C’est avec exigence qu’Emmanuel Moynot construit, depuis une quarantaine d’années, une riche carrière où se côtoient des albums classiques (sa reprise de « Nestor Burma », par exemple) et des one-shots aux motivations plus ambitieuses, tel le présent album. Un polar noir et cynique où il établit avec force détails le parallélisme entre le quotidien des babouins africains et le comportement parfois violent de certains individus de notre monde contemporain.
Lire la suite...James Bond, opération comics ! (troisième partie)
Après avoir évoqué précédemment la chronologie des premières adaptations du mythique James Bond, entre 1957 et 1984 (strips dessinés par John McLusky et Yaroslav Horak), la troisième et dernière partie de notre dossier détaillera cette semaine les divers autres albums et reprises liées au héros d’Ian Fleming. Soit pas moins d’une trentaine d’albums ou de séries – inspiré(e)s ou non par les romans et les films – voyant 007 affronter les pires ennemis, dinosaures compris ! Ces titres, nombreux mais curieusement peu traduits en français, ne demeurent majoritairement trouvables jusqu’à ce jour (hormis les derniers parus) que chez les revendeurs ou les bouquinistes spécialisés…
Pour retrouver les deux premières parties de ce dossier, suivre ces liens : James Bond : Opération Comics ! (première partie) et (deuxième partie).
Réalisé par le britannique Terence Young et produit – modestement, par United Artists et les deux nouvelles compagnies créées par Harry Saltzman et Albert R. Broccoli : EON Productions (films) et Danjaq (droits dérivés et adaptations) – pour 1,2 million de dollars, « James Bond contre Dr No » en rapportera 60 lors de sa sortie en salles (en Angleterre le 10 octobre 1962 et en France le 27 janvier 1963 ; en mai 1963 au USA), totalisant notamment 4,7 millions de spectateurs français. Ce premier succès n’est pas un hasard si l’on tient compte du fait que, depuis le 25 mars 1961, date de la parution du neuvième livre de la série, « Opération Tonnerre », James Bond est déjà un personnage phare de la littérature britannique, possédant sa propre bande dessinée quotidienne dans le Daily Express. Huit jours auparavant, aux États-Unis, le célèbre magazine Life avait également révélé que « Bons baisers de Russie » était l’un des romans préférés du président John F. Kennedy ! On aura vu pire promotion…
Notoriété médiatique oblige, c’est dès le mois de décembre 1962 que paraît une adaptation comic dans la série britannique des « Classiques Illustrés » (n° 158 A), dessinée – sommairement… – par Norman J. Nodel. Le dessinateur n’a pu avoir accès qu’au scénario et à quelques photogrammes fournis par une production encore en cours ; tout au plus a-t-il donc pu essayer de dessiner Bond à l’identique de Sean Connery… Tandis que l’album est diffusé sous le label Detective Stories de Dell Publishing dans certains pays d’Europe (Danemark, Allemagne, Grèce, Norvège et Suède.. mais pas la France !), il arrive en parallèle aux États-Unis (où le film ne sort que le 8 mai 1963), dès janvier 1963. À ce léger détail près que la tonalité de l’ouvrage est profondément modifiée : les remarques racistes, les couleurs de peaux et les dialogues jugés humiliants sont censurés ou passés au blanc, tandis que des photos issues du film et une biographie de Fleming sont rajoutées. Enfin, Bob Brown redessine une couverture plus science-fictionnelle, ce qui permettra au titre d’intégrer l’anthologie « Showcase » (n° 43) éditée par DC Comics. On notera par ailleurs sur cette couverture la mention rapprochant prioritairement cette adaptation du roman, le film produit par United Artists n’étant pas encore sorti.
