C’est le dessinateur Pierre Tranchand (Pica) qui vient de nous apprendre le décès de Pierre Le Goff, le 4 décembre 2023, à l’âge de 91 ans… Pour lui rendre hommage, nous remontons en Une – et en un seul article – les deux « Coins du patrimoine » que nous lui avions consacré, il y a quelque temps. Pierre Le Goff a publié ses premiers dessins en 1950, dans l’hebdomadaire Zorro. Cette collaboration marqua le début d’une longue carrière dans le monde de la bande dessinée pour un homme qui avouait, volontiers, ne jamais avoir trouvé plaisir à dessiner. Si parfois ses fonctions de syndicaliste ont fait de l’ombre au dessinateur, il laisse une œuvre importante et variée dont l’autodidacte qu’il est pouvait être fier.
Lire la suite...« Amorostasia » par Cyril Bonin

Cyril Bonin fait partie de ses auteurs qui ont parfaitement assimilé l’alchimie narrative de la bande dessinée, ayant trouvé un juste équilibre entre son élégant dessin, ses dialogues percutants et son efficace découpage. Ce nouvel opus, qui repose sur une belle idée de départ, ne déroge pas à la règle : le choix original d’un traitement en noir et blanc, plus lâché pour faire plus « roman graphique », nous permettant de découvrir une autre facette du grand talent de cet auteur. Joliment nommée l’amorostasie, un mal inconnu se propage dans la ville de Paris en pétrifiant ceux qui s’aiment d’un amour intense : se pourrait-il que, désormais, tomber amoureux nuise gravement à la santé ?
En effet, les réactions chimiques inhérentes à ce sentiment sont capables de plonger les gens dans un état de catatonie profonde. Pourtant, les victimes ne sont pas mortes et n’ont pas besoin d’être nourries : leur métabolisme est simplement au ralenti. Une jolie journaliste, flanquée de son collègue photographe, enquête alors sur cette curieuse épidémie. Par ailleurs, elle se demande pourquoi elle et son amoureux n’ont toujours pas été figés. Elle s’interroge même sur l’attitude à avoir : faut-il qu’elle prenne ses distances pour se protéger ? Car ceux qui sont réellement touchés par la grâce de Cupidon sont alors affectés d’un mal qui demeure sans remède et dont les conséquences ne sont pas aussi idylliques qu’il y paraît de prime abord.
Alors, oui, bien sûr, certains passages sont plus réussis que d’autres dans ce livre doux-amer de cent vingt-quatre pages qui se lit d’une traite. On passe quand même un très bon moment, car la bluette a un doux parfum mystique et cela nous permet, en outre, de réfléchir sur la condition humaine ou d’analyser les sentiments que nous portons à autrui : n’est-ce pas là le plus important ?
Gilles RATIER
« Amorostasia » par Cyril Bonin
Éditions Futuropolis(19 €) – ISBN : 978-27548-0888-0