Buck Danny, Jerry Tumbler et Sonny Tuckson forment un trio inséparable depuis bientôt 80 ans. Après que la plume de Yann nous a fait découvrir les débuts du jeune Buck Danny, c’est au tour de Frédéric Zumbiehl et Patrice Buendia de nous évoquer les jeunes années de Sonny Tuckson. Une histoire pleine d’émotion, non dénuée d’humour et au délicieux parfum fleurant les années 1950, illustrée par le crayon respectueux de l’Italien Giuseppe De Luca. Nostalgie, quand tu nous tiens !
Lire la suite...Jo-El Azara : première partie, à l’ombre des plus grands…
En général, c’est l’actualité qui préside à nos choix pour alimenter les « Coins du patrimoine » de BDzoom.com : un nouvel album, une belle réédition, un prix récompensant l’œuvre, etc. Cependant, dans les faits, tous les prétextes sont bons quand on a envie d’évoquer la carrière d’un auteur et de vous proposer un article conséquent, comme nous l’avons fait récemment pour Francisco Hidalgo ou pour Jean-Claude Forest. Cette fois-ci, c’est une page de la rubrique « Les Aventures d’un journal » animée par le journaliste Hugues Dayez dans Spirou, au n° 4075 du 18 mai 2016, qui est à l’origine de notre désir de vous parler d’un homme formidable, sympathique et chaleureux, qui fut à bonne école (passant dans les ateliers de Vandersteen et d’Hergé, ou travaillant aux côtés de Will…) : Jo-El Azara.
Reprenant une interview que nous avions réalisée en 2005 pour le quotidien régional L’Écho, à l’occasion des quarante ans de « Taka Takata » et du dixième anniversaire de la création de sa maison d’édition Azéko, tout en nous appuyant sur l’étude que lui a consacré Louis Cance dans le n° 102 de Hop ! (au deuxième trimestre 2004), nous avons pu vous concocter un dossier aux petits oignons, validé par le maître lui-même, lequel vient de fêter ses soixante-dix-neuf ans !
Le Flamand Joseph Frans Hedwig Loeckx, plus connu sous le pseudonyme de Jo-El Azara, est né en Belgique, à Drogenbos (petit village de la banlieue de Bruxelles), le 4 mai 1937 : « Comme les Français ne savaient pas très bien prononcer mon vrai nom, j’ai d’abord signé Jo.Loeckx, puis simplement Jo-El, en alliant le Jo de Joseph et le L phonétique de Loeckx. Plus tard, comme l’éditeur du Lombard, pour lequel je travaillais, n’aimait pas que “ses” auteurs collaborent à d’autres revues, j’ai pris le nom d’Ernest Azara pour mes BD publiées dans Pilote et dans Spirou : j’étais tombé en admiration, au Musée du Louvre, devant un buste d’Alexandre le Grand intitulé “Hermès Azara”, d’après une sculpture d’un artiste grec du nom de Lysippe. Cependant, tout le monde avait reconnu ma technique de dessin qui, elle, n’avait pas changé. J’ai alors abandonné Ernest et j’ai accolé Azara et Jo-El. »
L’honorable Taka Takata, soldat de l’armée nippone créé pour un récit complet de six pages dans l’hebdomadaire Tintin, le 3 août 1965 (au n° 31 de l’édition belge), est le plus célèbre personnage de notre adepte de la ligne claire. La version française du journal des jeunes de 7 à 77 ans n’accueillera la série « Taka Takata » qu’à son n° 883, daté du 23 septembre de la même année !
Depuis janvier 1994, son créateur graphique (les scénarios étaient de Vicq) autoédite les albums de ce pacifiste et gaffeur troufion : le dernier en date (« Opération boomerang », en 2005) étant un spécial quarantième anniversaire avec, en sus, vingt-neuf dessins hommages dus à ses confrères et amis.
