Prix du meilleur album au festival Quai des bulles de Saint-Malo, cette monumentale fresque d’apprentissage en 280 pages en noir et blanc, où seules les mélodies apportent de la couleur, mérite vraiment votre attention ! C’est une quête initiatique, mise en scène par Édouard Cour (aux dessins) et Jean-Christophe Deveney (au scénario), qui nous plonge dans le Saint-Empire romain germanique du début du XVIIIe siècle. En suivant l’ascension, à la fois magnifique et tragique, de deux talentueux jumeaux orphelins — sur qui plane l’ombre d’un mystérieux compositeur allemand qui signe ses partitions des trois mots « Soli Deo Gloria » —, elle nous entraîne vers une méditation métaphysique sur le sens de la création, nous rappelant le pouvoir qu’a la musique sur les humains !
Lire la suite...« Nocturnes » par Clarke
Entre deux recueils des gags avec la gentille apprentie sorcière « Mélusine », que lui scénarise François Gilson pour l’hebdomadaire Spirou et les éditions Dupuis, le dessinateur Clarke n’hésite pas à expérimenter d’autres voies graphiques et narratives : que ce soient des délires humoristiques bien barrés (« Histoires à lunettes » avec Midam, « P.38 et Bas Nylon », « Cosa Nostra », « Mister Président », « Docteur Bonheur » avec Turk…) ou des récits plus réalistes et fort bien structurés (« Luna Almaden » ou « Urielle » avec le scénariste Denis Lapière).
C’est plutôt dans cette dernière veine que ce situe cette étrange histoire intimiste et assez inattendue qu’il scénarise lui-même ; et qui se révèle être plutôt une bonne surprise ! Les habitants d’un village, perdu dans la campagne française, sont sur les dents : certains sont en train de perdre la mémoire, alors que d’autres disparaissent carrément… Et le responsable de ce chaos pourrait bien être Léo, un étrange écrivain qui focalise toutes les attentions…
Ayant mis beaucoup de choses personnelles et intimes dans cet album, Clarke met en scène un auteur tentant de faire face à un monde qui lui échappe, mais aussi, et surtout, sa sœur qui semble prendre bien soin de lui : en effet, cette dernière va devoir affronter son passé et « tuer le père », la figure dominante !
Cette tragédie commence dans une ambiance angoissante que nous fait partager chacun des protagonistes, tous plus ou moins voisins les uns des autres, avant de flirter avec une certaine forme de fantastique que tempère le mécanisme imparable de la narration et le propos lui-même, lequel reste très réaliste ! Enfin, le dessin de Clarke, dont le trait bouleversant reste souvent figé et photographique (un peu à la manière d’un Tito), participe pleinement à cette tension omniprésente…
Gilles RATIER
« Nocturnes » par Clarke
Éditions Le Lombard (14,99 €) – ISBN : 978-2-8036-3029-5










Excellent moment, on rentre rapidement dans cette histoire originale et haletante du début à la fin!!!! À lire et relire!!!