Dans la belle collection Simenon et ses romans durs des éditions Dargaud cornaquée par John Simenon (le deuxième des quatre enfants du célèbre écrivain belge), José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental (1), ce dernier adapte brillamment une fiction qui date de 1935 et qui nous plonge dans la Turquie de l’époque… Il en dégage une atmosphère languide et une sorte de torpeur mélancolique mises en exergue par les magnifiques traits fins et expressionnistes de la talentueuse Laureline Mattiussi (2), laquelle excelle dans les représentations des nuits stambouliotes chargées d’effluves et de musiques ou dans l’expressivité des protagonistes…
Lire la suite...Champignac et les nazis !

Après « Marsupilami », « Le Petit Spirou », « Zorglub » et les nombreux « Spirou et Fantasio de… », la série « Champignac » est (avec l’encore plus récent « Supergroom ») l’un des nouveaux prolongements de l’univers créé par Rob-Vel, et poursuivi avec talent par Jijé, André Franquin (créateur graphique de Champignac, en 1950), Jean-Claude Fournier, Tome & Janry et tant d’autres, pour le journal Spirou des éditions Dupuis : une grande aventure avec un grand A (comme le patient du titre de cet album) — fort bien narrée et dessinée — qui nous révèle un étonnant secret nazi !
Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas, plus connu sous comte de Champignac dans les aventures de Spirou et Fantasio, est tombé amoureux de la charmante Blair McKenzie, après qu’ils aient été recrutés tous deux pour aider Alan Turing à décrypter la machine Enigma (1).
Or, en ce mois de mai 1941, le site spécialisé du village de Bletchley Park, dans la banlieue de Londres, a intercepté un message de deux amis de nos deux jeunes gens surdoués. Il s’agit d’un chimiste et d’un biologiste retenus en Allemagne et forcés, par les nazis, de participer à des recherches pour mettre au point une nouvelle bombe super-puissante.
Les services secrets britanniques hésitant à envoyer des forces spéciales pour les libérer, les deux amoureux décident de partir eux-mêmes à Berlin, afin de pouvoir sauver les scientifiques. Pour ce faire, Blair et Champignac vont devoir se rendre ensuite au Berghof, le repaire d’Hitler : un voyage à haut risque où ils croiseront Göring en grand ordonnateur de fêtes décadentes, Wernher von Braun qui va tenter de séduire la jolie Blair, et même un certain patient A, drogué, comme tous les soldats de son peuple, à la Pervitine.
C’est aux efficaces scénaristes Caroline Roque et Bertrand Escaich — déjà auteurs de célèbres séries, souvent humoristiques, comme « Les Rugbymen », « Studio Danse » et « Les Fonctionnaires », ou encore la reprise des « Tuniques bleues », sous le pseudonyme commun de BeKa — et à l’excellent dessinateur David Etien (« Les Quatre de Baker Street » ou les tomes 9 et 10 de « La Quête de l’oiseau du temps ») que l’éditeur Benoît Fripiat, chez Dupuis, a confié le récit du passé mystérieux du comte de Champignac : en partant du principe que Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas a été impliqué dans toutes les inventions et découvertes majeures du XXe siècle.
Si le premier volume était un échauffement, ce deuxième opus se révèle être un véritable ravissement pour les amateurs de bandes dessinées classiques : tant par le scénario inventif et bien documenté que par le minutieux et évocateur graphisme semi-réaliste, lequel reste, toutefois, tout à fait respectueux des codes de l’école de Marcinelle.
(1) Voir le dossier de Philippe Tomblaine : « Champignac T1 : Enigma » par David Étien et BeKa.
« Champignac T2 : Le Patient A » par David Etien et BeKa
Éditions Dupuis (14,50 €) — EAN : 979-1-0347-4924-9
L’horreur des drogues nazies, bien reprises et améliorées par tous les fanatiques de notre époque, afin de commettre leurs méfaits en toute bonne conscience! (mais en ont-ils?)
Je l’ai lu dans Spirou, très bon récit.
Le récit semble sérieusement inspiré d’un livre ( https://www.historia.fr/essais/les-soldats-du-reich-sous-acide ) qu’il eût été honnête de mentionner !
Pourquoi mentionner ce livre en particulier? La pervitine semble exister!
http://www.racontemoilhistoire.com/2016/12/pervitine/