On comprendra que cette première tentative américaine hasardeuse ait eu du mal à trouver son public ; et de fait, DC Comics ne publiera (jamais plus…) aucun autre titre bondien, tentant seulement de se questionner sur l’éventualité d’une republication ou d’une nouveauté à l’occasion de l’échéance du mandat de 10 ans pris sur la série, en 1972. Contactés en ce but, de prestigieux auteurs tels Alex Toth et Jack Kirby seront finalement remerciés, l’avenir du personnage étant rendu incertain à une époque où Sean Connery abandonnait lui-aussi la saga 007, après « Les Diamants sont éternels » (film sorti le 20 décembre 1971 en France).
Lorsque Bond débarque au Japon en 1967 dans « On ne vit que deux fois » (film par Lewis Gilbert), il y est en vérité devancé par une série de mangas dessinée par Takao Saitō (universellement connu pour son « Golgo 13 ») : la mangaka adapte en série « Opération Tonnerre », « Vivre et laisser mourir », « Au service secret de sa Majesté » et « L’Homme au pistolet d’or » dans le magazine Boy’s Life (éditeur Shogakukan) entre décembre 1964 et août 1967. Sous licence, la série sera néanmoins rapidement stoppée en 1967 par Glidrose Publications, la société chargée depuis 1952 de la gestion des droits littéraires du personnage de James Bond (rebaptisée « Ian Fleming Publications » depuis 2002). Les quatre titres seront néanmoins republiés en 1981 puis 2015 sous le label Big Comics Special.
Dans la première partie de ce dossier avait déjà été rapidement évoquée la collection James Bond, l’agent 007, proposée par l’éditeur scandinave Semic entre 1967 et 1981. Au Danemark, en Norvège comme en Suède, de 1965 à 1967, Semic choisira d’abord d’utiliser les strips initiaux du Daily Express au sein de quatre anthologies, en transformant au passage les strips en planches. Si les titres choisis en guise de lancement différèrent d’un pays à l’autre, voyons par exemple que le premier opus paru au Danemark, sous une couverture inédite de Jordi Penalva, concernait assez logiquement « Casino Royale ». La collection est relancée au numéro 1 en 1967 avec « Les Diamants sont éternels », et se poursuit durant 73 numéros jusqu’en 1981 ; chaque numéro (format de 52 à 100 pages, 17 x 26 cm) est complété par des photographies issues des films et diverses bandes dessinées d’horreur ou policières produites en Espagne (par Barton Art, entre autres). En janvier 1982, la série redémarre de nouveau au n° 1 avec une réédition de « The League of Vampires » (par Jim Lawrence et Yaroslav Horak). Dès juillet 1982, pour relayer la dynamique des adaptations initiales désormais épuisées, Semic propose des récits inédits : commençons par citer le tout premier d’entre eux, « The Golden Triangle » (26 pages écrites par les Norvégiens Terje Nordberg et Eirik Ildahl et dessinées par Ramon Escolano), dans lequel l’agent britannique est envoyé en Thaïlande afin d’enquêter sur le trafic d’héroïne. Suivrons notamment « Jungle Devils » en décembre 1982 (scénario par Sverre Årnes et dessins par R. Escolano), « The Slave Traders » (par Jack Sutter et R. Escolano) en février 1983, « Codename Nemesis » en mars 1983 (par Jack Sutter et Josep Gual), « Operation Burma » en août 1983 (par Jack Sutter et Sarompas), « Liquidate Bond » en octobre 1983 (par Jack Sutter et Josep Gual) et « The White Death » en novembre 1983 (par Sverre Årne et Pablo Sarompas). En décembre 1988, « The Living Dead » (par Jack Sutter et Sarompas), trente-huitième histoire inédite d’un périodique « James Bond 007 » vendue sous des couvertures de plus en plus orientées action/aventure, sera la dernière véritablement produite par Semic, qui poursuivra son comic jusqu’en 1996, après avoir réédité pendant plusieurs années l’ensemble des histoires déjà parues. Au Danemark, seul le matériel inédit sera proposé aux lecteur en 1983 et 1984, par le biais de sept numéros publiés sobrement sous le nouveau titre générique de « James Bond ».