Cela dit, on peut alors s’interroger sur ce qui a poussé cet auteur, trop méconnu à notre goût, à s’éditer lui-même, alors que son gentil héros japonais à lunettes avait un certain succès dans les années 1970 : « À cette époque-là, Le Lombard (l’éditeur du journal Tintin) diffusait en Belgique les albums des éditions Dargaud, lesquelles s’occupaient, en échange, des albums Le Lombard en France. Ils étaient alors seulement associés (aujourd’hui, ils appartiennent, tous les deux, au groupe Média-Participations) et ils restaient concurrents. Ils se reprochaient mutuellement de mettre en avant tels ou tels titres plutôt que d’autres, dans leurs pays respectifs, et de nombreuses séries ont fait les frais de leurs disputes. Notamment “Taka Takata” (1), mais aussi “La Jungle en folie” de Mic Delinx et Christian Godard. J’en ai alors eu marre de ces gens qui jouaient avec la vie des auteurs et j’ai quitté ma Belgique natale pour aller vivre au bout du monde : dans le Gers !
Je me suis mis à dessiner pour la publicité et, comme le dernier “Taka Takata” chez Dargaud datait de 1974 et qu’on ne trouvait plus mes albums que chez les bouquinistes, je me suis décidé à devenir éditeur moi-même. Habitant désormais au pays de D’Artagnan (je fus intronisé dans la compagnie d’Armagnac, ce qui explique ma petite bedaine : rires !), j’ai fait comme les mousquetaires, je suis revenu, vingt ans après ! »
Après avoir suivi les cours de l’institut Saint-Luc de Bruxelles, Jo-El Azara travaille pour Willy Vandersteen (le créateur de la série « Bob et Bobette ») : « Comme je ne faisais rien de bon à l’école et que je voulais être dessinateur de bandes dessinées, mes parents m’ont inscrit, en 1952, à l’école de dessin de Saint-Luc où l’on n’étudiait que le dessin classique : il n’y avait pas encore de section bande dessinée. D’ailleurs, cette dernière était très mal vue, surtout parmi les professeurs de dessin qui ne la considéraient pas comme de l’art ; alors, qu’aujourd’hui, c’est le passage obligé pour tous ceux qui veulent pratiquer le 9e art en Belgique ! C’est donc là que j’ai appris à dessiner convenablement, enfin presque [rires !], passant trois années à n’exécuter que du dessin classique. Heureusement, l’un de mes profs d’histoire de l’art m’a fait découvrir le peintre japonais Hokusai, lequel a été le déclencheur de mon intérêt pour le Japon. »
En effet, outre « Taka Takata », Jo-El Azara créera, en 1967, les aventures du samouraï « Haddada Surmamoto », dans Spirou (un récit de trente planches publié du n° 1545 au n° 1557 et un de six pages, deux ans plus tard [au n° 1592], toujours sur scénarios de Vicq, dont il existe un album chez Espace Édition S.A., labellisé ainsi en Belgique et sous celui d’Albin Michel en France, en 1976) : « Pendant les grandes vacances de 1953, j’ai cherché un petit boulot et je suis allé frapper à la porte de Vandersteen qui m’a tout de suite embauché pour l’aider sur “Le Loup qui rit” : une aventure de Bob et Bobette dont il produisait, tous les jours, une demi-planche pour les quotidiens flamands et dont l’album sera publié en langue française en 1955, aux éditions Érasme. Il m’a confié la réalisation des cadres des vignettes et m’a appris à écrire les textes en italiques, etc.
