Quel plaisir, après des années et des années de chroniques sur les nouvelles parutions concernant le 9e art, de continuer à découvrir des auteurs prometteurs qui, d’emblée, semblent vraiment maîtriser les codes narratifs et graphiques de la bande dessinée ! C’est d’autant plus méritoire quand il s’agit d’un premier album en ce domaine : ce qui est le cas de Pierre Alexandrine avec son « Amourante ». Ce dense ouvrage de 230 pages, édité chez Glénat, nous propose un voyage aussi palpitant qu’amusant à travers les époques et les lieux, en remettant en question notre obsession tout à fait compréhensible de plaire perpétuellement et de ne pas mourir…
Lire la suite...Affaire criminelle hors-norme à Barcelone !

En 1912, Barcelone est secouée par une affaire de serial-killer d’un genre très spécial : une femme bientôt surnommée « La Vampire de Barcelone ». L’album retrace ce fait divers, pas si divers que cela, et en reconstitue l’enquête dans les pas d’un juge d’instruction qui va tomber des nues…
En février 1912, Teresita Guitart, une fillette, disparait, manifestement kidnappée. On accuse les Gitans, mais le juge De Prat est très vite convaincu qu’il n’en est rien. Il n’a pas tort, d’autant que par un heureux concours de circonstance, la gamine est retrouvée saine et sauve. Fin de l’histoire ? Pas du tout, car le juge est un curieux, et la femme qui a enlevé l’enfant l’intrigue au plus haut point.
Enriqueta Marti n’est pas une femme banale. Il semblerait même que celle-ci a des protecteurs auxquels elle fournirait des enfants, mais rien de très clair ! Dès lors, le fait divers se complique, mais il faut des preuves et fort heureusement, le juge joue « au détective ». Curieusement, on le lui reproche : des membres de la haute société catalane s’agitent et tentent en effet d’étouffer l’affaire. « Mendiante le jour et aristocrate la nuit », Enriqueta Marti est incontestablement un personnage pervers et inquiétant, car les raisons pour lesquels elle tue sont absolument ahurissantes.
La préface de Clara Tahoces insiste sur l’importance de cette affaire jamais totalement élucidée et dont elle estime que cette bande dessinée, publiée en Espagne en 2017, constitue un élément à charge. Les auteurs ont en effet enquêté à leur tour et réalisé un vrai travail de journaliste. L’épilogue est particulièrement riche : outre les photos d’époque, il révèle comment l’affaire criminelle est revenue à la surface au début des années 2000, propose une planche de BD de 1912 consacrée à la meurtrière et offre un carnet graphique signé Jandro Gonzalez. Au total, 120 pages d’un ouvrage passionnant.
Puisqu’on parle des éditions du Long Bec, signalons la parution de l’étonnant « Mer d’Aral » de José Carlos Fernandes et Roberto Gomes. Ce recueil de 5 histoires contient principalement le récit développé autour de cette mer disparue et des bateaux gisant et rouillant sur ses sables. L’intrigue un brin fantastique est tout à fait troublante. Si vous aimez le poisson, c’est à lire !
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« La Vampire de Barcelone » par Jandro Gonzalez, Miguel-Angel Parra et Ivan Ledesma
Éditions du Long Bec (19 €) – ISBN : 978-2-3793-8018-1
Bonjour,
Si cela vous intéresse, j’ai réalisé une vidéo sur Enriqueta Marti, la Vampire de Barcelone : https://youtu.be/zAidiCTVmx4