Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Bangalore » par Simon Lamouret

Bangalore est l’une des grandes villes du sud de l’Inde, mais bien moins touristique que ses voisines Pondichéry, Madurai ou Cochin, ou plus loin Bénarès et New Delhi… D’ailleurs, Simon Lamouret le dit d’emblée dans son introduction : ce « monstre de béton abrite trop peu de palais moghols et de bâtisses victoriennes pour satisfaire nos fantasmes orientalistes »… Alors, pourquoi en faire l’héroïne de cet album ?
D’abord parce que Bangalore est devenue en quelques décennies une petite ville de 800 000 habitants (en Inde, c’est petit !) : une étourdissante cité multiculturelle de 9 millions d’habitants, l’une de ces villes qui fascinent par sa démesure, son développement anarchique, sa démographie incontrôlable, sa corruption aussi. Soit ! Mais alors, comment rendre compte de tout cela en bande dessinée ?
C’est là que Simon Labouret entre en scène et vient créer du pittoresque dans ces « décors maladroits », saisissant de multiples saynètes typiquement indiennes, restituant fidèlement ce qu’on pourrait appeler des « tranches de rues » particulièrement savoureuses. L’Inde dans tous ses états, avec ses petits métiers, ses prises de tête, ses affrontements, ses contradictions…
Simon Labouret a observé en reporter posté et déterminé, à rendre compte de la vie ordinaire d’une ville extraordinaire : les pousse-pousse qui font la course, les chargements hétéroclites sur vélos et mobylettes ou l’incroyable coexistence de castes routières ! L’extraordinaire capacité à du linge sale ou d’une roue tordue de partir d’un point et de revenir propre ou réparée après une incessante chaîne humaine ! Les modes de vie aussi, ceux des femmes dans cette civilisation particulièrement machiste, les scènes de marché, chantiers, carrefours sous averse, conciliabules au coin d’un réverbère… Tout est là, dans la rue !
Simon Labouret montre plus qu’il parle ou fait parler. Nombre de ces séquences sont muettes, impression d’autant plus forte qu’il intercale des doubles pages représentant des quartiers animés ou des petits bouts de vie à l’écart de tout, mais toujours terriblement urbains. Immeubles et infrastructures routières compressent chacune de ces vues où l’auteur dessine méticuleusement les habitants et leurs habitudes. Il faut beaucoup de temps au lecteur pour inventorier chacun de ces panoramas grisés savamment. Simon Labouret est effectivement un as du crayon de papier et rien ne résiste à la mine de son crayon : visages, vêtements, enseignes, moyens de locomotion, architectures…
En 112 pages, le voyage est étourdissant et constitue un « portrait de ville » original, attentif et respectueux, car Simon Labouret y est resté trois ans (pour y enseigner le dessin, notamment) et c’est la raison pour laquelle les explications apportées en fin d’album pour chacune des histoires sont circonstanciées et très instructives.
Didier QUELLA-GUYOT, http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Bangalore » par Simon Lamouret
Editions Warum (22 €) – ISBN : 978-2-3653-5287-1
Bonjour Simon, j’aime tous les détails de ton travail dommage j’ai loupé la rencontre avec toi à l’IFA d’Agadir le mois dernier. Bien tentant ce pays et particulièrement cette région que je désire connaitre, une seule chose m’angoisserait je crois, pas la surpopulation, mais la surpopulation partout, pas un endroit ou se réfugier?