Le premier tome de « L’Ombre des Lumières » sorti l’an passé (1) se terminait par le départ, en ce milieu du XVIIIe siècle, du malfaisant chevalier de Saint-Sauveur pour le Nouveau Monde. En effet, toutes ses intrigues se sont retournées contre lui ! Après avoir séduit et trompé la jeune Eunice de Clairefont éprise de la philosophie des Lumières, menacé de mort par son mari et criblé de dettes, Saint-Sauveur a été obligé de s’exiler. En débarquant à Québec, il ne désespère cependant pas de retrouver sa place à Versailles, d’autant plus qu’un de ses peu fréquentables amis lui a proposé d’effacer toutes ces dettes s’il accepte de réaliser une mission vengeresse qui va lui permettre de déployer ses funestes talents…
Lire la suite...Rencontre avec Manu Larcenet
Entre 2003 à 2005, Manu Larcenet a publié Minimal, « son » journal, au sein de Fluide Glacial. L’expérience s’achève aujourd’hui avec la publication en recueil des quelques numéros parus.
Il y a deux ans, sous une précédente direction éditoriale, Manu Larcenet imagine faire sécession avec Fluide Glacial, dont il est devenu un collaborateur régulier : « je voulais marquer le coup pour m’opposer à un journal dans lequel je ne me reconnaissais plus », indique-t-il. Il propose alors et obtient la possibilité de créer « son » journal dans le journal. Il devient donc rédacteur en chef de Minimal dont bien sur, il prend en charge l’ensemble des rubriques, qu’il signe sous plein de pseudos et qui lui permettent de se frotter à de nombreux styles : « Graphiquement, c’était très plaisant. J’ai du réaliser plein de choses que je n’avais pas l’habitude de faire, de la mise en couleur, des strips … »
On le sent à travers ses propos, Manu Larcenet a pris beaucoup de plaisir à une expérience qui, tout en s’éloignant de la ligne du magazine Fluide Glacial, lui a permis de poursuivre son aventure dans la presse : « travailler pour un journal est très important, souligne-t-il. A la différence d’un album, on peut se tromper et recommencer le mois d’après. C’est assez jouissif d’essayer de maintenir le secteur. » L’expérience ne le pousse cependant pas à revendiquer un « vrai » poste de rédac’chef : « Ce n’est pas mon métier. On le voit bien avec Minimal, répond-il avec beaucoup d’humour. Ce qui m’intéresse c’est de dessiner. » Et du dessin, il y en a dans Minimal. Larcenet y explore, avec un intellectualisme prétentieux très second degré (pour exemple, le titre exact du recueil est Minimal : Bandes dessinées de qualité pour pauvres et incultes) et irrésistiblement drôle, de nombreuses formes de narration figurative. Il se paye même le luxe de publier des dessins ratés de nombreux auteurs –Binet, Trondheim, Davodeau, Baru, Ferri, …, pour pouvoir les refuser dans « son » journal : « j’ai demandé à mes copains de dessiner le pire qu’ils pouvaient pour pouvoir les refuser en tant que rédac’chef ! ils ont été adorables ! » Ces dessins et commentaires sont d’ailleurs réalisés spécialement pour cette étonnante parution en album : « Ce n’est ni de la bande dessinée, ni du dessin de presse. C’est une expérience marrante que je souhaitais conserver, d’où la parution du recueil, même si ça le « sacralise » un peu et trahit le coté « juste phagocyter le journal », avoue l’auteur. »
Les lecteurs, eux, ne s’en plaindront pas puisqu’il pourront ainsi découvrir dans leur intégralité ces numéros de Minimal qui leur donneront un maximum (oui, je sais, c’est facile !) de plaisir et de rire.
Laurent Turpin