Après deux ans d’absence, Mathieu Lauffray conclut le cycle « Raven » avec ce copieux (84 pages) troisième volume. Dans la lignée de son « Long John Silver », scénarisé par Xavier Dorison, le dessinateur — qui sait si bien mettre en scène pirates, mer déchaînée, ambiances gothiques ou menaçantes — revient en soignant son final.
Lire la suite...Hergé, Tchang et Jacobs sont dans des BD… Les procéduriers tombent à l’eau, qu’est-ce qui reste ?
Après « Gringos Locos » qui mettait en scène un épisode la vie des dessinateurs Jijé, André Franquin et Morris, deux nouveaux biopics en bandes dessinées s’attirent les foudres des gardiens du temple : « Georges & Tchang : une histoire d’amour au vingtième siècle » par Laurent Colonnier (aux éditions 12 bis) et « La Marque Jacobs : une vie en bande dessinée » par Louis Alloing et Rodolphe (aux éditions Delcourt)…
            Même avant d’être mis en vente, le livre de Laurent Colonnier « Georges & Tchang : une histoire d’amour au vingtième siècle » (aux éditions 12 bis) faisait scandale, tandis que les ayants droit des aventures de « Blake et Mortimer » et le groupe Média Participation (éditeur des aventures du duo britannique) assignaient les éditions Delcourt en plagiat considérant que la couverture de la biographie d’Edgar P. Jacobs  à paraître (« La Marque Jacobs : une vie en bande dessinée » par Louis Alloing et Rodolphe) reprenait « au-delà du droit de citation » de nombreux codes graphiques de la série « Blake et Mortimer » ; mais les plaignants ont finalement été déboutés de toutes leurs demandes par un tribunal parisien !
En ce qui concerne « Georges & Tchang », l’auteur, surtout connu comme dessinateur de presse au style plutôt éloigné des poncifs de la « Ligne claire » (même s’il mène parallèlement une carrière bédéesque chez Spirou, Fluide Glacial ou à La Boîte à bulles), y raconte l’amitié très particulière qu’aurait pu lier l’artiste chinois Tchang Tchong-jen avec le créateur de « Tintin ». De quoi faire monter sur leurs grands chevaux, certains milieux catholiques en croisade contre le mariage homosexuel qui appellent, même, les éditions Moulinsart à mobiliser leurs avocats ! S’arguant toutefois d’une solide documentation, l’ouvrage, certes un peu opportuniste, n’en est pas moins convaincant dans sa narration. Jonché de clins d’œil qui ne sont pas réservés qu’aux seuls aficionados de l’œuvre d’Hergé, il nous propose une agréable histoire, entre fiction et réalité, qui cherche surtout à démontrer en quoi la rencontre de ces deux hommes a été déterminante dans l’histoire de la bande dessinée franco-belge, ne serait-ce qu’en jetant les fondements de la « Ligne claire »… Voir d’autres images ici : http://www.12bis.com/bande-dessinee/aventure/georges-tchang.
Il en est de même pour « La Marque Jacobs » où deux grands professionnels du 9e art, se basant sur les mémoires du créateur de « Blake et Mortimer » ou sur des ouvrages de référence concernant son parcours professionnel, ont mis en cases et en images, très respectueusement, la vie de cet auteur de bandes dessinées natif de Bruxelles.
Très tôt fasciné par le dessin et par la musique, il oscillera entre baryton et illustrateur avant d’être choisi par Hergé comme collaborateur officiel sur les albums de « Tintin », puis de voler de ses propres ailes en créant les mythiques aventures de « Blake et Mortimer » dans le journal Tintin, en 1946 ! Le trait, lui tout à  fait « Ligne claire », de Louis Alloing, illustrateur de livres pour enfants ayant commis quelques respectables bandes dessinées destinées au même public (« Les Aventures des Moineaux » avec Rodolphe et la reprise de la série « Marion Duval » chez Bayard) ou aux adultes (« Dans la secte » à La Boîte à bulles), colle très bien au classicisme des textes parfaitement calibrés de Rodolphe, scénariste reconnu pour nombre de séries d’aventures ayant marqué l’histoire du média comme « Kenya » et « Trent » avec Leo, « Commissaire Raffini » avec Jacques Ferrandez puis Christian Maucler, « Les Écluses du ciel » avec Michel Rouge, « Dock 21 » avec Alain Mounier, « Cliff Burton » avec Frédéric Garcia puis Michel Durand ou encore les excellents cycles de science-fiction poétique « L’Autre Monde » enluminés par le graphisme de Florence Magnin (dont un nouvel album vient justement d’être publié aux éditions Dargaud qui font pourtant partie du groupe Média Participation)… Voir d’autres images ici : http://www.editions-delcourt.fr/catalogue/bd/la_marque_jacobs.