Après avoir déserté le paysage des comics sur le sol américain, « Bond is Back » en 1981 via l’adaptation du film de John Glen « Rien que pour vos yeux », avec Roger Moore. Pour marquer ce retour, Marvel Comics fait même les choses en grand avec une double édition : un numéro 19 (collection Marvel Comics Super Special) en deux parties (écrites par Larry Hama et dessinées par Howard Chaykin et Vincent Colletta) publiées en octobre et novembre 1981, et un épais ouvrage illustré, véritable précurseur des romans graphiques actuels. Cet album de 66 pages sera traduit et publié en France par Dynamite Presse Edition en parallèle de la sortie du film. Marvel Comics réitérera l’opération à moindres frais avec le film suivant, « Octopussy » (réalisé par John Glen en juin 1983), décliné en version illustrée (par Frederico Maidagan) uniquement dans un magazine (Marvel Super Special n° 26). Cette adaptation (par Steve Moore et Paul Neary) tente d’être un peu moins médiocre que la précédente, et demeure assez fidèle au film. Pour l’anecdote, l’année 19683 est marquée par une drôle de « Guerre des Bond » : la version Roger Moore contre la version Sean Connery, de retour dans le « Jamais plus jamais », un remake d’ « Opération Tonnerre » réalisé par Irvin Kershner en octobre 1983 en dehors de la saga officielle. Semic acquiert également les droits d’« Octopussy » et publie sa propre adaptation, dessinée de manière statique par Frederico Maidagan : les fans s’amuseront donc à comparer les deux versions, la seconde n’étant toutefois parue que dans certains pays européens comme l’Allemagne…
Si plusieurs adaptations non-officielles (et souvent hybrides…) des différents ouvrages, nouvelles ou films virent le jour en Espagne comme en Argentine durant les années 1960 et 70 (par les éditions Zig Zag, par Editorial Columba qui compila les strips du Daily Express (les éditeurs espagnol Buru Lan et italien Planeta DeAgostini faisant la même chose) ou, encore, au sein de la série des magazines D’Artagnan, également édités par Columba), c’est entre 1984 et 1989 que fleurirent divers titres plus ou moins valables : une déclinaison de « Jamais plus jamais » en Argentine en 1983, une de « Dangereusement Vôtre » (film de John Glen, 1985) en Suède et Allemagne par Semic, une de « Tuer n’est pas jouer » (J. Glen 1987, où Timothy Dalton incarne 007 pour la première fois) dans les pays scandinaves. Cette dernière adaptation, imaginée par Jack Sutter à partir du scénario original et dessinée par Sarompas, sera rééditée en version noir et blanc en 1992. C’est également durant cette période que PlayValue Books, une division de la maison d’édition américaine Grosset & Dunlap, publiera – entre 1985 et 1987 – deux titres originaux, plombés par des graphismes et une mise en page indigentes : « James Bond : Blackclaw’s Doomsday Plot » et « Storm Bringer ». Bien qu’annoncés, deux autres titres (« Operation Big Brain » et « Target: 007 ») ne virent jamais le jour. Ce n’est sans doute pas plus mal…
En 1989, c’est au tour du spectaculaire « Permis de tuer » (et sa poursuite en camions d’anthologie, coordonnée par le cascadeur Rémy Julienne) de faire enfin l’objet d’un album officiel dédié : le scénariste Richard Asford et le dessinateur Mike Grell y reprennent en 44 pages la trame du film de John Glen, dans lequel 007, en Floride, décide de venger son ami Felix Leiter, agent de la CIA sauvagement mutilé par le trafiquant de drogues Franz Sanchez. Publié par Eclipse Comics en Angleterre, l’album présente un James Bond dessiné selon un physique différent de celui de Timothy Dalton (qui avait refusé toute ressemblance). Or, l’album connaît miraculeusement une adaptation française en janvier 1989 (édition Himalaya) et sera bel et bien commercialisé comme « la bande dessinée du film » dès sa présentation de couverture…
Dans la foulée de « Permis de tuer (« Licence to Kill » en VO), Eclipse Comics et Mike Grell remettent le couvert de 1989 à 1991 avec « Permission to Die » (titre pouvant donc prêter à confusion), où Bond doit exfiltrer de Budapest la nièce d’un savant spécialisé dans les systèmes de lancements satellitaires. Après une assez longue interruption de deux ans, la troisième et dernière partie de cette histoire paraît en mars 1991 : Bond s’oppose aux plans du savant fou (le Dr. Wiziadio) qui cherche à détruire une ville de Colombie-Britannique pour illustrer la nécessité du désarmement mondial. Une rare et luxueuse intégrale de 142 pages sera également proposée en 1992, sous une couverture où le visage de Bond se rapproche de celui du pianiste Hoagy Carmichael (1899 – 1981), l’une des références jadis données par Fleming en tant qu’incarnation idéale de son personnage.
