Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...Pour la première fois, Bastien Vivès a travaillé sur un polar, et avec un scénariste…

Ouvrant un peu plus son terrain de jeu narratif avec le journaliste Martin Quenehen (également romancier, documentariste et producteur sur France culture), l’auteur de « Polina » ou du « Goût du chlore » (1), marqué par les attentats contre Charlie Hebdo, s’attaque, avec sa maestria habituelle, à un récit policier contemporain, entre mystère et drame psychologique, qui prend appui sur la réalité d’aujourd’hui.
Déjà, dans « Le Chemisier » (publié aussi chez Casteman en 2018), Bastien Vivès avait commencé à dialoguer avec le monde qui l’entoure, évoquant la menace terroriste dans une France devenue paranoïaque. Ce nouveau long récit (quasiment 250 pages !) se situe dans un petit village de la région d’Échirolles, dans l’Isère, et on y suit la trajectoire d’un jeune gendarme ambitieux qui vient de perdre son père.
Le destin de cet homme prometteur, baraqué et sportif, va être contrarié par la rencontre d’un peintre venu s’installer à la campagne se ressourcer, avec sa fille de 15 ans, après la mort de sa femme dans un attentat. Toujours animé par un désir de vengeance, ce père s’enfonce dans la dépression, tandis que l’adolescente s’émancipe, troublée par la combinaison excitante de ses nouveaux facteurs hormonaux.
Intègre et consciencieux, mais aussi avide d’action et de justice, le futur officier rêve, quant à lui, de pouvoir stopper un acte terroriste. C’est alors l’occasion, pour les auteurs, de se demander ce qui peut bien se passer, aujourd’hui, dans la tête d’un gendarme de 25 ans qui a grandi avec le terrorisme et d’explorer toutes les ambiguïtés et zones d’ombre.
Se concentrant un peu plus sur le dessin (peut-être moins minimaliste, car enrichi de plus de décors qu’à l’accoutumée) et sur la mise en scène, grâce à l’apport scénaristique de Martin Quenehen, le dessinateur accumule les pages expressives dans son beau style jeté et si reconnaissable, excellant, notamment, dans les subtils jeux de regards.
Au bout du compte, ce thriller complexe, où les protagonistes, évoluant tout le temps sur le fil du rasoir, font à la fois preuve de grandeur et de faiblesses dans un climat délétère, est une jolie réussite.
Gilles RATIER
(1) Sur Bastien Vivès, voir aussi, parmi nos récents articles : Petit Paul… est bien ennuyé…, « Le Chemisier » par Bastien Vivès, « Une sœur » par Bastien Vivès, « La Grande Odalisque T1 et T2 (“Olympia”) par Jérôme Mulot, Florent Ruppert et Bastien Vivès, “Last Man” par Mickaël Sanlaville, Balak et Bastien Vivès, “Les Melons de la colère” par Bastien Vivés, “Polina”, Bastien Vivès et Alexis de Raphelis…
« Quatorze Juillet » par Bastien Vivès et Martin Quenehen
Éditions Casterman (22 €) — ISBN : 978-2-203-19683-4