Les éditions Biscoto : des livres et un journal pour les jeunes lecteurs…

La bande dessinée jeunesse est bien vivante, multiforme, et créatrice d’ouvrages innovants et décapants. De petites maisons d’éditions sont à l’avant-garde de ces recherches graphiques et narratives. Les éditions Biscoto font ainsi découvrir, tous les mois, de nouvelles histoires à des lecteurs de huit à 13 ans, dans un journal éponyme. Elles publient aussi des livres de grandes qualités. Catherine Staebler, la co-éditrice de Biscoto, nous en dit plus sur le sujet.

En janvier 2013 parait le premier numéro de Biscoto, un mensuel à l’attention de jeunes lecteurs dès huit ans. Depuis, chaque numéro propose des bandes dessinées, mais aussi des jeux, des blagues, des tests, des documentaires, un poster, un feuilleton… toujours en lien avec le thème du mois, et pas de publicité.

En 2015, sort le premier livre des éditions Biscoto. Depuis, des dizaines de bandes dessinées sont parues et le travail de fond de la maison d’édition angoumoisine a été reconnu par le Fauve de la BD alternative au festival d’Angoulême 2017. Nous avons voulu en savoir plus sur cette sympathique et dynamique maison d’édition, en interviewant sa coéditrice Catherine Staeble, laquelle a pris sur son temps, pourtant compté pendant le festival du livre jeunesse de Montreuil, pour nous répondre. Nous la remercions vivement de sa disponibilité.

BDzoom.com : Bonjour Catherine Staebler, pouvez-vous vous présenter ?

Catherine Staebler :  Je suis coéditrice de Biscoto éditions, avec ma sœur Julie qui l’a co-fondé avec Suzanne Arhex en 2013.

Pendant mes études en design graphique, je participe déjà au journal avec un petit strip, puis, plus tard, je deviens coéditrice avec Julie.

Je suis donc aussi graphiste, et illustratrice, et je fais la rubrique des bricolages tous les mois dans le journal, ce qui a donné lieu à un livre : « L’Atelier des bidouillages ».

Le mensuel Biscoto de novembre 2023

BDzoom.com : Biscoto c’est quoi : un journal ou une maison d’édition ?

Catherine Staebler : Biscoto, au départ, c’est un journal mensuel de bande dessinée et d’illustration pour les enfants de 8 à 13 ans. Pendant quatre ans, il y a eu le journal, avec sa diversité d’auteurs tous les mois, dans toutes les rubriques qui forment le journal. Parmi ces rubriques, il y a le feuilleton à suivre : quatre pages d’une histoire qui court sur l’année scolaire, de septembre à juillet. Au bout de ces 11 numéros, il y a une histoire complète, et c’est ainsi que nous avons commencé à publier des livres : notamment en faisant un album de l’histoire complète avec « Le Meilleurissime Repaire de la Terre » d’Oriane Lassus. À ce moment-là, avec cette décision de publier des livres, nous devenons effectivement une maison d’édition. Nous publions aussi des projets qui ne sont pas en préparation dans le journal, et des albums illustrés.

BDzoom.com : Quelle est la ligne éditoriale de votre mensuel ? À quel lectorat s’adresse-t-il ?

Catherine Staebler : Biscoto est un journal mensuel, qui s’adresse aux huit-13 ans et qui explore chaque mois un thème différent. On y trouve des bandes dessinées, des histoires à suivre, un livrikiki (mini-récit à découper et assembler en mini-livre), des jeux, des documentaires, des activités, et beaucoup d’humour tout en défendant des valeurs anti sexistes et anti racistes ! Biscoto se définit comme un laboratoire d’exploration graphique accessible aux plus jeunes. Nous défendons un vrai travail d’auteur, nous collaborons avec des artistes dont nous admirons le travail, et essayons de les laisser les plus libres possible dans leurs créations. Nous pensons qu’offrir à regarder des images non formatées et audacieuses a des répercussions positives au-delà de la diversité visuelle, pour une meilleure appréhension de la diversité en général. On espère que cela contribue à donner envie de connaître des choses différentes de celles dont on a l’habitude et vers lesquelles on irait « à priori ».