En 1991, MGM Animation produit 65 épisodes de 25 minutes d’un dessin animé intitulé « James Bond Junior » (ce héros étant en fait le neveu de l’autre !), qui sera diffusé en France dès avril 1992 sur Canal Plus, puis sur France 2 l’année suivante. Marvel Comics tente alors d’exploiter ce filon avec une adaptation comics éponyme – écrite par Cal Hamilton et Dan Abnett – jusqu’en décembre 1992 : cette série connaîtra 12 numéros, dont 7 histoires inédites, dessinés par Mario Capaldi, Colin Fawcett, Adolfo Buylla et Bambos Georgioli.
En 1992 et 1993, Dark Horse Comics propose – y compris en France ! – « La Dent du serpent », soit 3 albums scénarisés par Doug Moench et illustrés par Paul Gulacy. Lancé sur la piste de jeunes femmes disparues dans la jungle péruvienne, Bond affronte l’inquiétant Indigo, un homme hybride à la peau de serpent dont les activités biogénétiques servent de couverture à un projet amplement plus inquiétant : réduire les ¾ de l’humanité à néant et rendre la Terre aux espèces dinosaures ressuscitées pour l’occasion ! Inutile de préciser que ce scénario (où Bond lutte donc contre de féroces Velociraptors, anticipe le succès phénoménal du « Jurassic Park » de Spielberg (film sorti en juin 1993 aux USA), lui-même adapté du best-seller de Michael Crichton (1990).
De 1993 à 1995, Dark Horse Comics édite successivement 5 autres aventures inédites… qui ne seront de nouveau jamais traduites en version française : « A Silent Armageddon » (2 albums – réalisés par Simon Jowett et John Burns – seront publiés sur les 4 prévus ; Bond y protège un adolescent infirme tout en cherchant à contrer un programme informatique destructeur), « Light of my Death » (4 albums par Das Petrou et John Watkiss ; Bond, envoyé au Caire, tente d’empêcher le vil Amos d’utiliser son arme laser pour assassiner des dirigeants mondiaux ), « Shattered Helix » (2 albums par Simon Jowett et David Jackson ; où l’organisation criminelle Cerbère tente de propager un virus mortel), « Minute of Midnight » (1 album par Doug Moench et Russ Heath ; où le méchant Lexus tente de faire exploser simultanément plusieurs réacteurs nucléaires) et « The Quasimodo Gambit » (3 albums par Don McGregor et Gary Caldwell), où Maximilien « Quasimodo » Steele complote à son tour pour faire exploser plusieurs bombes au napalm à Times Square le jour de Noël. Rythmées, très cinématographiques et bénéficiant de graphismes réussis, ces bandes ne furent cependant jamais adaptées en versions françaises.