Ensuite, il m’a fait faire l’encrage de ses crayonnés qu’il commençait à 9 h du matin et qu’il devait rendre avant 17 h pour qu’ils puissent être imprimés, le lendemain, dans le journal. Je me souviens d’une anecdote survenue lorsqu’il m’a demandé, pour la première fois, d’encrer les deux strips qu’il avait finis plus tôt que prévu : je m’étais appliqué pour arriver à un résultat plus ou moins correct et je me suis mis à gommer le crayon vigoureusement, renversant, sur mon travail, un petit pot d’encre de Chine que je n’avais pas fermé ; Vandersteen m’a alors tendu un tube de gouache blanche et un pinceau pour que je retouche le noir entre les traits et les textes. Eh oui, même entre les textes ! Je voulais les réécrire à part, les découper et les coller dessus, mais il n’en était pas question : il a fallu que je repasse tout au pinceau ! Plus personne ne ferait ça aujourd’hui, mais c’était une bonne leçon puisque, depuis, je n’oublie jamais de fermer mon petit pot d’encre de Chine avant de gommer mes planches. »
Alors que ses premières bandes dessinées et illustrations, souvent réalisées dans un style semi-réaliste, voire réaliste, sont publiées, à partir de 1954, dans l’hebdomadaire Junior ou son équivalent Ons Volkske (quatre pages intitulées « La Tragique histoire d’Hamlet, prince du Danemark », d’après William Shakespeare), ainsi que dans la version flamande de Pat (illustrations pour le roman « Les Hommes de Benton’s Farm » pour ce magazine des patronages catholiques belges) (2),
Jo-El intègre, cette même année 1954, un autre studio, encore plus célèbre, celui d’Hergé : « À la suite de mes travaux réalisés pour Willy Vandersteen, je suis d’abord retourné à l’école Saint-Luc : je dessinais mes BD le soir et je les montrais le lendemain aux copains.
Un jour, l’un de mes professeurs est tombé sur ces planches : décrétant que ce n’était pas du dessin, il les a confisqués et en a déchiré une. Aujourd’hui que Saint-Luc est devenue la première école de bande dessinée en Belgique, ce type doit se retourner dans sa tombe !
Au bout d’un an, je suis allé alors frapper à la porte du créateur de “Tintin”, pour savoir s’il n’avait pas une place dans son studio et il m’a accepté.
Pourtant, il y avait déjà pas mal de monde qui travaillait pour lui : Bob De Moor était son décorateur principal, Josette Baujot faisait ses couleurs, son secrétaire s’occupait des textes et il venait juste d’engager Jacques Martin, l’auteur d’“Alix”. »
Jo-El Azara restera au Studio Hergé jusqu’en 1961, après avoir notamment participé à « L’Affaire Tournesol », à « Coke en stock », à « Tintin au Tibet » et aux « Bijoux de la Castafiore », deux des aventures du célèbre reporter à la houppette.
Comme le précise l’érudit Patrick Gaumer dans son célèbre « Dictionnaire mondial de la BD » chez Larousse : « De là lui vient vraisemblablement son graphisme précis et fouillé, privilégiant la lisibilité. »
On retrouve cependant la signature d’Azara dans Caravane (supplément jeunesse de Vivante Afrique, bimestriel édité par les Pères blancs), en 1958, sur onze planches d’un récit réaliste, « Le Bracelet tabou », dont René Follet prendra graphiquement sa suite, ainsi que dans le quotidien belge La Croix où il illustre « La Bible » (une trentaine de dessins dans un style réaliste)
et un court récit de cinq planches humoristiques intitulé « Jim Kana et Petro Lette », réalisés entre 1959 et 1960,
et même à Spirou, pour la première mouture de « La Ribambelle » dessinée en 1957 (elle est signée Joël) et publiée dans le n° 1041 du Spirou belge daté du 27 mars 1958.
À noter qu’il s’agit, en fait, d’une idée d’André Franquin scénarisée par Marcel Denis, en mars 1958, bien avant que le concept soit repris, plus tard, par Jean Roba : « À un certain moment (en 1958), Willy Maltaite qui signait Will, le dessinateur de la série “Tif et Tondu” dans Spirou, est devenu le directeur artistique du journal Tintin, aux éditions du Lombard, et c’est grâce à lui que j’ai pu y entrer. Hélas. Will n’est pas resté longtemps à ce poste (deux ans seulement) parce qu’il s’est fâché avec le directeur des éditions du Lombard, lequel ne lui donnait pas les pouvoirs nécessaires pour mener à bien sa tâche.
