aussi trépidant que théâtral que Jean Dufaux, toujours aussi inspiré, nous propose une histoire douce-amère de vengeance, d’amour, de complots funestes et de liberté. C’est drôle, tendre, légèrement érotique et formidablement illustré par un trait vivant et efficace (et même caricatural par moment) : du vrai et du bon divertissement !
« L’homme-arbre T.1 : L’étoile polaire» par Joann Sfar
Editions Denoël Graphic (19,50 Euros)
Prolifique et exubérant, Joann Sfar est avant tout un conteur ! Son univers graphique ayant réussi à s’imposer en BD, cet insatiable curieux (surtout de tout ce qui touche de près ou de loin la narration) multiplie les expériences : illustrations de classiques littéraires, scénarios pour des dessins animés, récits pour les enfants… Le roman était une corde qui manquait à son arc homérique ! Avec «L’homme-arbre», il franchit le cap en proposant un texte accompagné par ses propres illustrations, s’inscrivant ainsi dans la tradition éditoriale française de l’avant et après-guerre. Son récit fonctionne toutefois comme une BD (mots et images s’interpénètrent pour raconter une histoire) et on y retrouve la plupart des thèmes (et même certains personnages) qu’il utilise pour le 9ème art. Sous couvert d’un conte fantastique et mythologique (que l’on croirait destiné aux enfants, au premier abord), où sorcellerie et féerie enveloppent un bestiaire et des acteurs des plus étonnants, Sfar nous fait entrer dans un dédale de questionnements et de raisonnements insoupçonnés sur la religion, l’éducation, la moralité… Belle et courageuse initiative que l’on doit surtout au département «Graphic» des très littéraires éditions Denoël, lequel est dirigé par Jean-Luc Fromental : un esthète en la matière !
« Koma T.2 : Le grand trou » par Frederik Peeters et Pierre Wazem
Editions Humanoïdes associés (10 Euros)
Sujette à de brutales pertes de conscience, la petite Addidas aide son père à réparer les cheminées de la ville polluée, tout en essayant de retrouver la trace de sa mère. Coincée dans un des tunnels à ramoner, elle va rencontrer un monstre impressionnant, tout aussi effrayé qu’elle. Son père essaie de la retrouver mais il est confronté à un fonctionnaire frustré qui le condamne au trou. Réflexion sur le destin, la solitude et la mort, cette recherche d’identité est aussi un conte urbain teinté de fantastique, de tendresse et de poésie. Le tout est fort bien maîtrisé par deux auteurs venus de l’édition indépendante et qui ont très bien su s’adapter aux normes et contraintes de l’édition BD traditionnelle, comme ont su le faire avant eux les Trondheim, Sfar et autres David B. Leur univers oppressant et inventif est tout à fait crédible, émouvant et même drôle par moment !
Gilles RATIER