Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !
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Nous l’avions pressenti depuis ses premiers travaux pour les éditions Glénat (« William Panama » en 2002, « La Frontière » en 2005 et surtout le triptyque « Manson », en attendant « Erszébet » un « one-shot » dessiné par Emre Orhun), Cédric Rassat est en passe de devenir l’un des plus intéressants scénaristes de bandes dessinées réalistes du moment !
Après des études littéraires et cinématographiques, ce jeune surdoué de l’écriture a aussi collaboré au magazine Rock & Folk, à un projet d’anthologie d’artistes folk scandinaves et contemporains pour Fargo et au magazine Eldorado, dont il est même le rédacteur en chef. Le projet du diptyque « On dirait le Sud » (d’après le titre de la célèbre chanson de Nino Ferrer) date, déjà, de 2006 et l’on sent que l’auteur a bien eu le temps de peaufiner la finesse de ses intrigues et son sens inné du dialogue…
Nous sommes en 1976, sous le gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing, dans une petite ville ouvrière du centre de la France où une exceptionnelle canicule commence à échauffer les esprits. D’autant plus qu’à une sombre affaire de disparitions d’enfants se mêle l’établissement d’un plan de licenciement au niveau de l’usine locale. Alors que le patron de cette dernière fait une proposition problématique mais difficile à refuser à un ouvrier syndicaliste apprécié de tous ses collègues, l’eau commence à manquer et les autorités font surveiller la consommation des citoyens par des hélicoptères qui survolent la commune…
Une ambiance, du mystère, de la chronique sociale et de mœurs…, le tout mis en images par un dessin surprenant car assez stylisé et photographique, mais rehaussé par de chaudes et adéquates couleurs : un vrai coup de cœur pour une vraie révélation de ce début d’année !
Gilles RATIER
? On dirait le sud T.1 : Une piscine pour l’été ? par Raphaël Gauthey et Cédric Rassat
Éditions Delcourt (14,95 Euros)
Je crois que Cédric Rassat mérite vraiment que l’on s’intéresse à lui. Quel style ! Rarement des dialogues m’ont autant intéressée. Ils donnent l’impression que l’on est dans quelque chose de très novateur, d’inattendu. A quand le tome 2 ?