« Grainelier » : un métier d’avenir ?

L’auteure de « 10 count » nous entraîne dans un monde imaginaire où les graines renferment un pouvoir quasi infini. Plus qu’une monnaie d’échange, c’est tout un écosystème qui tourne autour de ces semences. Un monde de Fantasy médiévale avec des accents modernes et une bonne dose de science-fiction.

Dans ce monde imaginaire, un diplôme de « grainelier » est obligatoire pour cultiver, transformer et vendre des graines. Un bien apparemment extrêmement précieux et essentiel à la survie des humains. Au fil des pages, le lecteur découvre que certaines semences sont indispensables pour faire du feu ou de l’alcool. Mais il y en a une, particulièrement rare et qui vaut donc une fortune : la graine d’Amarantite. Luca en possède une qu’il a lui-même cultivée en toute clandestinité. Il espère en tirer un bon prix, mais sa démarche semble immédiatement suspecte. On le soupçonne même de vol.

Le père de Luca ne possède pas non plus de diplôme de Grainelier, mais dans son atelier secret, il semble développer des projets ambitieux depuis le décès de sa femme. Bien sûr, cette activité illégale le rattrape et lorsqu’il voit la milice débarquer chez lui, il pense avant tout à son fils. Il exhorte celui-ci à s’enfuir en lui confiant quatre graines qu’il lui demande d’avaler avec pour seule explication  : « laisse-moi au moins te protéger, toi. »

Les conséquences de cette ingestion sont terribles pour le jeune homme. Les graines écloses dans son corps, il devient un non humain et a toutes les chances de mourir. Il s’en sort au prix d’un long sommeil de deux années. Abel, son meilleur ami, ayant pris soin de lui durant tout ce temps. Si son apparence n’a pas foncièrement changé, Luca sent bien qu’au fond, il n’est plus le même.

L’histoire avance rapidement, enchaînant rebondissement sur rebondissement. Malgré les mystères, l’univers qui est mis en place semble plausible. Il manque quand même quelques explications au début. Mais plus on progresse, plus il est évident qu’un complot tourne autour de ces graines, de leur gestion et de leur distribution. Si les « graineliers » étaient remplacés par une multinationale comme Monsanto, on aurait pu prendre ce manga pour une fable écologique. Luca et Abel vont petit à petit être au coeur de quelque chose qui semble bien plus gros. Comme des investigateurs, ils vont être amenés à rechercher l’origine des graines que Luca a ingérées et ainsi essayer de comprendre pourquoi son père faisait des recherches en secret.

Comme dans « 10 count » le trait de Rihito Takarai est extrêmement doux. Ses personnages sont longilignes et l’esthétique médiévale stylée côtoie la droiture des costumes militaires. Son univers très masculin offre pourtant une touche féminine avec ses drapés élégants et ses décors peu envahissants. Les personnages sont gracieux et souriants, mais ont également une part de mélancolie comme sur la superbe couverture aux tons orangés. Seules les protagonistes un peu âgées mériteraient d’avoir les traits un peu plus tirés.

Présenté comme un ouvrage de Fantasy, « Graineliers » est presque une œuvre de science-fiction avec ses expériences et son point de vue scientifique et non magique concernant l’évolution des graines. « Graineliers » est vraiment un titre à part dans le catalogue de l’éditeur Ototo qui a le mérite d’être très cohérent et homogène.

Gwenaël Jacquet

« Graineliers » T1 par Rihito Takarai
Édition Ototo (7,99 €) – ISBN  : 9782377171736

©2014 Rihito Takarai / SQUARE ENIX

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