« Champignac » met à l’honneur l’un des personnages les plus généreux et des plus attachants de la galaxie « Spirou », en dévoilant son passé dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, avant qu’il rencontre le héros donnant son titre au journal des éditions Dupuis. Outre le fait de divertir efficacement, le but de cette série dérivée est de vulgariser des sujets scientifiques et sociologiques pour toucher les jeunes lecteurs. Dans cet encore très réussi tome 4, où un Pacôme irritable et dépressif croise d’éminents confrères de l’époque (Einstein, Feynman ou Oppenheimer, récemment mis en lumière avec le film de Christopher Nolan), les Béka et David Etien abordent, avec authenticité et psychologie, le problème de la fabrication de la bombe atomique, à laquelle notre original mycologue va inconsciemment contribuer…
Lire la suite...Le nouveau Zep et Bertail va vous transporter !

À quoi ressemblera la vie des Parisiens, dans exactement un siècle ? D’après Zep, le créateur de la série juvénile et humoristique « Titeuf » — mais aussi de remarquables one-shots plus réalistes et philosophiques (1) —, le XXIIe siècle sera technologique : le virtuel ayant pris, peu à peu, le pas sur le réel. Ce sera l’époque du transport dématérialisé instantané : un monde déshumanisé qui est remarquablement mis en images, dans ce « Paris 2119 », par le biais du trait moebiusien de Dominique Bertail !
Donc, en cette année 2119, tout est connecté et les individus sont systématiquement scannés et reconnus dans les espaces publics ou privés : les clones, les drones et les hologrammes étant le quotidien de chacun. Pourtant, le jeune écrivain Tristan Keys, nostalgique d’un temps où la virtualisation ne s’était pas encore généralisée dans les échanges humains, préfère, quant à lui, se déplacer en métro ou à pied, dans cette capitale sombre et pluvieuse.
Il s’est même juré de ne jamais entrer dans l’une de ces satanées cabines individuelles de téléportation dépendantes d’un système de transport nommé TranScore ; ceci afin d’être l’un des rares humains à pouvoir encore garder les pieds sur terre. D’autant plus qu’il va être le témoin d’anomalies concernant cette technique numérique soi-disant infaillible : il va alors mener une enquête pour en savoir un peu plus, malgré les contre-indications des autorités et de son entourage, notamment celles de sa compagne Kloé qui est une adepte convaincue de ces facilitants déplacements intercontinentaux.
Continuant d’alterner les récits de jeunesse et les albums plus adultes, Zep souhaite, depuis longtemps, aborder le genre science-fiction pour nous inciter à nous poser des questions sur notre monde d’aujourd’hui. Or, dans cette fable futuriste, où il réussit à maintenir un bon équilibre entre réflexion et divertissement, cet auteur exigeant satisfait son ambition, en transposant à peine les tendances sociétales actuelles.
Comme à son habitude, il nous propose un scénario très fluide, au découpage aéré et bien construit : un récit d’anticipation où son complice Dominique Bertail a totalement imaginé graphiquement le Paris de demain. Pour ce faire, il a mis en place un dessin aussi sensible que figuratif qui permet une cohérence esthétique où remontent les nombreuses influences de quand il était adolescent, vers la fin des années 1980.
(1) Voir nos récentes chroniques sur BDzoom.com : « The End » par Zep, « Infinity 8 T1 : Romance et Macchabées » par Dominique Bertail, Lewis Trondheim et Zep, « Un bruit étrange et beau » par Zep, « Esmera » par Vince et Zep, « Une Histoire d’hommes » par Zep et Zep, figure de proue de Rue de Sèvres, la nouvelle structure éditoriale BD de Louis Delas.
« Paris 2119 » par Dominique Bertail et Zep
Éditions Rue de Sèvres (17 €) — ISBN : 978-2369812159
Je vois plus Bilal que Moebius, pour ma part ; notamment la directrice de publication, qui apparaît dans l’extrait ci-dessus…
Oui, Dominique Bertail parle, dans différents interviews, autant de son influence de Moebius que de celle de Bilal pour son graphisme dans cet opus. Mais comme Bilal a été beaucoup influencé lui-même par Moebius (surtout à ses débuts), le qualificatif Moebusien ne me semble pas du tout incongru !
Bien cordialement
Gilles Ratier
Zep, à mon goût, se disperse trop, et ses scénarios me semblent faiblards. Cet album m’est tombé des mains, il sonne creux…