Pat’Apouf : un délicieux parfum de nostalgie…

C’est avec une belle régularité que les éditions du Triomphe proposent chaque année un nouvel album des enquêtes de Pat’Apouf. Flanqué de son neveu Jacky, le détective rondouillard est le héros d’un récit inédit en album, à la fois exotique et mouvementé. Un délicieux parfum des années d’après-guerre où la bande dessinée était présente partout,pour le plus grand plaisir des jeunes lecteurs avides d’évasion, à une époque sans écrans où les distractions étaient rares.

Pat’Apouf et Jacky poursuivent leur long séjour en Boldovie : un petit État sud-américain imaginaire où les bandits de tout poil ne manquent pas. Une panne de voiture, alors qu’ils partent chasser dans une région désertique, les conduit dans une étrange propriété isolée, protégée par une fosse où grouillent des serpents. L’attitude suspecte de Makamo,l’homme à tout faire de Luciano Tiberti — le propriétaire des lieux, occupé à préparer un opéra —, intrigue nos deux héros. Sous cette couverture se cachent deux trafiquants de fausse monnaie que leur présence dérange. Bien décidés à mettre un terme à ce trafic, Pat et Jacky se lancent dans une folle poursuite, n’hésitant pas à utiliser voitures, camions, bateaux et même scooter. Une aubaine pour leur ami le commissaire Mérinos, qui traquait les malfaiteurs depuis longtemps sans parvenir à les capturer.

Ce récit de 34 pages de cinq bandes, publié par l’hebdomadaire Le Pèlerin de juillet 1961 à février 1962, sent bon les histoires des années cinquante. Considérée à tort aujourd’hui comme simpliste, elle possède tous les ingrédients pour réveiller la nostalgie chez de nombreux lecteurs. Gervy propose un scénario riche en surprises, certes parfois un peu naïf, mais tellement mouvementé ! Cet album qui porte le no 29 est inédit, la Maison de la Bonne Presse (devenue Bayard Presse en 1969) ayant cessé la publication d’albums en 1959…

« Pourquoi ? » dans Guignol (1935).

En complément de la bande dessinée, Dominique Petitfaux — à qui l’on doit cette collection — présente un dossier érudit de dix pages agréablement illustrées, consacré à la bibliographie complète de Gervy, dont la carrière fut riche bien au-delà de Pat’Apouf. (1)

Un album patrimonial bienvenu en une période où les rééditions des bandes dessinées du passé se font de plus en plus rares ou bien en tirages confidentiels imposant des prix trop souvent exorbitants.

Né en 1908 à Blaye en Gironde, Yves Desdemaines-Hugon est élève des Beaux-Arts de Bordeaux avant de se tourner à partir de 1926 vers une carrière de dessinateur.

Signant rapidement sous le pseudonyme Gervy — assemblage des lettres de son prénom et de celui de son épouse, Germaine Desroches —, il commence sa carrière en réalisant des dessins pour la presse dès 1930.

Il entame une longue collaboration avec la catholique Maison de la Bonne Presse en 1936, laquelle se poursuit jusqu’à son départ à la retraite en mai 1973.

« Les expériences de Zizou » dans Lisette (1937).

Bien que « Pat’Apouf », créée en 1938, soit sa série la plus marquante, Gervy a travaillé pour de nombreux journaux de l’époque : Rustica, Guignol, Pierrot, Lisette,Bayard, Bernadette, Fripounet et Marisette…

« Alain du Far-West » (1954).

Ou encore Petit Belge (devenu Tremplin), où il anime les aventures de Ritou jusqu’en 1978

Il décède à Périgueux en 1998.

Son trait bon enfant, sans prétention, d’une grande simplicité, a fait le bonheur de plusieurs générations de lecteurs jeunes… et moins jeunes puisqu’il était prépublié par un hebdomadaire au tirage important destiné à leurs parents.

Henri FILIPPINI

(1)  Voir aussi sur BDzoom.com : Pat’Apouf : détective d’un autre temps !Pat’Apouf et Cie : le patrimoine BD à l’honneur au Triomphe !« Pat’Apouf » et « Sylvain et Sylvette » : exemples du riche patrimoine chrétien en BD…Gervy et Wininger : deux albums pour ne pas les oublier…Pat’Apouf et Cie au Triomphe…« Pat’Apouf » de Gervy, une bande dessinée typique de son temps : première partie« Pat’Apouf » de Gervy, une bande dessinée typique de son temps : deuxième partieEt Pat’apouf adopta Jacky !Trois classiques du patrimoine chrétien…Encore, et toujours, de belles rééditions patrimoniales…Des nouveautés franco-belges venant directement du passé !« Pat’Apouf détective » à Angoulême !Dernières nouvelles du passé ! et « Pat’ Apouf détective ».

« Ritou reporter » dans Petits Belges (1959).

« Pat’Apouf T29 : La Maison aux serpents » par Gervy

Éditions du Triomphe (16,95 €) — EAN : 978-2-3838-6073-0

Parution 29 mars 2024

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6 réponses à Pat’Apouf : un délicieux parfum de nostalgie…

  1. Henri Khanan dit :

    L’hebdo catho Le Pélerin a publié pendant des dizaines d’années des BD à suivre à raison d’une page par semaine. PatApouf était une création originale, mais il y avait aussi des reprises d’Astérix et de Tanguy, entre 1965 et 1978.
    Merci aux éditions du Triomphe de reprendre enfin en album cette histoire!

  2. Olivier Northern Son dit :

    Pas toujours des reprises : Astérix chez les belges était une exclusivité et a connu une pause à la mort de Goscinny. Achille Talon et les chevaliers du ciel aussi parfois…
    (Avec là aussi une pause au décès de l’épouse de Patrick Serres)

    Le point faible de la Bonne Presse, c’était les albums.
    C’est chose réparée, par les éditions du Triomphe, malheureusement un peu tard pour un succès populaire.

    Mais ne boudons pas notre plaisir !

  3. Dominique TARDIVEL dit :

    Il y avait aussi, dans les années 60, et au début des années 70, les aventures de Jep Reporter illustrées par Jorge Domenech de même que celles de Frère Boileau (jusqu’au 31 mars 1974) adaptées des romans policiers du Père Guichardan, rédacteur en chef du « Pèlerin ». Pour Astérix, ça a été de 1962 à 1977, (décès de Goscinny), pour Tanguy, de 1967 à 1975 puis de 1982 à 1984. Il y a eu aussi Achille Talon, pour cinq histoires inédites, de 1978 à 1982.

  4. Dominique TARDIVEL dit :

    Avec son intrigue bien conduite, ses multiples rebondissements, « Pat’ Apouf et la maison aux serpents » est, assurément, une des meilleures histoires du détective. A (re)découvrir!

  5. Dominique TARDIVEL dit :

    Pour répondre à Olivier, la fin d’ « Astérix chez les belges » n’a jamais été publiée dans « Le Pèlerin ».
    Et ils n’ont vraiment pas eu de chance : outre Goscinny et l’épouse de Patrice Serres, Jean Ache, successeur de Gervy, est décédé en 1985 pendant la publication de « La perle noire de Gengis Kahn ».

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