           Bien entendu, on ne peut gommer le côté quelque peu mercantile de ces deux ouvrages-hommages, mais on ne peut pas nier qu’ils ont été réalisés tout à fait honnêtement et que le lecteur pourra prendre du plaisir à leur lecture. À moins qu’il ne décide, ipso facto, de hurler, sans attendre, avec les loups…
 Gilles RATIER
« Georges & Tchang : une histoire d’amour au vingtième siècle » par Laurent ColonnierÂ
Éditions 12 bis (12€) – ISBN : 978-2-35648-378-2
« La Marque Jacobs : une vie en bande dessinée » par Louis Alloing et Rodolphe
Éditions Delcourt (16,95€) - ISBN : 978-2-7560-2476-9
Celui sur Hergé n’est pas très cher, je vais me laisser tenter, j’aime bien le dessin, entre Varenne et Gibrat.
Tout ouvrage vendu est par définition « mercantile », mais toute publication est sujette dorénavant à ce critère (c’est à dire à la rentabilité du projet). A la rigueur pourrait-on les taxer d’« opportunisme » ? Cependant, les biographies (ou « biopic », pour faire mode) constituent en soi une tradition éditoriale et il n’est pas stupide d’estimer que la BD doit bien ça (raconter leur vie en bande dessinée) à ceux qui l’ont popularisée, pour ne pas dire sacralisée. De fait, honorer les ancêtres par le truchement du Neuvième Art, aujourd’hui ou demain, n’est que la rançon de leur gloire. Et si, en plus, c’est bien fait, pas de quoi le regretter !
Didier Quella-Guyot
Oui Didier tu as raison, c’est bien opportuniste que je voulais dire… Heureusement que tu es là pour préciser ma pensée !
Merci encore !
La bise et l’amitié
Gilles
Il y a vraiment des auteurs qui ne savent plus quoi faire pour qu’on parle un peu d’eux.
Après les schtroumps nazi, hergé homo. Bon.
Pauvre Laurent Colonnier et pauvre éditions 12bis ! (en voilà au moins deux à éviter…)
Le livre part d’un lapsus d’Hergé « A un moment, il fait un étrange lapsus : « Tintin au Tibet, simplement, c’est une histoire d’amou… d’amitié. », quelques amitiés homosexuelles… Et voilà que ça en fait un Hergé homosexuel, whaaa…
Le pire c’est que l’auteur, dans ses interviews, croit être provocant (en 2012 !) ou remuer des choses
alors que je comprends trop bien pourquoi son livre n’intéressait personne. Bientôt ça va être E.P. Jacobs qui sera homo !
Serge Tisseron est psy (il sait faire la part entre lapsus, fantasme, réalité, projections…) et il a révélé des choses sur Hergé bien plus pertinentes et audacieuses.
aime, vous portez mal votre nom en l’occurence. Avez-vous lu le livre? Je crois pas, vous n’écririez pas ça, le livre est beaucoup plus subtil et pertinent que vous ne croyez, très documenté et précis, je n’ai pas regretté mon achat (mon libraire me l’a vendu comme un favori pour Angoulème) et j’ai voulu en savoir plus pour connaitre la part de fiction. Je vous recommande cet article qui m’a bluffé.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/11/08/1484603-herge-et-tintin-homosexuels-d-ou-vient-cette-these.html