Ils sont effectivement six, dans les années 1850 : en comptant Kid, un garçon rendu borgne lors du massacre de sa famille. Alors que Kid doit se rendre dans les Black Hills (Dakota du sud) pour récupérer un document très important sur une mine d’or dont il a hérité (mais qui serait maudite), il promet à une prostituée, à un déserteur de l’armée, à un esclave en fuite, à une religieuse qui a quitté les ordres et à un Indien renégat de les couvrir d’or s’ils l’accompagnent…
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« Pilote : la naissance d’un journal »… n’est pas un long fleuve tranquille !
Pilote est un nom bien connu des amateurs de bandes dessinées. Combien connaissent les détails de sa longue gestation et les hommes qui l’ont mis au monde ? Au fil de cet ouvrage documenté, quatre passionnés se penchent sur le berceau de cet hebdomadaire pas comme les autres, qui a grandi avec ses lecteurs. « Pilote : la naissance d’un journal » est un voyage nostalgique pour certains qui — comme le signataire de cet article — l’ont lu dès son premier numéro, et une découverte pour les jeunes générations. Indispensable pour les uns comme pour les autres !
François Clauteaux, né à Nantes le 29 janvier 1920 dans une famille fervente catholique, découvre les journaux Pierrot, Guignol et surtout Benjamin, lancé en 1929 par Jaboune (alias Jean Nohain, dont le vrai nom était Jean Marie Pierre Étienne Legrand).
Le jeune homme s’intéresse peu aux bandes dessinées, mais surtout aux pages magazine.
Très vite, il est obsédé par l’idée de créer un Paris-Match pour les juniors.
Dès la Libération, il projette de lancer une revue — déjà baptisée Pilote —, mais ne trouve pas le financement.
Il se lance avec succès dans la publicité chez L’Oréal-Monsavon, puis à Radio Luxembourg.
Jean Hébrard, né le 15 août 1924, est le fils d’un ancien garçon de café devenu le propriétaire du Grand Café, place de la Bourse à Paris.
Diplômé de Sciences Po en 1944, il s’engage dans la 2e DB du général Leclerc, fait la campagne d’Alsace et participe à la libération de Strasbourg.
Il intègre la maison Lanvin comme directeur de la publicité et rejoint, en 1952, la World’s Publicity Press de Georges Troisfontaines.
Au sein de cette société, qui, entre autres activités, fournit des bandes dessinées à Spirou, il fait la connaissance de Jean-Michel Charlier, René Goscinny et Albert Uderzo.
Goscinny, « chassé » de la World en 1956 pour avoir conduit une révolte des auteurs, est rejoint par ses amis Uderzo et Charlier, démissionnaires.
Ayant hérité de sa défunte mère du Café de la Bourse en 1955, Jean Hébrard utilise le pécule de sa vente pour lancer Édifrance, avec le concours des trois auteurs.
Spécialisée dans la création de magazines sponsorisés par la publicité, la structure anime Pistolin, Milliat frères, Jeannot…
Puis projette la création d’un supplément BD destiné à la grande presse.
En 1958, Clauteaux, Hébrard, Charlier, Uderzo et Goscinny songent à la création d’un journal réalisé avec le concours financier et publicitaire de Radio Luxembourg. Ce sera Pilote !
Cet ouvrage de 320 pages conte l’histoire incroyable de la première année de l’hebdomadaire né de l’imagination d’un rêve de gosse, de ceux qui l’ont conçu, de ses difficultés financières et de sa vente hasardeuse à Georges Dargaud.
On peut suivre les itinéraires de François Clauteaux et de Jean Hébrard ou découvrir le monde de la publicité à Radio Luxembourg, avec ses animateurs vedettes : Zappy Max et Marcel Fort, mais aussi Remo Forlani, Raymond Joly, le « Petit Rodolphe » (fils de François Clauteaux), Guy Bertret, Jacques Ledrain et bien d’autres.
Point d’orgue de l’opération : le lancement du journal, le 29 octobre 1959.
En annexe, on découvre ce que sont devenus les protagonistes de cette aventure. Christian Godard, probablement l’unique survivant de cette épopée, en signe l’émouvante préface.