Le 13 novembre 1995 marque l’arrivée de Pierce Brosnan dans « GoldenEye », un film de Martin Campbell qui fera l’objet d’une novélisation par John Gardner, l’un des continuateurs de l’œuvre romanesque de Fleming. L’éditeur américain Topps Comics fait paraître de son côté dès janvier 1996 le premier album d’une adaptation scénarisée par Don McGregor (déjà auteur du précédent « James Bond 007 : Quasimodo Gambit ») et dessinée par Claude Saint Aubin et Rick Magyar. Alors que deux autres tomes sont prévus, l’histoire restera inachevée après la décision surprise de l‘éditeur de tout arrêter. Il est probable que le désaccord obtenu sur la validation de la couverture du tome 2 en ait été la cause principale. Topps essaiera alors, mais sans plus de succès, d’obtenir les droits de lancer une nouvelle série d’aventures originales de 007. Ce ratage enterrera durablement – jusqu’à ce jour – les adaptations comics des films de la saga.
Cette notable série d’occasions ratées explique l’absence totale de comics « James Bond » jusqu’en octobre 2008, collections Titan Book’s mises à part (voir les première et deuxièmes parties de notre dossier). À cette date, Ian Fleming Publications et Puffin Books réussirent (au bout d’une entreprise démarrée depuis 2005) à recréer un certain engouement pour 007 en librairie grâce à une nouvelle série romanesque s’intéressant aux exploits de jeunesse de James. En 2008, donc, paru en album l’adaptation de « SilverFin », le premier des cinq titres écrits par Charlie Highson. Édité en France par Gallimard dans sa célèbre collection Folio Junior sous le titre « La Jeunesse de James Bond T1 : Opération SilverFin », ce récit conduit le héros (âgé de 13 ans) à démanteler les plans de Lord Hellebore, un Écossais occupé à créer de supers-soldats. Illustrée par Kevin Walker sur 160 pages, la version comic s’en sort avec les honneurs et sera traduite dans l’hexagone chez Casterman en novembre 2009 sous le titre « James Bond, les origines : SilverFin ». La faiblesse des ventes stoppa une nouvelle fois toute tentative d’adaptation immédiate des huit romans suivants (2006 à 2017 ; six publiés en tout en France par Hachette).
Octobre 2014 : porté par l’immense triomphe des récents « Skyfall » (film de Sam Mendès, 2012) et « Spectre » (Mendès, 2015), l’éditeur anglo-saxon Dynamite Entertainment décide de relancer la licence dans l’univers des comics sous deux angles complémentaires. Une première série racontera les événements antérieurs à la première grande aventure de Bond selon Fleming (« Casino Royale ») tandis qu’une seconde se préoccupera de déployer des aventures contemporaines inédites au sein de titres mensuels. En juillet 2015 furent annoncés les noms des repreneurs : rien moins que le prestigieux scénariste britannique Warren Ellis (lequel avait déjà travaillé sur les licences « Batman », « Fantastic Four », « Wolverine » ou « Iron Man ») et le dessinateur sud-africain Jason Masters, connu jusque là pour ses travaux sur les licences « Batman » et « Les Gardiens de la galaxie » chez DC et Marvel Comics. En novembre 2015 débuta outre-Manche la publication de « James Bond 007 : VARGR », une série à couverture souple, composée d’un arc de 6 titres (le dernier étant prévu début avril 2016) qui voient 007 retourner d’Helsinski à Londres pour y reprendre les affaires laissées en suspend par un collègue de la section 00 subitement disparu. Précisons à ce stade que le titre « VARGR » renvoie à un terme du norrois scandinave signifiant à la fois « loup », « méchant » et « destructeur ». Le 21 juin 2016, Dynamite Entertainment proposa ces six premiers titres sous couvertures cartonnées, et débuta un deuxième cycle intitulé « Eidolon ». Les férus de Grec antique auront compris l’allusion subtile, avec ce mot signifiant une « image », une « apparition/fantôme »… ou un « spectre » ! Une nouvelle fois, 007 doit donc faire face à la ré-émergence de l’organisation terroriste SPECTRE, ou plutôt à ce qu’il en reste. Une cellule dormante néanmoins dangereuse puisqu’elle a placé des agents (dont l’ex-héros de guerre Beckett Hawkwood) au sein du MI5 et de la CIA. Pour l’anecdote, en 1993, le scénariste Simon Jowett avait déjà tenté de réintroduire le SPECTRE dans le canevas de son titre « A Silent Armageddon ». S’étant heurté au refus de Glidrose, société de gestion des droits de publications de Fleming, Jowett avait finalement modifié le nom de son organisation criminelle en « Cerberus ». Point notable, c’est à partir d’octobre 2016 que le cycle « VARGR » fut traduit en français et publié par Delcourt, en un seul volume cartonné de 132 pages, sous une somptueuse couverture composée par Aaron Campbell. Le cycle « Eidolon » suivit sur le même modèle en avril 2017.
