Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Un amour exemplaire » par Florence Cestac et Daniel Pennac

Le Pennac voudrait bien que sa copine Cestac lui dessine une histoire d’amour, mais l’auteure du « Démon de midi », plutôt méfiante, n’est guère friande des romans à l’eau de rose. Pourtant, quand il lui raconte — et le Pennac, il raconte plutôt bien — sa rencontre avec un vieux couple étonnant qui ne travaillait pas, mais qui n’était pas vraiment doué pour l’ennui, qui n’avait pas d’enfants, mais qui était toujours aussi amoureux qu’à leur première rencontre…, elle est enthousiaste. Elle ira même jusqu’à dessiner des trucs dont elle a horreur (un chauve et des bagnoles) et à s’offrir une petite rupture style sur le gros nez du dernier rejeton des Bozignac.
Le célèbre romancier, créateur entre autres du personnage de Malaussène, réussit donc à lui faire illustrer la vie aussi émouvante qu’amusante de Jean et Germaine : lui, grand bonhomme flanqué d’un physique ingrat et ex-marquis répudié par sa famille (il s’équipe toujours d’un monocle, vestige d’une époque révolue), et elle, petite bonne femme frisée et rigolote, fille de chiffonnier qui a fait exploser les fiançailles de son nobliau avec la fille du roi d’Alsace.
Ce couple improbable vivait dans une petite baraque, à la Colle-sur-Loup, dans l’arrière-pays niçois, près de la maison de la grand-mère du jeune Pennac où ce dernier passait ses vacances pendant son enfance. Il allait très souvent chez eux, les harcelant de questions du style « c’est vrai que Jean n’a jamais travaillé ? » (en fait, il gagnait de l’argent en jouant aux cartes) : réponse, « mon garçon, en amour le travail est une séparation ». Ou encore, « pourquoi vous n’avez pas d’enfants ? » : « En amour, pas d’intermédiaire ! » s’écriaient-ils alors en chœur tous les deux !
Vous l’avez compris, truculence et émotion sont au rendez-vous de cette formidable évocation, vraiment rafraîchissante, où l’on se marre pratiquement tout le temps, mais où l’on se surprend, de temps en temps, à avoir aussi une petite larme qui coule à l’œil…
Gilles RATIER
« Un amour exemplaire » par Florence Cestac et Daniel Pennac
Éditions Dargaud (14,99 €) – ISBN : 978-2205-07332-4
Indémodable, La Cestac !