Trimestriel initié par les éditions du Tiroir et animé par Alain De Kuyssche, L’Aventure était à l’origine un luxueux magazine renouant avec la bande dessinée traditionnelle franco-belge. Son créateur disparu en janvier dernier, ses compagnons de route — André Taymans, Christian Lallemand et Alain de Grauw — « continuent l’aventure », poursuivant la collection de hors-séries cartonnés, mais aussi lançant le trimestriel L’Aventure Preview. Sans oublier des collections d’albums et d’artbooks publiés sous le label des éditions du Tiroir avec le concours de la plateforme Ulule.
Lire la suite...Francisco Solano López
Curieusement, on est en train de redécouvrir les travaux du prolifique Argentin Francisco Solano López, ne serait-ce qu’à travers la superbe réédition d’« El Eternauta » (« L’Éternaute ») chez Vertige Graphic, dont trois volumes sont déjà parus, mais aussi par ses très intéressants récits plus récents, à tendance « hard », aux éditions Dynamite.
Ces spécialistes de la bande dessinée érotique, voire même carrément pornographique, nous proposent, ce mois-ci, « L’Antre de la terreur », le deuxième épisode des « Aventures sexuelles de Lilian et Agathe » : une série créée en 1992 pour les éditions espagnoles La Cúpula et publiée dans les revues El Vibora puis Kiss Comix (dès l’année suivante). Les réalistes dessins hachurés en noir et blanc de Solano López illustrent un scénario signé par son compatriote Ricardo Barreiro, dont l’humour est particulièrement cynique. Ce dernier revisite de façon rocambolesque, et même complètement dingue, le mythe de Jack l’éventreur dans l’Angleterre puritaine de la fin du XIXe siècle ; apparaissent ainsi, pêle-mêle, le docteur Jekyll, Sherlock Holmes, Sigmund Freud, Winston Churchill, Albert Einstein, Sir Arthur Conan Doyle ou Robert-Louis Stevenson, souvent drogués jusqu’à la moelle, pendant que les deux jeunes héroïnes, tout juste échappées d’une sordide institution où elles étaient retenues captives, subissent nombre de sévices d’une rare crudité et d’une violence inouïe…
Dans la postface érudite du journaliste Christian Marmonnier (nouveau responsable éditorial de Dynamite à la suite de Bernard Joubert), nous apprenons qu’« El Prostibulo del terror » (c’est le titre en version originale), qui date de 1995, a été traduit dans de nombreux pays : dont les États-Unis , sous la forme de six fascicules et le titre général de « Young Witches » (chez Eros Comix, de 1995 à 1996). En France, cet épisode avait déjà été proposé, de février 1996 à septembre 1997, dans l’édition hexagonale du magazine érotique Kiss Comix (du n°21 à 28, puis 30 à 39), mais dans une version expurgée des séquences gores que la publication française avait alors tout simplement censurées. Heureusement pour les amateurs de scènes croustillantes, l’édition proposée aujourd’hui par Dynamite est intégrale et Christian Marmonnier compte bien nous offrir très bientôt, toujours dans la sympathique collection « Outrage », les cinq autres épisodes de cette étonnante série fort bien servie par un trait soigné et par une narration exceptionnelle qui dépasse les poncifs du genre(1).
La revue Kiss Comix, qui sera rebaptisée La Poudre aux Rêves à son n°38 d’août 1997, a aussi proposé une autre bande pornographique de ce célèbre dessinateur argentin publié dans le monde entier : « Silly Symphony », un long-métrage en couleur et sans paroles (réalisé en collaboration avec son fils Gabriel) aux n°6 à 9 de 1994, 12, 14 et 15 de 1995, 29 et 35 (seulement dans le 2ème tirage) de 1996, 42 à 44 de 1997 et 1998, puis 70 à 76 de 2000. D’ailleurs, contrairement à ce qu’ont pu écrire quelques spécialistes de l’érotisme en bande dessinée(2), Francisco Solano López a très souvent été traduit en langue française ! Á leur décharge, il faut préciser que ce fut, la plupart du temps, dans des supports populaires où son nom n’était que très rarement mentionné : vous allez pouvoir en juger avec ce résumé bien documenté de sa prolifique carrière, où nous avons, évidemment, mis en exergue ses publications en Europe francophone !
