« Champignac » met à l’honneur l’un des personnages les plus généreux et des plus attachants de la galaxie « Spirou », en dévoilant son passé avant qu’il rencontre le héros donnant son titre au journal des éditions Dupuis, dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale. Outre le fait de divertir efficacement, le but de cette série dérivée est de vulgariser des sujets scientifiques et sociologiques pour toucher les jeunes lecteurs. Dans cet encore très réussi tome 4, où un Pacôme irritable et dépressif croise d’éminents confrères de l’époque (Einstein, Feynman ou Oppenheimer, récemment mis en lumière avec le film de Christopher Nolan), les Béka et David Etien abordent, avec authenticité et psychologie, le problème de la fabrication de la bombe atomique, à laquelle notre original mycologue va inconsciemment contribuer…
Lire la suite...De retour au pied de la falaise…

Après l’étonnant « Au pied de la falaise », publié en 2017, ByMöko revient avec « Aduna » dans une sorte de complément visuel au premier album, une déclinaison thématique aussi, autour de ce qui résume l‘Afrique, ce qu’elle montre d’elle-même et ce auquel elle croit (et ce que l’auteur en retient) : « Monde visible, monde invisible » est d’ailleurs le sous-titre de cet album au format à l’italienne qui en fait un ouvrage totalement inclassable, dans tous les sens du terme…
Dans son premier album, ByMöko, voulait raconter la vie, toute une vie, d’un jeune villageois africain, au fil de petites histoires qui permettent au héros de grandir et à l’auteur d’évoquer des expériences, des contes, des fables… On retrouve dans les deux parties de ce nouvel opus, d’un côté cette face visible des décors emblématiques (le baobab, la case, les masques…) et de l’autre, les personnages (le griot, le devin, les anciens…). La face cachée s’articule, elle, autour des ancêtres, des fétiches et de figures moins connues : le Kangourang, Sango, Mami Wata…
Pour évoquer ces mondes, ByMoko a opté pour des doubles pages. À gauche, trois ou quatre cases de bande dessinée ; à droite, une illustration pleine page. Entre les deux, un court texte de présentation. Le dessin de ByMöko est toujours aussi séduisant, aussi fascinant. Comme nous le disions pour le titre précédent « tout est fait pour qu’on observe les greniers à mile sur pilotis ou la décoration de la case du chef avec mobilier travaillé, masques ou têtes de zébu. Et l’arbre à palabres est une merveille graphique : son tronc noueux jette vers le ciel des branches effilées porteuses de feuilles qui envahissent l’espace. » Côté couleurs, même gamme chromatique étonnante constituée d’un ensemble de grisés sablonneux, de tons pierre, de végétations cendrées, du plus bel effet.
De quelle Afrique s’agit-il ? De quel pays d’Afrique noire, en particulier ? Nous écrivions à propos d’« Au Pied de la falaise », « difficile de ne pas penser au pays du peuple dogon, au Mali, dont les villages sont installés au pied de la falaise de Bandiagara (…). Si ce n’est pas le Mali, ça y ressemble pourtant déjà beaucoup, mais l’auteur est français et semble n’être jamais allé en Afrique. Il a probablement fantasmé son village… ». L’Afrique noire exerce sur lui une profonde influence depuis toujours et, pourtant, il n’y est jamais allé et rien ne le pousse à y aller !
De fait, on regarde, on admire avec encore plus d’étonnement cette restitution subjective et puissante, cette « interprétation », comme la revendique l’auteur, des réalités et des mythes africains, suggestive et mémorable. ByMöko voyage dans sa tête et nous fait voyager avec ravissement dans son exploration mentale. Du grand art ! Pour conclure, la lecture de son petit texte sur les masques prend un sens tout particulier dans le contexte sanitaire actuel…
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Aduna » par ByMöko
Éditions Soleil (18,95 €) – EAN : 9782302081772
Voilà le genre d’ouvrage à côté duquel on peut passer dans une librairie, sans forcément le remarquer, et même connaître son existence si le libraire ne l’a pas, mais grâce à votre article ce ne sera pas le cas. Merci d’attirer notre attention sur des livres « à part », comme celui ci apparemment…