Prix du meilleur album au festival Quai des bulles de Saint-Malo, cette monumentale fresque d’apprentissage en 280 pages en noir et blanc, où seules les mélodies apportent de la couleur, mérite vraiment votre attention ! C’est une quête initiatique, mise en scène par Édouard Cour (aux dessins) et Jean-Christophe Deveney (au scénario), qui nous plonge dans le Saint-Empire romain germanique du début du XVIIIe siècle. En suivant l’ascension, à la fois magnifique et tragique, de deux talentueux jumeaux orphelins — sur qui plane l’ombre d’un mystérieux compositeur allemand qui signe ses partitions des trois mots « Soli Deo Gloria » —, elle nous entraîne vers une méditation métaphysique sur le sens de la création, nous rappelant le pouvoir qu’a la musique sur les humains !
Lire la suite...Carali : entre humour et émotion…
Bonne nouvelle : deux albums signés Carali viennent de sortir ! Le premier évoque avec émotion sa jeunesse en Égypte puis au Liban, le second promet pour la septième fois une « Kolossale rigolade », avec l’adaptation à sa sauce de blagues de comptoirs. Deux facettes d’un auteur talentueux qui se double d’un éditeur indépendant et libre.
Carali, alias Paul Karali, est né le 30 décembre 1945 à Héliopolis en Égypte. La famille s’installe en 1960 au Liban, avant que Paul et son frère Édouard (le futur Édika) ne débarquent en France au début des années 1970. Dans « Odeur de brûlé », publié dans Siné Hebdo puis Siné Mensuel, Carali évoque sans ordre chronologique ses 25 années de jeunesse, vécues à Héliopolis puis à Beyrouth. La vie en famille, les copains, les petits évènements d’un quotidien pour nous exotique, les galères, les rencontres parfois hasardeuses, les petits et grands bonheurs… tout devient passionnant, émouvant, poignant, sous la plume alerte de Carali, excellent dessinateur mais aussi formidable conteur.
Contrairement au premier volume qui se limitait à la reprise des pages issues du journal de Siné, ce deuxième album (48 pages couleurs, format 25 x 34 cm) propose d’autres souvenirs plus récents, ceux contés tous les mois en guise d’édito par Carali dans son magazine Psikopat. Il y raconte ses premiers pas en France, « Docteur Tuttut », les débuts de la folle histoire du Psikopat avec la bande à Choron, les premiers albums édités, les salons de BD, les rencontres avec les lecteurs… On ne s’ennuie pas un instant à la lecture de ces étonnantes tranches de vie. Vite ! La suite.

Lorsqu’il ne nous régale pas avec ses merveilleux contes orientaux (« Les Contes d’un conteur » en trois volumes), ses personnages savoureux tels Docteur Tutut, Amédée Bill, Marie-Paule, Monsieur Paulot…, Carali prend plaisir à dessiner à sa manière les classiques blagues de fin de repas bien arrosés. Son trait caricatural, ses personnages aux gueules expressives, ses filles sexy, parviennent à faire passer les situations parfois lourdingues, bien loin du politiquement correct imposé par les donneurs de leçon, pourfendeurs de l’humour bête et méchant. « Tout se complique », septième album de « Kolossale Rigolade » (48 pages en couleurs), sans en avoir l’air, dit beaucoup de choses sur notre quotidien, certes en forçant parfois un peu le trait. Mais ça fait du bien ! Ces deux ouvrages sont disponibles en librairies mais aussi au Psikopat (Éditions du Zébu, 6, rue de l’Évangile, 75018 Paris, www.psikopat.com/boutique).
Henri FILIPPINI
« Odeur de brûlé » T2 par Carali
Édition Psikopat/Zébu (24 €) – ISBN : 9791094918128
« Kolossale Rigolade T7 : Tout se complique » par Carali
Édition Psikopat/Zébu (15 €) – ISBN : 9791094918111