Le choix du support journal et du format tabloïd est arrivé très tôt dans nos envies et choix éditoriaux, pour plusieurs raisons. D’abord parce que nous voulions créer un objet accessible au plus grand nombre, et que ce support permet un prix de vente relativement bas et démocratique.
Ensuite, c’est un support qu’on affectionne beaucoup pour son côté simple et sans prétention, on peut lire un journal avec de la confiture sur les doigts, on peut le plier, on peut écrire dessus, le laisser dans le bus pour son voisin, c’est très bien, ce n’est pas un objet de collection, ce qui est important c’est qu’il soit lu. Tout ça dédramatise la lecture, et on s’aperçoit très vite que les enfants trouvent amusant d’avoir leur journal, comme les grands. Et puis ça fait de grandes pages pour mettre de grandes images, pour laisser champ libre au dessin et y plonger.

BDzoom.com : Depuis 2017, vous éditez des bandes dessinées pour de jeunes lecteurs. Comment choisissez-vous parmi les projets que vous recevez ceux qui seront édités ?

Catherine Staebler :  Au coup de cœur ! Nous publions entre six et huit livres par an, c’est peu mais c’est l’assurance pour nous de pouvoir accompagner chaque projet de sa création à sa diffusion avec la plus grande attention. Le catalogue se divise à peu près entre un tiers d’albums jeunesse et deux tiers de bandes dessinées jeunesse. Nous aimons être surprises et sommes particulièrement attentives à la très jeune création, ce qui ne nous empêche pas de publier également des auteurs et autrices confirmées. La qualité des histoires, la densité des récits est particulièrement importante pour nous.

« Une recette de grand-mère » page 2, récit long du mensuel Biscoto de décembre.

BDzoom.com : Quels sont les titres vedettes de votre jeune catalogue ?

Catherine Staebler : Ha, c’est difficile évidemment de répondre à cette question, car nous tenons de façon égale à tous les titres que nous publions. On ne peut évidemment pas nier qu’il y a des titres qui ont plus de succès commercial que d’autres, mais selon nous, cela ne valide ou n’invalide pas les qualités artistiques d’un livre.

BDzoom.com : Quels titres conseilleriez-vous pour un cadeau pour Noël à un jeune lecteur ? Vous pouvez proposer plusieurs titres suivant l’âge du lecteur.

Catherine Staebler : « L’Année extraordinaire » est une bande dessinée d’Ariane Hugues pour lecteurs entre six et dix ans. On y rencontre Sparadra, une jeune sorcière, et Ada, une petite fantôme, vivent ensemble dans un grand manoir. Cette année, le Grand Conseil magique confie une mission de haute importance à Sparadra : créer un nouveau rituel pour réguler un climat devenu capricieux. Elle s’y attelle avec tant de sérieux qu’elle en oublie son amie Ada qui n’a qu’une envie : faire des fêtes et passer du temps avec elle. Cette petite fantôme joviale parvient à convaincre Sparadra de la laisser l’épauler dans l’accomplissement du rituel. Malheureusement, lorsqu’Ada entre en contact par mégarde avec la potion en préparation, les choses ne vont pas se dérouler comme prévu pour les deux amies, qui se retrouvent propulsées dans une folle aventure !

« L’Année extraordinaire » page 11.

Dans cette première bande dessinée jeunesse, Ariane Hugues développe un récit haletant autour de la coopération et de la lutte pour un monde meilleur. Avec ses deux personnages aux tempéraments si différents, et une galerie de personnages secondaires non moins importants, elle évoque la difficulté d’être amis et de se faire confiance lorsque le monde s’évertue à nous faire croire que tout nous sépare, et place l’idée de la force collective au centre de l’aventure. Un album empreint de magie et d’aventure qui agite des questions contemporaines et fait écho aux préoccupations actuelles de beaucoup d’enfants et d’adolescents concernant les problématiques environnementales et le réchauffement climatique.