Respectable descendant de son homonyme, le maréchal et président du Paraguay durant la Guerre de la Triple Alliance, Francisco Solano López est né le 26 octobre 1928, à Buenos Aires. C’est là qu’il a commencé sa carrière, au début des années 1950, chez l’éditeur Ramon Columba : sa première bande dessinée (« Perico y Guillermina ») ayant été écrite par Roger Plá, en 1953. La même année, il rejoint les éditions Abril avec une adaptation de « Frisco Kid » (le conte de Jack London) réalisée par Julio Portas. C’est aussi chez cet éditeur argentin qu’il fait la rencontre déterminante de celui qui allait devenir l’un de ses meilleurs amis : Héctor Germán Oesterheld (voir le « Coin du patrimoine » que nous avons consacré à ce légendaire scénariste).
Il lui illustrera plusieurs histoires comme « Pablo Marán », « Uma-Uma » (pour Rayo Rojo, en 1955) et surtout « Bull Rocket » (pour Misterix) : une série mise en images par d’autres dessinateurs comme Paul Campani (le créateur graphique, en 1952) ou Angel Fernandez (c’est sa version que les lecteurs français découvriront dans Safari ou Janus Stark).
Toujours avec Oesterheld, Francisco Solano López fonde les éditions Frontera, en 1957. Elles publieront désormais la célèbre série « Ernie Pike » qu’il dessine en alternance avec Hugo Pratt, Jorge Moliterni et José Muñoz, s’occupant particulièrement de « Ernie Pike y El cuaderno Rojo » : récits scénarisés par Oesterheld et mettant en scène des enfants.
Pour Frontera, il dessine aussi « Rolo, el marciano adoptivo » , « Joe Zonda » (avec Jules Schiaffino), « Lors Pampa », « Rul de la luna », « Amapola Negra », « Marcianeros » ou encore la remarquable série de science-fiction « El Eternauta », écrite par Oesterheld et publiée, de 1957 à 1959, dès le premier numéro de Hora Cero Suplemento Semanal : l’histoire d’un instituteur qui lutte contre une invasion d’extra-terrestres, dont Alberto Breccia donnera une autre version encore plus déroutante, en 1969.
Il est évident que les deux hommes ont utilisé le média bande dessinée pour dénoncer les problèmes de leur pays et que, de ce fait, cette œuvre a très vite été considérée comme un véritable message politique, non seulement en Argentine, mais aussi dans les pays voisins comme le Chili. Voilà qui explique pourquoi la junte militaire argentine commença à surveiller de très près les auteurs, ce qui obligea Francisco Solano López à fuir en Espagne, afin d’échapper à une arrestation de plus en plus probable. Pour l’anecdote, sachez que, bien avant la belle version proposée aujourd’hui par Vertige Graphic, le petit format Antarès des éditions Aventures et voyages avait traduit cette série dans ses n°38 (novembre 1981) à 54 (mars 1983), sous le titre « Ethernaute, vagabond de l’infini ».
Depuis la fin de 1959, notre dessinateur travaillait aussi pour le groupe Fleetway et la revue au format de poche Air Ace Library (via l’Art Studio SI de Madrid), envoyant son travail par la poste(3) : c’était principalement des récits complets de guerre publiés en Angleterre (de 1960 à 1969) et, en France, dans le petit format Rapaces des éditions Impéria.
Installé à Malaga (en Espagne) à partir de 1963, Solano López déménage finalement à Rome (en 1968) ; s’accordant toutefois quelques courts séjours à Londres afin de se rapprocher de ses scénaristes, et particulièrement de Tom Tully qui était celui avec qui il travaillait le plus fréquemment : notamment sur « Kelly’s Eye », série plus connue en France sous le titre « L’?il de Zoltec » quand elle était publiée dans la 2ème série de Bugs Bunny (et que son trait, jugé effrayant et malsain, insupportait la Commission de surveillance), puis dans Antarès : il dessinera cette histoire d’un jeune garçon qui voyage dans l’espace et le temps, en portant un diamant qui le rend invincible, dès juillet 1962, et ce pendant une dizaine d’années (exactement jusqu’en mai 1974) pour les magazines Knockout et Valiant…
Solano López participe ardemment à ces deux revues anglaises mais aussi à Buster, Lion, Smash, Thunder et Jet avec « Kraken » (1963), « The Drowned World » (avec Kenneth Bulmer au scénario, en 1964), « Toys of Doom » (en 1965), « Galaxus : The Thing from Outer Space » (un extra-terrestre pouvant passer d’une taille minuscule à une taille gigantesque, appelé « Micromégax » en France, qu’il dessine de 1966 à 1974) , « Raven on the Wings » de 1968 à 1975 (un footballeur gitan aux pieds nus renommé « Romano », de par chez nous), « Murphy’s Magic Mauler » en 1968 (« Joe et la ceinture magique » en français), « Gargan » et « The Wizard of Football » (« Le Sorcier du foot » ou « Footballeur malgré lui ») en 1969, « Master of the Marsh » (« Le Collège Butterfly »), « Tri-Man »…, sans oublier « Janus Stark » la même année (nous sommes en 1969) : un homme-anguille justicier, sorte de Houdini volant les riches malfaisants pour donner aux pauvres et qui bénéficia d’un magazine à son nom dans notre pays, chez Aventures et voyages, entre 1973 et 1986…
On pourrait citer aussi « Stringbean and Hambone » (« L’?il magique »), « The Fugitive from Planet Scror » (« Et la Terre sera détruite »), « Britain AD 2170 » (« Les Mousquetaires du cosmos »), « Sweeper Sam » (« Gentil Sam »), rien que pour 1970.