Il est alors revenu travailler aux éditions Dupuis, pour le journal Spirou, et il m’a contacté pour me dire que si un jour je voulais quitter Hergé, il aurait du boulot pour moi. Will venait aussi de commencer la série “Jacky et Célestin” avec Peyo (le créateur des “Schtroumpfs”), dans Le Soir illustré (3), et c’est ainsi que je l’ai secondé, et ensuite dessiné seul à partir de la page 18, l’épisode “La Ceinture noire” écrit par Peyo, en 1961 et 1962. Après, j’ai travaillé sur deux autres histoires de cette BD (“Un biniou jouera ce soir” et “Et que ça saute !”
sur scénarios de Vicq), jusqu’en l963, avant que François Walthéry — puis Francis — ne prenne ma suite. »
À suivre…
En attendant, voir www.taka-takata.com.
(1) En fait, avant les albums édités par Azéko, la série « Taka Takata » n’a été compilée qu’en seulement deux ouvrages brochés publiés aux éditions Le Lombard (« Le Batracien aux dents d’or » en 1969 et « Le Caméléoscaphe » en 1977) et quatre autres coédités par Dargaud en France et Rossel, un éditeur belge : « Kamikaze cycliste » et « Le Lévitant Lama » en 1973, « Opération survie » et « Le Karatéka » en 1974. Ils ont tous été réédités chez Azéko, avec quelques petits changements au niveau du contenu des pages de gags proposées, et il en est paru sept nouveaux sous ce label, jusqu’en 2005. On peut toujours se les procurer (agrémenter d’une dédicace personnalisée) en écrivant aux éditions Azéko : 32260 Artiguedieu du Gers.
(2) Dans Pat, version belge francophone, Azara crée aussi (en 1956) le personnage de Coliflor, pour le récit de vingt pages « Tumultes à Santas Papas », publié du 31 mars au 11 août 1957 dans les n° 13 à 32 et signé Jo Loeckx. Il réalise, ensuite, une autre histoire avec Coliflor, en quatre planches, proposée dans Ons Volkske (Junior en langue française) au n° daté du 7 novembre 1957 : « La même année, quand j’ai commencé à travailler pour Tintin [voir la deuxième partie de ce « Coin du patrimoine » qui sera en ligne la semaine prochaine], le rédacteur en chef de l’époque, André Fernez, m’a donné à illustrer le scénario de “La Sieste de Paco Marmota” : trois planches écrites par un certain René Goscinny que j’ai signé Joël et qui a été publiée dans le n° 8 du Tintin belge daté du 19 février 1958 [Elles seront reprises dans le tome 1 des « Archives Goscinny » chez Vents d'Ouest, en 1998]. Comme cela se passait aussi en Amérique Latine, c’est moi qui ai replacé le nom de Coliflor, qui n’est d’ailleurs cité que deux fois, dans cette histoire. »
(3) Les vingt-deux pages de « La Ceinture noire » ont été publiées entre le 11 mai 1961 et le 8 mars 1962, les quarante-quatre pages d’« Un biniou jouera ce soir » du 15 mars 1962 au 10 janvier 1963 et les quarante-quatre pages de « Et que ça saute ! » du 17 janvier au 14 novembre 1963.
Pour le quotidien Le Soir, Azara dessine aussi, dans un style réaliste, les six pages d’« Erik Satie », en 1961 : « À cette époque, tous les jours dans Le Soir, paraissait une BD historique de quatre images par jour, sur toute la hauteur du journal (62 cm x 9,5 cm), avec le texte sous les images. C’était bien souvent illustré par des dessinateurs espagnols ou même par Albert Uderzo en a dessiné beaucoup… »
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Super article sur un super auteur, qui met en lumière des aspects très méconnus de son incroyable carrière. Bravo ! A quand un nouvel album d’Azara ?
merci pour cet article et hâte de lire la suite ! un grand, un très grand de la BD.