Auditeur de Radio Luxembourg et de ses feuilletons, de l’émission Champion — devenue Pilote en 1960 —, lecteur du journal dès son premier numéro, c’est avec beaucoup d’émotion que votre serviteur a lu ce superbe bouquin, retrouvant des noms familiers, des images oubliées.
On peut y découvrir la reproduction des divers numéros zéro,ainsi que celle des 32 pages du premier numéro de Pilote.
Un petit regret nostalgique, peut-être un oubli : ne pas y retrouver « L’Homme à la voiture rouge », le feuilleton d’Yves Jamiaque que je suivais avec passion tous les soirs vers 17 heures en rentrant du collège. Comme « Ça va bouillir » ou « Bison noir », ce polar pour la jeunesse a été publié dans Pilote sous forme de roman.
Christian Kastelnik (l’auteur de « René Goscinny et la brasserie… des copains »), Patrick Gaumer (l’historien de la BD que l’on ne présente plus), Clément Lemoine (l’auteur de « Goscinny à New York ») et Michel Lebailly (le créateur des éditions La Déviation) signent cet ouvrage au format imposant : 24 x 32 cm).
Il est consacré à une aventure éditoriale unique et une formule révolutionnaire, qui s’est sérieusement transformée lorsque Pilote s’est mis à réfléchir (mais ça, c’est. une autre histoire que le quatuor n’aborde pas).
Henri FILIPPINI
« Pilote : la naissance d’un journal » par Christian Kastelnik, Patrick Gaumer, Clément Lemoine et Michel Lebailly
Éditions La Déviation (50 €) — ISBN : 9-791-0963-7358-1
Parution 23 avril 2024
L’œuvre d’une vie d’un pilotophile, Christian Kastelnik. Près de 25 ans.
Bravo à lui et merci aux autres protagonistes de l’avoir soutenu, dans la dernière ligne droite, afin de sortir ce qui pourrait être LE livre de l’année. En fait, il le devrait.
;o)
Mariano
Oui c’est exact le premier contact de recherche débute en 1996 avec des correspondances échangées entre Mr Charlier Phillipe et moi même puis également avec François Clauteaux, Rodolphe Clauteaux, Christian Godard premier pilier artistique du groupe de fondation ayant œuvré sur le n°0 et ses prémaquettes
La suite fut un blog vers juin 2012 très entretenu et documenté jusqu’en 2017, blog détruit pour cause de pillage d’informations retrouvées par la suite dans des magazines; Puis la même année l’attaque réelle de l’écriture du canevas de l’ouvrage ,lentement précautionneusement j’ai mis bout à bout documents relevés en tous genres .En 2022 ayant fait le tour de tout ce que je pouvais employer comme matière et peau finement du livre , je le sentais imparfait sur la syntaxe ,le découpage et la documentation encore trop incomplète ,c’est à ce moment là qu’entrèrent en scène les précieux professionnels : Patrick Gaumer Historien écrivain qui repris le cahier de A à Z , Clément Lemoine chercheur documentaliste et archiviste, enfin l’éditeur de mon précédent ouvrage Michel Lebailly passa des mois entier à gérer la future édition du livre à découper ,ramifier ,synthétiser et donner une texture magnifique apportant un confort de lecture et de compréhension hors normes .Sans orgueil aucun , je suis content de nous quatre , on a fait quelque chose de vraiment bien et utile .
Un livre tant espéré, pour toute la grande histoire de la BD !! Merci aux réalisateurs !!
Kroustilyion
Je vous remercie pour l’attention portée envers notre ouvrage écrit en chorale, je me plais à espérer que cet ouvrage soit le référentiel de la préhistoire d’un des journaux pour jeunesse les plus importants du xx -ème siècle.
Le patrimoine de la Bd se devant d’être préservé nous y aurons contribué avec passion et pour votre plaisir .
Merci Christian d’avoir initié ce travail, et merci à tous les auteurs pour cette somme qui deviendra un incontournable dans l’histoire de la Bande Dessinée.
Je vous propose de lire sur le forum Goscinny une interview croisée de Michel Lebailly et Clément Lemoine : https://goscinny.1fr1.net/t329-pilote-la-naissance-d-un-journal