L’année suivante, ce sera « Adam Eterno » (un homme condamné à l’éternité qu’il dessinera jusqu’en 1976), « Carno’s Cadet » et « Nipper » (le petit footballeur « Trois-Pommes », pour les Français) qui apparaît dans des revues spécialisées dans le football comme Score N’Roar ou Scorcher & Score (jusqu’en 1974) puis, en 1972, ce sera « Kid Pharaoh » (« Kid Pharaon »), « World Wide Wheelers » (« Les Héros de Wustlehurtst ») et, jusqu’en 1978, « Pete’s Pocket Army » (« Les Petits hommes de l’espace ») : une multitude de séries britanniques qui sont, pratiquement, toutes parues chez nous dans les petits formats des éditions Aventures et voyages comme Vick, Trophée, Totem, Yataca, Skaters, Les Rois de l’exploit, Janus Stark, En garde, Sunny Sun, En Piste, Safari, Akim Color…
Pour réaliser autant de séries dans un laps de temps aussi court (il dessinait jusqu’à neuf titres différents simultanément, soit vingt à vingt-cinq pages par semaine), Francisco Solano López doit ouvrir son propre atelier où divers dessinateurs achèvent ses crayonnés (ou le contraire, puisque sur « Janus Stark », c’est lui qui encrait leurs esquisses). En raison de la crise économique que l’Argentine connaissait, nombre de ses anciens collègues, alors sans emploi, a trouvé asile dans ce studio : Ramiro Bujeiro, Tibor Horvath, Silvia Lechuca, Julio Schiaffino, les frères Julio et Jorge Lopez (avec qui Francisco Solano López avait déjà travaillé sur « Bull Rocket », au début des années 1950) ou Nestor Morales.
En 1969, notre dessinateur retourne à Buenos Aires, pour reprendre certaines de ses anciennes séries comme « Ernie Pike » ou la suite d’« El Eternauta » qu’ Oesterheld le convainc de reprendre, en 1976, pour les éditions Record. Toutefois, la détérioration de la situation politique contraint le scénariste à se cacher avant d’être arrêté. Dans ce climat incertain, López change sa technique de dessin (passant du pinceau au rotring) et développe quand même, cette année-là, une nouvelle saga de science-fiction, écrite par Ricardo Barreiro : « Slot-Barr ». Cette série fut publiée en français dans le luxueux magazine Spatial de Michel Deligne : onze épisodes y sont parus de 1978 à 1980 et le douzième, et dernier, a fait l’objet d’un album (« Les Amazones de l’espace ») chez le même éditeur, en 1981.
Plusieurs fois menacé (lors d’un voyage d’affaires à Madrid, en 1976, sa maison de Buenos Aires a été mystérieusement incendiée et tous ces travaux en cours ont été détruits), López finit par retourner vivre à Madrid (en 1977), ayant eu la chance de partir quelques semaines avant la « disparition » d’Oesterheld, mais en laissant inachevé son « El Eternauta » en cours. Il travaille alors pour Eura Editoriale, l’éditeur des magazines italiens Skorpio et Lancio Story (où il dessine « Ladro di biciclette » sur un texte de Pol Maiztegui, dans le n°37 de 1993).
Il devient alors un illustrateur indépendant qui revend les droits de ses nouvelles séries à divers éditeurs européens (La Casa Editrice Universo de Milan en Italie, Casterman en France, Michel Deligne à Bruxelles en Belgique(4)…) et même américains. C’est d’ailleurs pour Fantagraphics Books qu’il crée « Historias Tristes » d’après les contes écrits par son fils Gabriel Solano López (traduits sous le titre « Romancero », en France, dans les n°10 et 23 du mensuel (Á Suivre), en 1978 et 1979) et « Ana » : un récit, écrit en 1981, toujours par son fils, sur la montée du totalitarisme dans une France imaginaire, et dont le début fut publié en langue française chez Deligne, dans les trois numéros de son Félix Magazine (en 1982).
