Avec « Le Tombeau des chasseurs », le talentueux Victor Lepointe évoque la tragédie collective d’une bataille vosgienne en 1915 et, plus encore — par le regard de l’un d’eux, Victor Granet —, scrute l’intimité des sentiments de ces chasseurs alpins sacrifiés. Plongée dans la si mal nommée Der des ders…
Lire la suite...« Une famille en guerre » : l’héroïsme au quotidien…
L’Alsace réintégrée à l’Allemagne nazie en 1940 sert de cadre à cette émouvante saga familiale signée par le duo Stéphane Piatzszek / Espé. Un récit romanesque et poignant où la grande histoire et la fiction cohabitent agréablement. Une formule qui comblera les nostalgiques de la collection Vécu initiée dans les années 80 par les éditions Glénat.
De nos jours à Mulhouse, Jeff, un brillant cadre à peine trentenaire, effectue une cure à la clinique St Morand dans l’espoir de se débarrasser des substances qu’il consomme pour tenir le rythme d’un emploi du temps infernal. Il fait connaissance avec Monsieur Engel, un vieil homme qui, pour l’aider à trouver le sommeil, lui propose de lui raconter l’histoire de sa famille.
En 1940, son père viticulteur alsacien sexagénaire propriétaire d’un des plus beaux vignobles alsacien, bien qu’ayant combattu avec l’uniforme allemand au cours de la Première guerre mondiale, vit mal le nouveau rattachement au Reich de l’Alsace française. Son fils aîné, François, prisonnier des allemands puis libéré, rêve d’autonomie et remet en état une vigne ancestrale . Son jeune frère de 16 ans, Antoine encore lycéen, participe à l’hitlerjugend dont il porte l’uniforme. Sa fille Fina est une professeure idéaliste dans un lycée dont elle est renvoyée pour avoir refusé de signer sa profession de foi envers l’Allemagne…
Jouant habilement avec les évènements historiques, Stéphane Piatzszek tisse la toile d’une intrigue tragique et passionnante, campe des personnages attachants aux prises avec des évènements qui les dépassent. Héroïsme et lâcheté, humanité et trahison cohabitent au fil de ce récit où les protagonistes sont prisonniers de deux cultures qui déchirent les familles. Stéphane Piatzszek né en 1971 dans le Doubs est professeur puis journaliste avant de se tourner vers la bande dessinée. Il collabore aux éditions Soleil (« Le Chevalier à la Licorne », « Cavales », « Neverland »), Casterman (« Commandant Achab », « Neige et Roc », « Les Premiers »), Futuropolis (« « Tsunami », « « L’Or », « Le Temps de vivre », « Ordures »).
Sébastien Portet qui signe Espé, se passionne depuis toujours pour la bande dessinée et crée le fanzine Brouteavant de collaborer avec les Requins marteaux. Avoir participé à des ouvrages collectifs pour les éditions Petit à Petit, il débute une longue collaboration avec Éric Corbeyran, « Le 3° oeil », « Sept jours pour une éternité » chez Delcourt… et surtout la longue saga « Château Bordeaux » pour les éditions Glénat, chez qui il signe également en solitaire un émouvant roman graphique : « Le Perroquet ». Il a mis en images en 2015 « L’Île des Justes » avec Stéphane Piatzszek, récit évoquant le quotidien de la Corse sous la France occupée. Son trait réaliste aux personnages fortement typés, son goût pour la documentation, lui permettent d’aborder tous les genres avec une belle efficacité.
Henri FILIPPINI
« Une Famille en guerre T1 : Le Pays perdu » par Stéphane Piatzszek et Espé
Éditions Glénat (14,50 €) – ISBN : 9 782344030639
Semble ressembler beaucoup à « La mémoire dans les poches » …