« Ce n’est pas tous les jours facile » est un album écrit et illustré par Élisabeth Corblin, qui fera autant rire les enfants à partir de quatre ans, que les parents qui partageront ce moment avec eux. Élisabeth raconte une journée bien étrange, où le point de vue et les règles, qui régissent l’organisation du quotidien entre adultes et enfants sont inversés !

Avec son dessin où fourmillent des détails absurdes et drôles, on passe du temps à contempler chaque double-page à la recherche de chaque trouvaille que fait Élisabeth en observant le quotidien et en lui donnant cette valeur humoristique et pleine de poésie.

« Ce n’est pas tous les jours facile » pages 20-21.

« Fourmillon » est également un album illustré grand format écrit et illustré par Charlotte Lemaire.

Avec un texte toujours aussi sensible et poétique, Charlotte Lemaire aborde dans ce nouvel album la difficulté d’être le plus petit. On suit Pascalutin dans son potager, et sa rencontre avec Fourmillon, qui est tombé au milieu des radimmenses, alors qu’il cherchait à atteindre le ciel pour voir passer la comète.

Les deux vont alors former une équipe, et une amitié, chacun avec des caractères très différents, afin de trouver comment attirer la comète à eux.

 

 

BDzoom.com : Biscoto ce n’est pas qu’un journal et un catalogue de bandes dessinées pour la jeunesse de qualité, vous proposez aussi des ateliers et des expositions. Parlez-nous un peu de ces deux activités.

Catherine Staebler : Nous nous déplaçons régulièrement dans des classes ou sur invitation de centres d’art ou de festivals, pour mener des ateliers autour de la presse. Dans ce cadre nous accompagnons les enfants afin de les aider à créer leur propre journal et à travailler en équipe autour d’un thème. Nous créons aussi des expositions, parfois autour de livres parus (comme pour « Le Meilleurissime Repaire de la Terre » d’Oriane Lassus et « Anna qui chante » de Sonia Paoloni et Éloïse Rey), ou à propos du journal Biscoto, pour en expliquer la création et la fabrication, le travail avec les auteurs et autrices, cette exposition fait entrer les visiteurs et visiteuses dans les coulisses du journal !

« Fourmillon » pages intérieures.

BDzoom.com : Un dernier mot pour évoquer vos projets pour 2024 pour le journal et en BD jeunesse.

Catherine Staebler : En 2024, Biscoto poursuit sa route avec onze numéros à paraître ; on commencera l’année avec un concert d’éternuements et un numéro intitulé « Atchoum! ». Nous lançons Minimaxilivrikiki une nouvelle collection qui compile des mini-récits prépubliés dans le journal. Le premier sort en février, et nous avons sélectionné des histoires qui explorent les relations d’amitié, d’amour, il y est beaucoup question d’émotions et de grands sentiments, mais comme toujours chez Biscoto, ça ne va pas sans une grande bouffée d’humour et de rigolade. Un deuxième volume paraitra en octobre qui reprendra des récits pour frissonner (de peur ?!) à l’approche de l’hiver.

« Une recette de grand-mère » page 3, récit long du mensuel Biscoto de décembre.

Nous publierons également avec beaucoup de joie « Les Vacances de Nana et Nini » : une bande dessinée de Margot Farnoux, dont c’est le premier livre. Les aventures rocambolesques de deux amies en vacances chez la grand-mère de l’une, vacances ponctuées de nombreuses bêtises toutes plus drôles les unes que les autres. Un premier album fourmillant de détails et avec une énergie et une bonne humeur communicative, entre « Tom-Tom et Nana » et « Mimi Cracra » !

Laurent LESSOUS (l@bd)

« L’Année extraordinaire » par Ariane Hugues

Éditions Biscoto (16,00 €) – EAN :  978-2-3796-2098-0

Parution 15 septembre 2023

« Ce n’est pas tous les jours facile » par Élisabeth Corblin

Éditions Biscoto (16,00 €) – EAN :  978-2-37962-096-6

Parution 18 août 2023

« Fourmillon » par Charlotte Lemaire

Éditions Biscoto (18,00 €) – EAN :  978-2-3796-2303-5

Parution 20 octobre 2023

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