« Les Aventures de Gérard Crétin » est une bande dessinée en une page proposée dans le mensuel Mikado des éditions jeunesse Milan, entre 1989 et 1994, et c’est la première série de gags que l’immense Florence Cestac (1) a créée spécifiquement pour la presse ! Son antihéros a tendance à être vantard et gaffeur : il croit souvent savoir tout faire mieux que les autres et être le meilleur en tout… Mais il est quand même attachant, car terriblement naïf ! Ainsi, il enchaîne les situations hilarantes et embarrassantes, incarnant, avec une tendre absurdité, certains travers humains. Le trait de la reine du gros nez en BD y est déjà unique, même si elle juge avoir fait quelques progrès depuis. Mais comme le dit elle-même : « un petit coup de nostalgie, ça ne peut pas faire de mal ! »
Lire la suite...L’inspecteur Daniel Jaunes est de retour !

Après trente ans d’absence, le flic dépressif de Tito et Jan Bucquoy, qui fit les beaux jours du mensuel Circus, revient le temps d’un beau livre largement illustré et préfacé par l’incontournable Jean-Pierre Dionnet : « Une année en enfer ».
Créé en février 1980 dans l’éphémère magazine Aïe, la série policière « Jaunes » se poursuit la même année, dotée de couleurs, dans le Circus des éditions Glénat qui en poursuivront la publication le temps de sept albums, jusqu’en 1989, dont un (« Le Transfert slave ») verra quelques-uns de ses phylactères censurés, seulement en Belgique, pour manque de respect à la famille royale d’outre-Quiévrain.
Les scénarios sulfureux du futur réalisateur de cinéma post-surréaliste et situationniste belge Jan Bucquoy, qui connut son heure de gloire dans les années quatre-vingt avec des séries dessinées par Tito, Jean-François Charles, Jacques Santi, Marc Hernu, Marianne Duvivier… — ou avec une « Vie sexuelle de Tintin » —, et le graphisme clair et élégant du dessinateur d’origine espagnole Tiburcio de la Llave, qui signe Tito (« Tendre Banlieue », « Soledad »…), ont su mettre en valeur le parcours en dents de scie de ce fragile officier de police qui subit plus qu’il ne mène des enquêtes : son histoire personnelle se mêlant à celle de la Belgique des années sombres, car son père a été dénoncé comme juif, puis exécuté, par les rexistes pendant la dernière guerre.
Dans cette longue nouvelle de plus de cent pages (enluminées par une trentaine de superbes dessins dont la plupart s’étalent sur deux pages consécutives), l’ex-capitaine de la BSR, auréolé de ses fiascos retentissants dans les dossiers des tueurs du Brabant et de l’affaire Dutroux, est nommé commissaire, à l’âge de 54 ans, à la tête de la PJ de Mons : un beau placard doré pour cet homme usé par ses relations difficiles avec la hiérarchie et par ses échecs sentimentaux. Pour ce nouveau poste, il est accueilli par une belle collègue à l’abondante chevelure rousse, le jour même où huit sacs contenant des restes de corps humains dépecés sont trouvés à Cuesmes.
Un livre passionnant édité par Hervé Algrain – le responsable des éditions du Désastre immobile —, soutenu par la fondation Moons 2025, et préfacé largement par un érudit Jean-Pierre Dionnet en grande forme qui, comme à son habitude, nous parle de tout, sauf du livre…
C’est pour cela qu’on tente, aujourd‘hui, de le faire à sa place !!! Rires !
Gilles RATIER
« Une année en enfer » par Tito et Jan Bucquoy
Éditions Désastre immobile (20 €) — ISBN 978-2-9602233-0-9