Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Nam-Bok » par Thierry Martin [d’après Jack London]

Une tribu du Grand Nord canadien vit, reculée, isolée, entre mer glaciale et montagnes, entre lac gris et sapins décharnés. On se croirait en hiver, mais c’est l’été. C’est alors que revient, vers ces habitants à la vie rustique, un des leurs depuis longtemps disparu et qu’on croyait mort ; sauf sa mère qui scrutait le rivage espérant un jour le voir revenir. Et le revoilà dans son kayak…
Nam-Bok débarque. Les habitants le reconnaissent, certes, mais on n’est pas sûr que ce ne soit pas un fantôme ou une ombre malveillante. Il finit par prouver sa réalité, mais à l’évidence il a beaucoup changé. Il a, par exemple, beaucoup de mal à manger la viande de phoque crue ! Cela dit, enfin accepté et écouté, il commence à raconter ce qu’il a vu au-delà de l’horizon, à évoquer son voyage et à distiller des récits extraordinaires. Mais les « étranges choses qu’il a vues » ne vont pas forcément séduire. Nam-Bok décrit en effet des bateaux gigantesques, sans pagaies puis « un monstre gros comme mille baleines » (un train), mais bien évidemment, on ne le croit pas : « Cela ne peut être, cela n’est pas dans l’ordre des choses… »
Nam-Bok, tout heureux de ce qu’il a découvert, continue pourtant d’évoquer l’Amérique, car c’est d’elle qu’il s’agit et c’est de là qu’il revient : l’Amérique des gratte-ciel et des moyens de transport gigantesques. Or, il n’est pas bon de venir brutalement montrer aux autres que leur vie est arriérée et que tout est bien plus évolué ailleurs, bien plus moderne. Nam-Bok va comprendre à ses dépens qu’il ne faut pas faire peur pour séduire ni éveiller les consciences sans ménagement.
Le récit de Jack London, « Nam-bok le hâbleur », sorte de fable finalement et belle leçon de vie, est très joliment mis en images par Thierry Martin qui a choisi un graphisme assez caricatural pour les personnages et des décors nettement plus évocateurs, plus travaillés. D’ailleurs, plusieurs séquences sont constituées de dessins pleine page commentés d’une voix off racontant l’expédition du narrateur ; des pages, essentiellement constituées de scènes de mers déchaînées, de loin les plus réussies.
À noter la parenthèse de planches muettes mettant en scène un renard qui rappelle (volontairement ?) la très belle adaptation du « Roman de Renart » que l’auteur a réalisée avec Mathis aux éditions Delcourt, il y a une dizaine d’années. Le dessinateur avait déjà opté pour une mise en images limpide et lumineuse laissant beaucoup d’espace au blanc et aux aplats très clairs.
Depuis quelque temps, Thierry Martin signe, aux éditions de la Gouttière, « Myrmidon » : une série de récits jeunesse muets, autour d’un gosse dont les changements de costumes le propulsent à chaque fois dans de nouveaux mondes. Quatre titres sont d’ores et déjà parus.
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Nam-Bok » par Thierry Martin [d’après Jack London]
Éditions Futuropolis (18 €) – ISBN : 978-2-7548-0364-9