L’année 2016 fut particulièrement riche en annonces pour l’univers bondien du côté de Dynamite Entertainment : en juillet, l’éditeur annonça la sortie prochaine d’un troisième cycle, « Hammerhead ». Scénarisé par Andy Diggle et dessiné par Luca Casalanguida, ce récit emmène Bond jusqu’à Dubaï pour y éliminer Kraken, un terroriste anti-capitaliste qui vise l’arsenal nucléaire britannique. Paru à partir d’octobre 2016 sur le sol américain, « Hammerhead » sera ultérieurement publié chez Delcourt en mars 2018, comme troisième tome de la collection entamée. Le 5 octobre 2016, l’ex-romancier américain Benjamin Percy succéda à Warren Ellis pour commencer à écrire un cycle intitulé « Black Box » : dans les Alpes françaises, James Bond est pris pour cible par un assassin… qui cible des assassins. Dessinée par Rapha Lobosco, cette aventure réinitiera au numéro 1 – lors de sa publication en mars 2017 – la numérotation des épisodes parus depuis 2015. Ce récit sera à son tour publié chez Delcourt en France en mai 2019, en guise de cinquième tome de la série. D’autres annonces et parutions régulières viendront conforter ces lancements successifs : « Service » (de Kieron Gillen et Antonio Fuso) en mai 2017, « Kill Chain » (par Andy Diggle et Luca Casalanguida ; le SMERSH tente de détruire l’OTAN) en juillet 2017, « Solstice » (de l’écrivain et illustrateur Ibrahim Moustafa) en novembre 2017 et « The Body » (écrit par Ales Kot et Luca Casalanguida) en janvier 2018. Pour l’heure, seul « Kill Chain » a été repris chez Delcourt (T4) en juillet 2018.
