Deux ans après la publication remarquée en 2022 du premier opus de « 1629 : l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta » (1), voici la seconde partie : laquelle devrait combler ceux qui se sont passionnés pour ce formidable thriller maritime. Un huis clos éprouvant — inspiré aux auteurs par une histoire vraie déjà adaptée en BD par Jean-Denis Pendanx et Christophe Dabitch (2) — qui renoue avec les grandes séries d’aventures exotiques…
Lire la suite...Comic book indés : la rentrée…
Un ange de la mort pour fêter le retour de Doggy Bags, le clochard Borb réédité, et « Farmhand », nouvelle série « fermière » top, pour faire suite à un blockbuster zombie… Bienvenu dans la rentrée comics indés ! Comme l’écrit Run dans son édito : « il est venu, il est né, il a souffert, il est mort, il est ressuscité. » L’auteur responsable du label 619 des éditions Ankama, et donc de « feu » la revue Doggy Bags, explique ici la raison du retour d’une série d’anthologie bien connue des amateurs de comics underground et thématique qui avait, après 13 numéros, tiré sa révérence (1).
Cependant, comme il le rajoute : « c’est quand tu penses que tout est fini, que le cadavre est enterré au fond du jardin (…) que son fantôme revient te hanter la nuit ». Aussi, et malgré le lancement de la collection Doggy Bags présente, créée dans la lignée de son aîné, et mettant en scène un seul récit, par un duo d’auteur, voilà donc le retour d’une anthologie Rock ’n’ Roll, horrifique, underground, de série Z, que tout amateur de ces genres « à la marge » apprécieront à sa juste valeur.
Une saison 2 mettant en avant l’ange de la mort, par le biais d’une couverture du plus bel effet par Ed Repka, et d’un premier récit : « Da Smyert », par Armand Brard et Prozeet, comme on l’aime, c’est à dire : incisif, racé et dénué de sentiments.
Quant à « Shadow of Death », par Run et Neyef, il est consacré aux bourreaux, et plus précisément à l’histoire de Chris Denfer, né en 1586 à Montségur, fils d’herboriste qui va devenir exécuteur des hautes et basses œuvres, jusqu’à aujourd’hui… L’occasion de voyager dans le temps, aidé par le dessin au top de Neyef et pour notre cher directeur de collection, de tacler, au passage, la peine de mort et la vente d’armes libre aux États-Unis.
« Doggy Bags » saison 2 : un retour en fanfare pour une anthologie vraiment « mortelle » !
Jason Little n’est pas l’auteur américain le plus connu en France, mais ses deux publications « Shutterburg Follies » et « Motel Art Improvement Services » parues chez Àkileos en 2011 et 2012 ont suffit à lui apporter un certain statut culte.
Cette année, il est dans l’actualité avec deux titres : « Le Vagin », album adulte et délirant dont on avait pu lire le lancement dans le fascicule FCBD de Fantagraphics 2018, et ayant paru ce mois de mai chez la Boîte à bulle, et donc cette réédition d’un petit album paru en 2015 dans la collection BD Cabaret de la revue Aaarg.
Borb est un clochard alcoolique, (sur)vivant dans les rues de New York, dont on va suivre, malheureusement, la lente, mais dure déchéance.
Un portrait au papier de verre, même si, non dénué d’humour, et plutôt universel, de la vie réelle d’individus similaires, que Jason Little nous offre, comme un témoignage coup de poing. La couverture, saisissante, est d’ailleurs très explicite quant au message délivré. Peu de dialogues dans ce petit livre au format presque carré, mais un manifeste au trait noir et blanc, simple, limpide et efficace, chargé d’émotions.
« Farmhand », quant à lui, est LA belle surprise de rentrée de la collection Contrebande des éditions Delcourt, et nous fait nous demander si l’on n’assiste pas là à la naissance d’un potentiel remplaçant pour la suite du phénomène « Walking Dead ». Le numéro 33 final de la série culte paraît en effet ce mois-ci. Rob Guillory, dessinateur de l’autre série populaire (un peu moins, certes) : « Tony Chu détective cannibale », pourrait bien postuler au titre, avec sa première création personnelle.
Jedidiah Elias Jenkins est un fermier ayant mis au point, suite à une « révélation », un gène permettant la culture de plantes très spéciales. Celles-ci sont en effet 100% compatibles avec les gènes humains, et procèdent, suivant leur type, de l’autogreffe avec n’importe quel membre ou organe. Un procédé ultra sécurisé, confiné dans une ferme de la petite ville de Freetown, qui suscite bien des convoitises.
Aujourd’hui, le fils et les petits enfants de Mr Jenkins arrivent à Freetown, pour des retrouvailles familiales, qui vont cependant vite se révéler… compliquées.
Scénario exquis à l’imagination débordante, « Farmhand » accroche dés les premières pages, pour ne plus nous lâcher. On est comme happé par cet héritage familial bien tordu, où un lourd secret semble sous-tendre la façade de cette entreprise cultivant des arbres à mains ou à cuir chevelu. Les espions soviétiques sont aussi de la partie, et l’horreur se dissimule à chaque détour de chemin. Le dessin cartoony de Rob Guillory n’est pas des plus fascinants, mais se met sans problème au service d’un récit nous laissant l’œil exsangue et la langue pendue en fin de volume.
On veillera à bien arroser « Farmhand » tome 1, afin qu’il fasse plein d’autres petits monstres.
Restez branchés sur BDzoom.com, ce Comic Book Indés veillera à vous donner des nouvelles des sorties indépendantes, de manière plus systématique désormais. Et on y ajoutera à l’occasion : fanzines, revues, ou publications plus confidentielles…
Franck GUIGUE
« Doggy Bags » T14 (saison 2) par Brad, Prozeet, Mud, Shavrin, Run et Neye f
Éditions Ankama (13,90 €) – ISBN : 979-1-03-351030-7
« Borb » par Jason Little
Éditions Glénaaarg (12,75 €) – ISBN : 9782344037430
« Farmhand » T1 par Rob Guillory
Éditions Delcourt ( 15,95 €) – ISBN : 978-2-413-01658-8
(1) Lire notre article de mars 2018 sur l’anthologie parue à cette époque : « Anthologie Doggy Bags » : de beaux restes à emporter ! .
Excellente nouvelle que le retour de Doggy Bags!
Très bonne idée que la création de cette rubrique qui arrive à point nommé.
Juste une question.
J’ai bien compris : Walking Dead se termine ?
Oui. Le tome 33 doit sortir pour Angoulême, fin janvier.
J’ai lu ça en VO : un très très bon final.