Après deux ans d’absence, Mathieu Lauffray conclut le cycle « Raven » avec ce copieux (84 pages) troisième volume. Dans la lignée de son « Long John Silver », scénarisé par Xavier Dorison, le dessinateur — qui sait si bien mettre en scène pirates, mer déchaînée, ambiances gothiques ou menaçantes — revient en soignant son final.
Lire la suite...« Les Campbell T1 : Inferno » par José Luis Munuera
Découvert en France en 1996 avec le premier tome d’une série destinée aux enfants, « Les Potamoks » (publiée chez Delcourt et scénarisée par Joann Sfar), José Luis Munuera, l’un de nos dessinateurs espagnols préférés, n’a guère chômé depuis ses débuts. Il a enchaîné avec brio plusieurs albums, et a montré qu’il était à l’aise dans des univers très variés. Rappelez-vous l’excellente série « Merlin » (Dargaud), où il racontait l’enfance du magicien arthurien, en revisitant les œuvres littéraires du Moyen Âge et du XVIème siècle. Puis « Nävis » (Delcourt), encore une histoire d’enfance sur une planète lointaine, celle de l’héroïne de « Sillage », série au long cours créée par Philippe-Buchet et Jean-David Morvan. En janvier 2013, il a également illustré le quatrième volume de « P’tit Boule & Bill » (Dargaud), sur des textes de Laurence Gillot.
Voici Munuera revenu, seul aux commandes cette fois, pour une super production, « Les Campbell », où des Caraïbes de fantaisie sont le décor d’une histoire de pirates et de fraternité brisée, pleine de bruit et de fureur.
Où l’on fait la connaissance des différents protagonistes dans cet album d’exposition.
Campbell, tout d’abord : c’est un pirate fameux que tout le monde connaît dans la région. Depuis l’assassinat de sa femme cinq ans auparavant, notre héros s’est mis au vert pour se consacrer à l’éducation de ses deux filles : Geneva, l’adolescente, et la petite Icata, pirate dans l’âme elle aussi, qui n’a aucune intention de jouer sagement à la poupée.
Inferno, ensuite, le méchant de l’histoire, ennemi juré de Campbell, est un homme sans foi ni loi, prêt à tout pour s’imposer partout par la terreur et la violence où il passe.
Carapepino, accompagné de ses sbires, joue l’imbécile de service. Ce pirate peu talentueux multiplie les gaffes, tentant vainement de s’attirer les faveurs d’Inferno.
Enfin, les lépreux, vivant à l’écart du monde sur l’île de Bakalaoo : c’est là que Campbell et ses filles viennent se réfugier et apporter à leur chef quantité de livres que celui-ci apprécie particulièrement en s’exclament : « De la lecture fraîche ! »
Le décor est en place ; les protagonistes campés. L’aventure peut commencer !
Le récit procède par séquences présentant les différents personnages dans leur environnement maritime et terrestre. Les ambiances changent selon les lieux de vie évoqués tandis que des passages en flash-back, qui coupent la narration principale, expliquent au lecteur les liens qui ont uni les personnages et les événements qui les ont profondément séparés.
Nous sommes bien ici dans une histoire de pirates, où l’on retrouve les codes du genre. Mais le récit va plus loin, s’enrichissant des relations finement exposées que Campbell, bon père de famille, entretient avec ses deux filles, toutes deux dotées de personnalités fortes.
On apprécie également tout ce qui fait le talent de Munuera : un dessin très rythmé, des respirations laissant la place à l’émotion, et la grande expressivité des personnages.
Et puis, en prime, on s’amuse des nombreux clins d’œil que le dessinateur sème dans ses planches, où l’on retrouve quelques monstres sacrées de la bande dessinée franco-belge.
Alors, n’hésitez pas : à l’abordage, moussaillons !
Catherine GENTILE
« Les Campbell T1 : Inferno » par José Luis Munuera
Éditions Dupuis (13,95 €) – ISBN 978 2 8002 6010 8