Pour le marché italien, Francisco Solano López créé aussi, en 1983, une série policière assez violente (« Evaristo »), avec son compatriote le scénariste Carlos Sampayo : deux albums (« Cadavres en solde » et « La Mort est toujours au rendez-vous ») ont été compilés chez Dargaud, en 1985 et 1986, mais il existe un autre épisode (« Deep City », réalisé en 1986) qui n’a jamais été traduit en France.
En 1984, il s’installe au Brésil (à Rio de Janeiro) et collabore activement sur de nouvelles créations écrites, pour la plupart, par son compatriote Ricardo Barreiro : « Ministerio », « El Televisor » (publié en Argentine dans Fierro, en 1990) et « El Día del juicio » (dans D’Artagnan), ou encore « Burial of the Rats » : adaptation d’une histoire de Bram Stoker.
En 1987, notre prolifique dessinateur reprend contact avec la Fleetway et le marché anglais en créant « Jimmy » pour Roy of the Rovers, puis « The Louts of Liberty Hall » ou « Ozzie the Loan Arranger » pour Hot Shot ! (en 1988) et « Dark Angel » pour la nouvelle mouture de Eagle, de 1990 à 1991.
C’est alors que Solano López se plonge un peu plus en profondeur dans la bande dessinée érotique pour l’éditeur espagnol La Cúpula (El Vibora et Kiss Comix) et s’impose comme l’un des maîtres du genre. Ses principaux grands succès ayant été justement « El Instituto » (le premier épisode des « Aventures sexuelles de Lilian et Agathe »), le torride « El Prostíbulo del terror » que Dynamite nous propose aujourd’hui et « Silly Symphonies » : ces récits lui valurent, d’ailleurs, de recevoir le premier prix du meilleur auteur au Salon érotique de Barcelone ! : ces récits lui valurent, d’ailleurs, de recevoir le premier prix du meilleur auteur au Salon érotique de Barcelone !
Signalons, enfin, d’autres séries remarquables réalisées pour le marché américain comme « Freaks » (l’adaptation du film de Tod Browning, avec Jim Woodring, pour Fantagraphics Books, de 1991 à 1993), « The Real Adventures of Jonny Quest » (adaptation, d’un célèbre dessin animé télévisé, par Kate Worley puis James Vance, en douze numéros publiés de 1996 à 1997) et « Aliens : Kidnapped » pour Dark Horse Comics : une histoire scénarisée par Jim Woodring et co-dessinée avec Jason Green, de 1997 à 1998, laquelle a été traduite dans un album édité par l’éphémère branche française de Dark Horse, en 1998.
Rentré dans son pays natal en 1995, Francisco Solano López pense à reprendre la saga d’« El Eternauta ». Après plusieurs essais infructueux, suite à un différend avec la veuve d’ Oesterhed et avec les éditions Record, il finit par publier enfin cette reprise (qu’il réalise pour la première fois en couleurs), à partir de 1997, dans la revue Nueva ; ceci avec l’aide de Pablo Maiztegui : son ancien assistant, et nouveau scénariste, qui signe Pol. Après s’être amusé à produire « Los Internautas » (bande dessinée hebdomadaire dans laquelle il mélangeait aventure et virtuel, en réalisant un clin d’œil malicieux à sa série phare), pour le supplément informatique du quotidien Clarin, il retourne avec succès à « El Eternauta » pour le magazine italien Lancio Story, en 2001, puis en 2006, toujours sur un scénario de Pol.
Hélas, Mùrio Francesco Solano López est décédé le 12 août 2011, à Buenos Aires, à l’âge de quatre-vingt-trois ans, d’un accident cérébral.
GILLES RATIER, avec Christophe Léchopier (dit « Bichop ») à la technique
(1) Après le décès de Ricardo Barreiro, en 1999, c’est le jeune Pablo Maiztegui (originaire de la ville de Córdoba qui signe Pol) qui prendra sa suite sur le plan du scénario. Á noter que Kiss Comix a également publié, en couleurs, les trois épisodes suivants des « Aventures sexuelles de Lilian et Agathe » : « L’Empire de Shet » (scénario de Riccardo Barreiro) du n°60 au 68 de 1999, « Le Rêve éternel » (scénario de Pol) du n°78 de 2000 au 87 de 2001 et « L’Héritage » (scénario de Pol) du n°106 au 113 de 2003.
