Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Les Maîtres des îles » : Eliza la rebelle

C’est en Martinique, au milieu du XIXe siècle, que Stéphane Piatzszek nous invite à suivre le destin hors norme d’Eliza Huc, jolie blonde rebelle aux traditions esclavagistes dont son grand-père, le Vieux Huc, en est la despotique caricature. Voici le deuxième tome d’une saga familiale et féministe, avec pour toile de fond une plantation de békés à l’avenir menacé, à la fois par le progrès industriel et par le souffle d’un irréversible vent de liberté.
1846, Saint-Pierre, Martinique.
Après avoir passé de longues années au couvent Sainte-Agnès à Saint-Pierre, Eliza Huc revient à la plantation du domaine de Morne Folie que tient sa famille depuis plusieurs générations.
Son père est en France depuis de longs mois afin de soigner son diabète et son jeune frère pour y étudier.
La jeune femme affronte l’autorité bornée de son grand-père, le Vieux Huc : homme dur, fidèle au passé et qui vit toujours comme pendant les pires années de l’esclavagisme.
Pour le vieillard, fouetter les esclaves et abuser des femmes noires font partie de la tradition.
Déterminée, avide de liberté, la jolie blonde devient la maîtresse de Pory Papy : un avocat métis qui se lance en politique.
Les banques refusant leur soutien financier, afin de sauver la plantation d’une fin programmée, elle épouse Paul d’Assier de Montferrier dont la fortune familiale lui permettra de réaliser son rêve : doter Morne Folie de sa propre usine de distillation, pour lutter contre la concurrence cubaine et dominicaine…
Les lecteurs qui ont apprécié le premier cycle des « Passagers du vent » de François Bourgeon ne pourront que tomber sous le charme d’Eliza : jeune féministe dans l’âme, à la fois éprise de liberté et de passion amoureuse, mais aussi redoutable femme d’affaires. Voilà une passionnante saga familiale mouvementée, aux protagonistes attachants, avec pour cadre les paysages enchanteurs des Antilles au temps de l’esclavagisme.
Professeur, puis journaliste, Stéphane Piatzszek est né en 1971, dans le Doubs. Il propose, depuis une dizaine d’années, des scénarios aux thèmes historiques au ton résolument social. Son nom figure aux catalogues des éditions Soleil (« Cavale », « L’Aigle et la salamandre »), Futuropolis (« Tsunami », « L’Or », « Ordures », « Le Temps de vivre »), Casterman (« Commandant Achab ») et Glénat où il écrit « L’Île des justes », puis « Une famille en guerre », pour Espé.
Né en 1958, longtemps employé à la SNCF, Gilles Mezzomo réalise son rêve, en reprenant « Le Roi vert » (d’après Paul-Loup Sulitzer) chez Dupuis où il poursuit sa carrière en dessinant dix enquêtes de « Luka » avec Denis Lapière, puis « Ethan Ringler ». Pour Glénat, il propose « Mexicana » avec Matz, un épisode de « Destins » et « Le Vétéran » avec Frank Giroud. Son dessin au trait réaliste, dynamique et précis, et son souci du détail en font un spécialiste de la bande dessinée historique.
Henri FILIPPINI
« Les Maîtres des îles T2 : Martinique 1847 » par Gilles Mezzomo et Stéphane Piatzszek