Un autre chantier, initié par Dynamite Entertainment pour tenir ses engagements de 2015, s’avéra plus complexe que prévu : l’adaptation fidèle de « Casino Royale », initiée avec les auteurs Van Jensen et Matt Southwork, était destinée à paraître en novembre 2016. Mais le projet s’arrêta net quand Southworth quitta la scène pour divergences créatives. Redessiné par Dennis Calero (couverture par Fay Dalton), le roman graphique enfin achevé fut publié le 11 avril 2018. Initialement destiné à devenir le T6 de la collection Delcourt en avril 2020, cet opus est pour l’instant reporté à novembre. Très fidèle au texte de Fleming, cet épisode vintage fut salué comme une réussite dans les territoires anglo-saxons, en dépit de décors parfois minimalistes. Parions que les adaptations futures ne manqueront pas d’être également traduites puisque Dynamite, faisant feu de tous bois, a de son côté entamé à la fois un spin-off consacré à l’ami Felix Leiter (par James Robinson et Aaron Campbell) en janvier 2017, deux autres spin-off racontant les existences de Moneypenny (par Jody Houser et Jacob Edgar, en août 2017) et M (par Declan Shalvey et PJ Holden, en février 2018), une aventure abordant la double personnalité et les blessures endurées par 007 (« The Body », à partir de juin 2018, par Ales Kot et Luca Casalanguida), un cycle mettant en scène un dangereux agent coréen (John Lee) dans un remake modernisé de « Goldfinger » (novembre 2018 à octobre 2019 ; intégrales en décembre 2019 et janvier 2020, par Greg Pak et Marc Laming), un cycle « James Bond Origin » (par Jeff Parker et Bob Q ; la vie de James Bond pendant la Seconde Guerre mondiale) en août 2019, ainsi qu’une nouvelle adaptation de « Vivre et laisser mourir » en septembre 2019 ! Et ce n’est pas tout : en février 2020, Dynamite lançait « Reflections of Death », une compilation de six histoires (réalisées par une douzaine d’auteurs) lançant Bond sur la piste des ravisseurs – et des mystères – de Miss Moneypenny… Voici par conséquent un héros à priori très durablement relancé du côté des comic books, et qui le sera d’autant plus que la machinerie médiatique se remettra sérieusement en branle le 11 novembre 2020, avec la sortie sur les écrans d’un 25e opus fort attendu, « Mourir peut attendre » (de Cary Joji Fukunaga), le dernier film de l’ère Daniel Craig.
Une véritable avalanche de nouveautés (de qualités plutôt inégales…), mais ces dernières arriveront-elles toutes jusqu’en France, pays longtemps privé de la moindre traduction ? Restons optimistes et gageons, comme le veut la tradition de la saga, que « Demain ne meurt jamais » : « James Bond will return »…
Philippe TOMBLAINE
« James Bond les origines T1 : Silverfin » par Kevin Walker et Charlie Highson (2009)
Éditions Casterman (16,00 €) – EAN : 978-2203026032
« James Bond 007 T1 : VARGR » par Jason Masters et Warren Ellis (2016 ; 4 autres volumes sont parus dans cette série jusqu’en 2019)
Éditions Delcourt (16,95 €) – EAN : 978-2756082691
« James Bond 007 : Casino Royale » par Denis Calero et Chris O’hallaran (reporté à novembre 2020)
Éditions Delcourt (16,95 €) – EAN : 978-2413012887
L’idee d’un Bond Junior semble ridicule, elle signifie pas d’erotisme, qui est pourtant une bonne partie de l’attrait du personnage.
Monsieur Lebourdais: Je vais vous offrir mon point de vue, c »est sans doute pour décliner le personnage en plusieurs séries à destination de plusieurs publics, un peu comme avec le jeune Indiana Jones, Sherlock Holmes, le petit Spirou, Superboy. Les hommes distingués et cultivés pourront se régaler des bagarres violentes et des voluptés des James Bond Girls (à part Lea Seydoux, comme de bien entendu…), des reprises améliorées d’automobiles de luxe existantes, de la consommation d’alcool et du permis de tuer. Pendant que les teenagers en culotte courte, une casquette de base-ballsur le crâne pourront s’initier à cet univers d’agent secret avec un personnage peu expérimenté, qui boit du jus d’orange de Floride ou du lait du Middle-West, rougit quand il voit un porte-jaretelle.
C’est à peu près ça, mais il faut distinguer le « Bond junior » initié chez Marvel en 1991 (pour le coup très anim’ ados-tv) et la série ‘La Jeunesse de James Bond’, plus moderne et qui n’exclut ni le sadisme ni le meurtre ni l’attirance du héros pour les belles demoiselles (en détresse ou non !).
Les séquences finales des Blake et Mortimer de Van Hamme avec Ted Benoit sont très influencées par James Bond : les mêmescodes, avec la « cavalerie » qui débarque, poursuite, cavalcade… tout se précipite brutalement etc.Ted Benoit m’avait dit que Van Hamme est un grand fan de James Bond !…