Rencontre avec Serge Pellé et Sylvain Runberg, auteurs d’Orbital

Pour les internautes fidèles de bdzoom et les lecteurs avertis, Sylvain Runberg n’est déjà plus un inconnu. Comme il nous l’avait annoncé, le scénariste des Colocataires avait en préparation une série de science fiction : Orbital, dont le premier volume vient de paraître dans la collection Repérages Dupuis.

 

 

Aux commandes graphiques, Serge Pellé n’est pas ce qu’on pourrait appeler un débutant même si ce nom ne vous évoque probablement rien. A raison, car après quelques albums de commande aux éditions Vents d’Ouest, dont on ne trouve plus trace, « et c’est tant mieux ! », souligne avec humour l’intéressé, Serge Pellé signa seul, sous le pseudonyme de Torgnol, la série Le grand Chambardement, qui sombra, après un unique épisode, dans le naufrage de son éditeur Le Téméraire.

 

C’est Luc Brunschwig qui mit indirectement en contact les deux auteurs : « il m’avait présenté sur Kookaburra Universe, explique Serge Pellé, puis avait pensé à moi pour reprendre Urban Games chez Dupuis ». Si le rachat de Dupuis par Media Participations et le départ de Sébastien Gnaedig vers Futuropolis met fin au projet, Serge Pellé se fait remarquer du nouveau directeur de collection Louis Antoine Dujardin : « Il trouvait que mon graphisme correspondait à Orbital, pour lequel plusieurs auteurs avaient déjà livré des essais infructueux. » Pour les lecteurs qui connaissent Le grand chambardement, le choc sera violent ! :  « je voulais aborder différemment la bande dessinée, souligne le dessinateur. Garder mon dessin tout en cassant son approche classique. C’est également le cas pour les couleurs, que je travaille à l’encre et au feutre, une technique acquise avec mon expérience dans le dessin animé. »

 

Très vite, Sylvain Runberg est emballé par le graphisme de Serge Pellé : « la créativité dont faisait preuve Serge dans le développement de l’architecture, des vaisseaux ou des personnages extra-terrestres m’ont montré à quel point il pouvait s’emparer du projet », avoue le scénariste. Car Sylvain Runberg laisse énormément de liberté à son dessinateur : « mon scénario ne contient aucune description précise des décors ou des personnages. Serge fait des essais et nous en discutons ensemble ». Une méthode qui plait visiblement à Serge Pellé, qui avoue réaliser, avec plaisir, de très nombreux croquis préparatoires, en permanence. Une recherche graphique qu’il nous montre d’ailleurs et qui suscite notre admiration.

 

On comprend mieux, à entendre les deux auteurs, qu’à sa lecture, le premier épisode d’Orbital apparaisse si dense, d’une richesse telle qu’on court pour découvrir la fin de ce premier épisode haletant avant de revenir et s’attarder enfin sur les nombreuses informations narratives et graphiques qu’il contient : « L’univers que je crée est pensé très large, explique Sylvain Runberg. Il était donc important d’en livrer touts ses bases au lecteur pour pouvoir concentrer ensuite les récits sur les personnages. »

 

Dans Orbital, les humains, derniers arrivants dans la confédération intermondiale, suscitent la méfiance et sont souvent relégués aux taches accessoires, « à l’image de toute dernière vague d’immigrants, souligne le scénariste. Les polonais, portugais, italiens, espagnols et maintenant les maghrébins connaissent cette attitude de la part des français. De nombreuses idées préconçues circulent toujours au sujet des derniers venus. Dans Orbital, je n’ai pas souhaité suivre le code de la science-fiction qui donne aux humains le beau rôle. Je me situe dans une démarche logique, celle des « derniers de la classe ». » Derniers, au sens propre comme au sens figuré : à peine entré dans la confédération, les hommes – qui ne se referont pas -  déclenchent une guerre contre le peuple sandjarr. La sanction est immédiate : ils se retrouvent au ban de la communauté intermondiale pendant 15 ans. « Caleb Swany, un des personnages centraux de la série,  est le symbole de la fin des mesures d’exception envers les humains, explique Sylvain Runberg. Il est, en effet, le premier habitant de la terre à rejoindre l’Office Diplomatique Intermondial. »

 

Pour mener à terme les missions protocolaires, souvent périlleuses et musclées, qui lui sont confiées, Caleb est associé à Mézoké Izzua, citoyenne sandjarr, avec qui il forme un binôme marquant la réconciliation de leurs peuples respectifs. Citoyenne ou Citoyen ? Mézoké, alien aux formes généreuses, n’est pas forcément aussi féminine qu’on pourrait l’imaginer : « le sexe n’a pas de fonction sociale chez les sandjarrs, nous explique Sylvain Runberg.. On n’en parle pas. Savoir si Mézoké est une homme ou une femme n’a pas lieu d’être. » On ne peut vraiment pas savoir, alors ? « Cela n’a pas d’importance, insiste le scénariste. » Ben voyons !

 

 

 

Laurent Turpin

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