C’est en 1952 que le marsupilami apparait pour le première fois sous la plume d’André Franquin, dans « Spirou et les Héritiers ». Son nom est un amalgame de trois mots : marsupial – pilou-pilou (ou Jeep, un animal qui vient de la quatrième dimension dans les albums de « Popeye ») – ami. Il a vécu depuis de nombreuses aventures que ce soit avec Spirou et Fantasio ou dans sa propre série. Après Zidrou et Franck Pé, ainsi que l’auteur allemand Flix, c’est au tour de Lewis Trondheim et Alexis Nesme de partir à la recherche des aïeuls de l’animal créé par Franquin. Dans « El Diablo », les conquistadors découvrent, à leur dépens, ce remarquable grimpeur dans la forêt de Palombie
Lire la suite...Famille modèle et espion implacable…
Il y a des mangas que l’on n’attendait pas. « Spy x Family » fait partie de ceux-là : petits bijoux arrivés discrètement sur le marché français, sans série d’animation pour le populariser, sans succomber au rythme effréné des hebdomadaires à succès, sans tomber dans l’humour facile ou l’histoire simplette. Les éditions Kurokawa ont déniché une perle rare, dont il aurait été dommage de passer à côté. Les aventures rocambolesques de cette famille atypique semblent revenir aux sources d’un divertissement accessible et maîtrisé.
La vie d’un espion, c’est d’abord obéir à son gouvernement et accepter de sacrifier sa vie pour lui. Il faut souvent oublier toute velléité à vivre une vie classique, bien rangée avec femme et enfant. Sauf quand, justement, la mission est de se faire passer pour un bon père de famille, afin d’approcher une cible. Twilight, le meilleur espion du moment va devoir se trouver un enfant : ce qui est assez simple, car les orphelinats en sont remplis. Il va également devoir lui trouver une mère : ce qui est tout de suite plus compliqué, sauf quand celle-ci est également en mission et a besoin qu’un homme lui serve de couverture. Ce que ce trio ne sait pas, c’est qu’ils ont chacun un secret qu’il faut absolument cacher : l’un est donc espion, l’enfant est une télépathe qui lit les pensées des gens et sa jeune mère est une tueuse implacable et sacrément agile. Entre eux, leurs secrets sont heureusement bien gardés.
Avec une galerie de personnages aussi exubérants, il est évident que le scénario ne peut qu’être rempli de péripéties plus invraisemblables les unes que les autres. Et pourtant, ça marche ! Personne ne dévoile sa véritable nature et une bonne dose d’humour ponctue ces tranches de vie où le travail d’espion de Twilight est mis à rude épreuve. Si on devait rapprocher « Spy x Family » d’une autre série, ce serait indéniablement « Lupin Sansei » de Monkey Punch, plus connu en France dans sa version animée : « Edgar de la cambriole ».
Ce qui est particulièrement amusant, c’est qu’ils sont tous les trois inadaptés à la vie de famille et jouent néanmoins le jeu pour tromper leur entourage. Ce simulacre marche à la perfection, tout en gardant une dose de suspense. Les tensions visibles par le lecteur, qui est au courant de tous les secrets, passent inaperçues par des tours de passe-passe et des explications tirées par les cheveux, mais plausibles. Si le dessin dynamique rend l’histoire agréable, c’est la force de son scénario et des enchaînements dans la mise en page qui donne une excellente fluidité au récit.
La couverture, calme et posée, avec ce personnage de Twilight assis qui lève juste le nez de son journal pour fixer le spectateur dans son complet parfaitement ajusté (avec des couleurs assez ternes, contrastant peu sur le fond vert sombre) ne présage pas du caractère déjanté et fort amusant de la série. Mais c’est un autre aspect de ce manga qui est mis en avant : savoir tromper les apparences, rester dans l’ombre et ne jamais dévoiler sa vraie nature, même si le pistolet mal caché dans sa main droite informe bien le lecteur sur le caractère dangereux de ce héros. La couverture du second tome, prévu en novembre, deux mois après la sortie du premier, mettra en avant le personnage enfantin en l’isolant sur un divan oscillant entre modernité et kitch des années soixante-dix. Elle ne montre que le côté enjoué de cette gamine aux capacités sensorielles décuplées. Bien évidemment, le troisième tome complétera la famille en présentant les capacités d’assassin de celle qui se fait appeler princesse Ibara.
« Spy x Family » est réellement le plus gros succès de Tatsuya Endo. C’est d’ailleurs une sorte de prolongation de trois de ses histoires courtes sur le thème de l’espionnage publié dans le Jump Square: « Rengoku no Ashe », « Ishi ni usubeni, tetsu ni hoshi » et « I Spy ». Il est amusant de constater que cette œuvre de fiction se déroule dans des pays imaginaires même s’ils rappellent clairement l’Europe de l’Est. C’est avant tout un manga divertissant avec un sujet qui est loin d’être léger. Heureusement, rien de ce qui se passe n’est vraiment crédible et les situations sont toujours dédramatisées par des dialogues bien trouvés. C’est notamment le cas d’Anya, la jeune fille adoptée, qui apprend très vite à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Mais sa naïveté et son incompréhension des situations qui sont en inadéquation avec ce qu’elle lie dans les pensées des gens sont un des ressorts comiques particulièrement amusants dans la série.
Ce mélange de fantastique et d’aventure policières marche assez bien. C’est divertissant et très bien construit. Des thèmes finalement assez classiques qui vont parfaitement ensemble et qui devraient toucher un public assez large et aux goûts variés.
Gwenaël JACQUET
« Spy x Family » T1 par Tatsuya Endo
Éditions Kurokawa (6,90 €) – EAN : 9782380710243
Kurokawa est un éditeur de mangas qui font souvent « mouches »…
Une petite erreur : un seul « L » à Family
C’est corrigé, merci de nous l’avoir signalé !
La rédaction