Il semblerait que l’éditeur Altercomics, ait tenu ses promesses de faire un effort conséquent sur la traduction en langue française et l’orthographe des textes de certains fumetti du célèbre catalogue de Sergio Bonelli, qu’ils ont commencé à publier depuis le mois d’août (1) : preuve en est la parution des n° 2 disponibles depuis le 8 novembre… Nous en sommes vraiment heureux, notamment pour l’excellente série policière « Julia », scénarisée par Giancarlo Berardi et illustrée pour cet épisode par le virtuose Corrado Roi : voilà qui devrait ravir les amateurs de bandes dessinées populaires italiennes en noir et blanc !
Lire la suite...« Katanga T1 : Diamants » par Sylvain Vallée et Fabien Nury
Après avoir raconté le destin de Joseph Joanovici — juif roumain devenu l’homme le plus riche de France pendant l’occupation — dans « Il était une fois en France », le scénariste de la série télévisée « Guyane » sur Canal +, Fabien Nury (1), remet le couvert avec le dessinateur Sylvain Vallée, pour le meilleur (une fois de plus !)… avec une fiction féroce et cynique, basée sur des éléments véridiques qui se sont déroulés au Congo Belge, dans les années soixante.
Moins de deux semaines après la proclamation de l’indépendance du Congo, jusqu’à lors sous la domination coloniale belge, la riche province minière du Katanga fait sécession, avec l’aide d’une société… belge. Son sol recelant de gisements de cuivre, de diamants et même d’uranium, la déclaration de guerre est immédiate, chacun voulant s’approprier les territoires miniers. De nombreux massacres et exodes de civils s’ensuivent… Au cœur de ce conflit meurtrier qui justifie même l’envoi de Casques bleus sur place, un domestique noir profite du chaos ambiant pour mettre la main sur une précieuse valise contenant trente millions de dollars de diamants : un magot qui va rapidement attirer la convoitise de mercenaires sans foi ni loi.
Ce triptyque sur fond de guerre et de corruption démarre par neuf pages en cinémascope avec des phylactères en voix off, encadrées par la même case au début et à la fin : un procédé efficace, déjà utilisé par le talentueux scénariste dans sa série « Tyler Cross », qui a le mérite de mettre tout de suite le lecteur dans l’ambiance et de définir le contexte sans être trop didactique. Très vite, la narration va s’emballer et tous les ingrédients seront réunis pour un véritable jeu de massacre explosif !
Quant à Sylvain Vallée, dont le puissant style semi-caricatural est de mieux en mieux maîtrisé, il profite de ce dépaysement exotique pour libérer son trait et croquer quelques barbouzes sans scrupule ou politiciens véreux aux trognes reflétant parfaitement la cupidité humaine…
(1) Parmi nos plus récents articles sur Bdzoom.com, voir : Rencontre avec Fabien Nury et Brüno, « Comment faire fortune en juin 40 » par Laurent Astier, Xavier Dorison et Fabien Nury, « Tyler Cross T2 : Angola » par Brüno et Fabien Nury, « Fils du Soleil » par Éric Henninot et Fabien Nury, « L’Or et le sang T4 : Khalil » par Fabien Bedouel, Merwan, Maurin Defrance et Fabien Nury, « Mort au tsar T1 : Le Gouverneur » par Thierry Robin et Fabien Nury, « Silas Corey » T1 par Pierre Alary et Fabien Nury, « Il était une fois en France » T6 par Sylvain Vallée et Fabien Nury, « La Mort de Staline » T2 par Thierry Robin et Fabien Nury, etc.
« Katanga T1 : Diamants » par Sylvain Vallée et Fabien Nury
Éditions Dargaud (16,95 €) – ISBN : 978-2205-07455-0
Bravo à S. Vallée dont le style, en effet , s’approche de la perfection.
Mais que dire des dialogues, une fois de plus bâclés, comme c est devenu la règle chez Dargaud ?
Je ne comprends pas trop votre commentaire sur les commentaires baclés, vous pouvez expliciter?
Bonjour M.Dartay ; ce commentaire s’inscrit dans une longue complainte de ma part à propos de la dégradation continuelle des dialogues dans la BD française depuis plusieurs années, et plus spécifiquement , dans le groupe media participation. Bien sûr, il y a bien pire que Katanga. Mais justement, Katanga étant une BD de qualité, il faudrait que les dialogues soient au niveau. Par exemple, les mercenaires des années 60 ont tendance à parler comme des défavorisés de 2017, ce qui est ridicule ! Toujours les mêmes remarques : mots grossiers « gratuits » (pas appropriés), omission systématique du « ne » dans les négations, non inversion du sujet dans les interrogatives, « oubli » de l’imparfait dans les suppositions, répétition inutile du pronom personnel, etc…J’espère que Dargaud va se reprendre, et ne pas entrainer l’ensemble de la profession dans l’abîme ouvert béant par Marazano (voir son dernier « opus », « mémoires de la guerre civile », où dès qu’il s’agit d’être vulgaire et grossier, il sait trouver les ressources pour se surpasser).
Bonsoir Patydoc. L’album écrit par Nury ne me semble pas particulièrement mal écrit, après tout, il s’agit surtout de mercenaires français, donc il ne faut pas s’étonner qu’ils ne parlent pas vraiment comme dans les pièces de Molière! Ce sont des baroudeurs, ils n’ont pas forcément une licence de lettres! Quant aux Africains, il ne faut pas oublier qu’ils utilisaient surtout leur dialectes locaux, notamment parce que leur scolarité en écoles françaises était réduite, sauf pour les plus brillants. Je pense donc que Nury a surtout voulu fournir des dialogues réalistes pour l’époque.
OK ! Ca reste une BD intéressante … Les auteurs pourraient, si le succès est au rendez-vous, s’atteler à une saga de la RDC jusqu’à nos jours … Car il y a pas mal de matière romanesque à y puiser …(voir les livres de Lieve Joris chez Actes Sud ).