Superbe article sur un auteur qui sait garder toute la fraîcheur du jeune homme qui côtoya les plus grands. Témoin d’une époque, conteur enthousiaste, humoriste et fin gastronome, dessinateur hors pair (dont on attend un nouvel album), il ne faut pas manquer de rencontrer Jo L. sur les festivals ou ne pas hésiter à commander la série complète de ses albums, avec dédicace ou signature, si vous ne le croisez pas dans le Sud-Ouest, en Belgique, ou ailleurs…
Je me suis régalée à lire cet article grâce auquel j’ai appris plein de choses sur ta belle carrière Jo
Encore bravo
Super article pour un super bonhomme
Merci mon Jo pour tout ce que tu as amené à la BD
À bientot
Bravo Gilles pour ton dossier sur Azara, un type super que j’ai eu plaisir à côtoyer et j’ai une pensée pour Josette Baujot partie trop tôt.
on a beau connaitre des tas d »anecdotes racontées pendant les libations d’ »après festivals »on ne se lasse pas d’admirer encore des dessins et des planches oubliés dans ce dossier fort bien fait….
amitiés à toi l’ami et conserve tes bons yeux pour regarder les étoiles ….surtout une…
Bonjour,
pour l’album de la collection Kaléidoscope, l’éditeur est Espace Edition S.A. (belge).
Et comme pour le Lombard-Dargaud, il existe
- un tirage pour la vente en Belgique labellisé « Espace Edition S.A. »
- un tirage pour la vente en France, identique mais labellisé « Albin Michel », avec les mentions légales françaises supplémentaires (de dépôt légal et autres…)
Cordialement,
F. Dupeux
Merci pour vos précisions, je corrige dans le texte !
Bien cordialement
Gilles Ratier
A la fin des années septante,
« Le batracien aux dents d’or » était mythique et pouvait se vendre bien plus cher qu’aujourd’hui.
En revanche, « Le caméléoscaphe » a été soldé dans certaines grandes surfaces, avec la plupart des derniers « Jeune Europe » édités de 1973 à 1977. A un prix totalement dérisoire, mais ma mémoire me fait défaut.
Les Taka-Takata édités par Rossel/Dargaud ont été soldés à la même époque, vendus deux par deux sous plastique.
C’est ce qui m’a permis de les avoir et de les apprécier !
Mais qu’a donc bien pu réaliser Jo-El Azara dans « L’Affaire Tournesol », « Coke en stock », « Tintin au Tibet » et « Les Bijoux de la Castafiore » ?
Avait-il une spécialité ?
Je transmet votre question à Jo-El Azara… Lui seul peut y répondre aujourd’hui…
Bien cordialement
Gilles Ratier
C’est BOB DE MOOR, décorateur attitré de HERGÉ qui m’a enseigné l’art des décors, dans ces 4 albums, j’en ai dessinés beaucoup, je les dessinait uniquement au crayon et c’est BOB qui les mettait à l’encre de chine car il fallait qu’on reconnaisse la « patte » du Maître…
Takatakement vôtre !
JO-EL AZARA
Excellent article, excellent artiste
Je pensais connaitre l’homme et l’artiste mais je constate que ce trop discret belgo-gascon m’avait caché bien des aspects de sa personnalité de sa culture et de son talent.
Merci pour cet article et merci à Jo pour la fraicheur ,la jeunesse et la poésie qu’il nous offre chaleureusement.
Très bel article pour notre » Jo El national » qui a marqué ma génération BD. Sa sympathie et son humour sont à l’égal de son personnage. Nous attendons sincèrement un nouvel album …