Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« La Mort de Staline » T2 (« Funérailles ») par Thierry Robin et Fabien Nury

Le premier tome nous avait déjà complètement enthousiasmé(1), et ce deuxième opus clôt magnifiquement un diptyque historique et sulfureux où scénariste (l’excellent Fabien Nury à qui l’on doit, entre-autres, les incontournables « Il était une fois en France » ou « L’Or et le sang ») et dessinateur (le non moins talentueux Thierry Robin, déjà responsable des indispensables « Rouge de Chine » ou « Koblenz ») font merveilles : le propos subtil du narrateur, tout aussi aiguisé que délirant, étant magnifié par un trait réaliste, mais aussi très caricatural, totalement en osmose avec ce récit qui se laisse perpétuellement aller à une certaine folie.
Comme ils ont déjà su si bien l’initier précédemment, les deux auteurs n’ont pourtant de cesse de nous replonger dans cette oppressante ambiance despotique de partage du pouvoir : alors que des millions de civils, venus des confins de toute l’Union soviétique, affluent vers Moscou pour rendre un dernier hommage au « petit père des peuples » et que des cérémonies exceptionnelles se préparent, une lutte sans merci fait rage au sein des membres du Politburo, réunis en conclave. La guerre des prétendants est donc ouverte : qui de Beria, Malenkov ou Khrouchtchev succédera à Staline ? Le sombre et ambitieux Lavrenti Beria, l’ancien Ministre de l’Intérieur, a toutes ses chances, l’adoption d’un nouvel organigramme très recentré lui étant des plus favorables. Quant à Khrouchtchev, écarté du pouvoir, il devra s’occuper d’organiser les funérailles de l’ancien dictateur…
Dans ces deux tomes forts bien documentés, le scénariste mêle habilement, comme à son habitude, la fiction et la réalité historique. Quant au dessinateur, grâce à son style semi-réaliste, acéré et anguleux, et à son découpage dynamique et très varié, il colle parfaitement aux côtés cyniques et décalés du monde stalinien et de ses dérives humaines ; orchestrant parfaitement cette chorégraphie destinée à un ballet dramatique, devant lequel le spectateur ne pourra, cependant, pas s’empêcher de sourire, tellement tout ceci est absurde, démesuré et pathétique…
Gilles RATIER
Voir notre chronique du premier tome : « La Mort de Staline » T1 par T. Robin et F. Nury
« La Mort de Staline » T2 (« Funérailles ») par Thierry Robin et Fabien Nury
Éditions Dargaud (13,99 €) – ISBN : 978-2205-06822-1