Buck Danny, Jerry Tumbler et Sonny Tuckson forment un trio inséparable depuis bientôt 80 ans. Après que la plume de Yann nous a fait découvrir les débuts du jeune Buck Danny, c’est au tour de Frédéric Zumbiehl et Patrice Buendia de nous évoquer les jeunes années de Sonny Tuckson. Une histoire pleine d’émotion, non dénuée d’humour et au délicieux parfum fleurant les années 1950, illustrée par le crayon respectueux de l’Italien Giuseppe De Luca. Nostalgie, quand tu nous tiens !
Lire la suite...» Jeronimus » T3
En juillet 1629, le Batavia, un trois-mâts de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, s’échoue sur l’une des îles Albrolhos de Houtman, au large de l’Australie.
Jeronimus, apothicaire peureux et faible qui avait embarqué à bord pour suivre la longue route des épices d’Amsterdam à l’île de Java, va curieusement exercer un étrange pouvoir sur les survivants : cet homme qui a fui son passé et ses responsabilités familiales (il a abandonné épouse et amis à la suite du décès de son fils étrangement atteint par la syphilis, peu après sa naissance) va même se métamorphoser en un véritable monstre : obligeant les femmes à se prostituer et massacrant tous ceux qui vont s’opposer à son bon vouloir, qu’ils soient hommes, femmes, enfants ou même nourrissons…
En croisant les approches historiques et philosophiques qui se sont fait jour sur cette histoire de naufrage, laquelle a suscité un modèle original mais horrifiant de microsociété totalitaire, Christophe Dabitch nous confirme, avec ce final terrifiant, son sens du récit dramatique, autant sur le plan historique que psychologique ; voir aussi, dans un autre genre, son superbe, mais hélas un peu trop passé inaperçu, « Mauvais garçons » (en deux tomes) avec Benjamin Flao, toujours chez Futuropolis : www.bdzoom.com/article4018.
Par l’intermédiaire d’une narration très lente, le scénariste nous permet de prendre notre temps pour que l’on puisse admirer les planches, superbement colorisées, de Jean-Denis Pendanx. La technique exigeante et minutieuse(1) de ce dernier reconstituant finement les décors et les costumes d’époque : chaque dessin tirant vers la peinture et rendant hommage aux maîtres flamands du XVIIème siècle.
Certains, aujourd’hui, déclarent, sans ambages, que la bande dessinée n’a plus besoin d’être essentiellement graphique… Peut-être, mais quand on voit le plaisir que l’on peut avoir à contempler le travail réalisé, à tous les niveaux (des vignettes parfaitement composées aux planches subtilement mises en pages), par cet immense talent pictural, on se dit que cela aurait été vraiment dommage de passer à côté de ça ! Non ?
Gilles RATIER
? Jeronimus ? T3 (« L’ÃŽle ») par Jean-Denis Pendanx et Christophe Dabitch
Éditions Futuropolis (17 Euros)
(1) Ne se permettant aucun raccourci et restant fidèle aux méthodes traditionnelles, Jean-Denis Pendanx réalise d’abord un premier crayonné soigné qui lui permet de mettre en place les bases de son découpage. Ensuite, il réalise un dessin au feutre, puis, par un jeu de calque, il le transpose sur des feuilles à dessin classiques, avant de passer à la mise en couleurs avec de la peinture acrylique.