(2) Sans se revendiquer spécialistes du genre, nous nous sommes aperçus que, mine de rien, nous avons souvent abordé la bande dessinée érotique dans de précédents « Coins du patrimoine » que nous vous invitons à consulter, si ce n’est déjà fait :
- « Sam Bot » et les fascicules Elvifrance : bdzoom.com/4124
- Guido Crepax : http://bdzoom.com/4067
- « Epoxy » de Paul Cuvelier : bdzoom.com/4051
- Georges Pichard : bdzoom.com/4038
- Roberto Raviola dit Magnus : bdzoom.com/3992
- « Betty Boop » : http://bdzoom.com/3955
- « Robin Malone » de Bob Lubbers : bdzoom.com/3740
(3) Tous les renseignements sur la carrière anglaise de Francisco Solano López proviennent du n°11 de Pimpf Mag (avril 2005). Cette petite mais indispensable revue contient un passionnant dossier (articles, bibliographie et interview) consacré à cet auteur argentin et réalisé, entre autres, par l’éditeur : Dominik Vallet, 27 rue marchande, 89250 Mont St Sulpice.
(4) En 1982, Michel Deligne publia également quelques récits complets de sa série « Aguila Negra », créée en 1980 sur des scénarios d’Eugenio Zappietro alias Ray Collins, dans l’album « Mémoires du commando Aigle Noir » ainsi que dans son éphémère Journal Illustré le plus grand du monde (en 1982 et 1983). Á la même époque, Francisco Solano López illustre aussi d’autres histoires de guerre comme « Nippur Magnum » pour l’éditeur Ramon Columba et « Superhumor » (scénarios de Guillermo Saccomano) publié dans Calle Corrientes.
Bravo Gilles, tu as fait un travail remarquable. J’espère qu’un éditeur francophone inspiré traduira un jour ses productions anglaises inédites ; je retourne pour l’heure à la lecture du troisième « L’Éternaute »!
À bientôt, l’ami.
Patrick Gaumer
Solano vit aujourd’hui à Buenos Aires où il fait figure de patriarche de la « historieta », d’abord en raison de l’immensité de sa production (pas encore bien connue, car dispersée sur de nombreux pays) mais plus encore par son association avec HGO (Oesterheld), le « père » de la bande dessinée « moderne » et créateur du héros national qu’est l’Eternauta. On a d’ailleurs de la peine, en Europe, à imaginer l’impact toujours énorme que cette série conserve en Argentine. Un long métrage de fiction devrait d’ailleurs bientôt sortir sur les écrans.
Ayant repris les droits sur « El eternauta », Solano en a dessiné plusieurs séquelles relativement intéressantes (et fidèles à l’esprit d’Oesterheld mais plus relâchées graphiquement), abordant notamment la problématique des adoptions d’enfants de « desaparecidos » (victimes de la junte) par des Mano extraterrestres (= militaires). D’autres dessinateurs s’apprêtent d’ailleurs à reprendre le flambeau sous sa supervision et celle de Pol.
Erratum : « Peter Kock » douteux jeu de mot en anglais ! est en fait la traduction de « Slot-Barr ». J’avais signalé cela à Dominik Vallet mais il n’a sans doute pas encore eu l’occasion de rectifier. Idem « Razorguts » est le titre anglais de « Ministerio ».
Merci pour vos précieux renseignements !
Cordialement
Gilles Ratier
A propos de la censure française de certains passages de « Young Witches », sur scénario de Barreiro, je signale pour l’anecdote que les anglo-saxons ne sont pas en reste. En effet, la version US de « The Convent of Hell » dessinée par Ignacio Noe (Eurotica 1997) est parue expurgée de 3 pages (salement ahurissantes) que seule l’édition espagnole (« El convento infernal », La Cúpula, collection X N°114, 2003) a osé restituer. Sacré Barreiro !
Bonjour, pensez vous que l oeil de zoltec a des chances de sortir en BD
Patrick
Cela ne pourra être le fait que d’une petite structure dirigée par des passionnés : les « grands » éditeurs ne s’intéressent pas à ce genre de bandes dessinées jugées trop anciennes qui ne se seront jamais assez rentables pour eux ! Mais on ne sait jamais…
Car oui, en effet, ça serait bien de les rééditer « L’œil de Zoltec« , même à un tout petit nombre d’exemplaires…
Cordialement
Gilles Ratier
L’oeil de Zoltec a connu au moins une réédition. Il s’agit de l’édition espagnole « El ojo mágico de Kelly », tome1 (sc. Tom Sully), éd. Planeta, Espagne. (14,95€).
Par ailleurs, Panini Espagne a osé publier un best of de ses récits de guerre (1ère epoque Fleetway) : « Diario de guerra » (18€). Pratt et Breccia avaient déjà eu droit à une exhumation de ces travaux relativement alimentaires. Miguel Rivière
Merci pour vos infos !
Gilles Ratier