« Les Aventures de Gérard Crétin » est une bande dessinée en une page proposée dans le mensuel Mikado des éditions jeunesse Milan, entre 1989 et 1994, et c’est la première série de gags que l’immense Florence Cestac (1) a créée spécifiquement pour la presse ! Son antihéros a tendance à être vantard et gaffeur : il croit souvent savoir tout faire mieux que les autres et être le meilleur en tout… Mais il est quand même attachant, car terriblement naïf ! Ainsi, il enchaîne les situations hilarantes et embarrassantes, incarnant, avec une tendre absurdité, certains travers humains. Le trait de la reine du gros nez en BD y est déjà unique, même si elle juge avoir fait quelques progrès depuis. Mais comme le dit elle-même : « un petit coup de nostalgie, ça ne peut pas faire de mal ! »
Lire la suite...Plongée féministe ?

Il existe au Japon des pêcheuses plongeant quasi nues pour aller dénicher au fond des mers divers crustacés, ce sont les ama ; ou plutôt c’était, car ces femmes sont de moins en moins nombreuses et, surtout, elles plongent en combinaison. C’est précisément de ce temps où de jeunes femmes jouaient les apnéistes, dont il est question dans cet album.
On est dans les années soixante. L’héroïne vient d’accepter de recevoir chez elle, dans sa petite île de Negura, sa nièce, fille d’une sœur qui a tout quitté 20 ans plus tôt. La jeune Nagisa est timide, pudique et surtout, elle vient de Tokyo. La citadine ne préjuge-t-elle pas de ses forces en souhaitant devenir ama ? L’acquisition de ce métier exceptionnel est en effet difficile tant l’activité est délicate, technique et pour tout dire, dangereuse.
Mais les ama sont avant tout des femmes au caractère affirmé, ayant de leur corps une fierté redoutable, n’ayant pas peur de ce qui a finalement fait aussi leur célébrité, leur nudité (elles ne portent qu’un cache-sexe) et leurs mœurs libres. Elles ont aussi leur franc-parler et les hommes qui achètent leur pêche, notamment les ormeaux, à cette communauté, savent qu’elles négocient sans trembler.
Entre vie quotidienne et fête traditionnelle, cette société si particulière ressuscite sous nos yeux, l’album évoquant cependant la disparition de ce métier réservé aux femmes. Dans un graphisme simple et délicat (c’est la première bande dessinée de l’illustratrice Cécile Becq), ces femmes nagent souplement et évoluent avec grâce, alors que le monde qui les entoure est rude. Ce monde ancestral est un peu sauvage (l’ama épouse obligatoirement le tomae, l’homme qui reste sur le bateau, c’est tout dire). Reste que ce monde de sirènes immortalisé par des estampes est à présent quasiment disparu.
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Ama : le souffle des femmes » par Cécile Becq et Franck Manguin
Éditions Sarbacane (21,50 €) – EAN : 9782377314034