Il semblerait que l’éditeur Altercomics, ait tenu ses promesses de faire un effort conséquent sur la traduction en langue française et l’orthographe des textes de certains fumetti du célèbre catalogue de Sergio Bonelli, qu’ils ont commencé à publier depuis le mois d’août (1) : preuve en est la parution des n° 2 disponibles depuis le 8 novembre… Nous en sommes vraiment heureux, notamment pour l’excellente série policière « Julia », scénarisée par Giancarlo Berardi et illustrée pour cet épisode par le virtuose Corrado Roi : voilà qui devrait ravir les amateurs de bandes dessinées populaires italiennes en noir et blanc !
Lire la suite...Décès de Laurent Gillain, dit Lorg : fils de Jijé !
Après le décès de Benoît (le fils aîné de Joseph Gillain, dit Jijé) en octobre 2016, c’est au tour de Laurent, le cadet, de disparaître. De son bref passage dans l’univers de la bande dessinée, on retiendra surtout sa participation à la série « Barbe rouge », aux côtés de son illustre père.
Né le 30 avril 1956 à Draveil, Laurent Gillain, fils de Joseph et d’Annie Gillain, a vécu auprès de sa famille jusqu’aux années 1980 : à Champrosay, un hameau proche de Draveil, dans la région parisienne.
Dès son plus jeune âge, il a côtoyé les stars de la bande dessinée franco-belge, mais aussi d’illustres débutants, venus rendre visite à son père jamais avare en conseils.
Inquiet pour l’avenir de son fils qui ne rêve que de musique — il fera installer un studio au sous-sol de la maison familiale — et de peinture, Joseph lui apprend les rudiments du métier de dessinateur : il a ainsi réalisé la mise en couleurs et les lettrages de plusieurs épisodes de « Tanguy et Laverdure » et de « Jerry Spring », séries illustrées alors par son père.
Lorsque, en 1977, Jean-Michel Charlier lui propose de reprendre « Barbe rouge », Jijé accepte avec l’idée de confier la série à Laurent et d’assurer ainsi son avenir.
Sous la signature Lorg, le jeune homme se lance sans conviction dans l’aventure, avec l’aide de son père qui,malheureusement, décède en juin 1980.
Le duo signe deux épisodes des aventures du « Démon des Caraïbes » publiés en 1979 dans Super As/Super J : « Raid sur la corne d’or » (album chez Fleurus et EDI-3 en 1979) et « L’Île des vaisseaux perdus » (album chez Fleurus et EDI-3 en 1980).
On leur doit aussi les premières pages des « Disparus du Faucon noir », dont la suite est confiée à Christian Gaty.
Il redessine la couverture du « Duel des idoles » en 1986 : ultime aventure de Jean Valhardi réalisée par Jijé avec l’assistance de Guy Mouminoux, dont Laurent avait apprécié l’humour lorsqu’il travaillait auprès de son père.
Enfin, il redessine « Christophe Colomb » : histoire dessinée par un Jijé alors débutant pour Spirou en 1942-1943. L’album, publié en 1946, est proposé dans une nouvelle version en deux volumes par les éditions Hélyode, en 1992 et 1993.
Ici prend fin l’expérience pas vraiment convaincante de Laurent pour la bande dessinée. En 2010, pour notre confrère actuabd.com, il confiait au futur éditeur Nicolas Anspach (également auteur de la photo illustrant la Une de cet article) : « La BD a été quelque chose de douloureux pour moi. J’ai fait quelques tentatives pour entrer dans le circuit. Je n’ai que peu travaillé dans ce domaine. Je sais aujourd’hui ce que je vaux. Cela m’a fait mal à l’époque, mais je n’éprouve pas de rancœur aujourd’hui par rapport à cela. » (1)
Il travaille aussi pour la publicité au sein de l’agence de son frère Benoît, puis en touche-à-tout passionné, il œuvre dans la peinture, le vitrail, le mobilier, le relookage de meubles, la mosaïque, le fer forgé… notamment pour l’atelier d’art Eugène Sart à Montauban, où il résidait depuis une vingtaine d’années.
Il est décédé dans la soirée du vendredi 25 novembre 2022 des suites d’un cancer osseux, à Toulouse, à seulement 66 ans : au même âge que son père !
La rédaction de BDzoom.com présente ses condoléances à sa famille et à ses proches.
Henri FILIPPINI
Relecture, corrections, rajouts, compléments d’information et mise en pages : Gilles RATIER
(1) On peut également lire une autre interview très instructive de Laurent Gillain dans le dossier réalisé par Brieg Haslé-Le Gall et Jacques Pessis dans le tome 8 de l’intégrale « Barbe-Rouge » publiée aux éditions Dargaud en 2016.
Eugène Sart est un alias de Laurent : Eugène pour le prénom de son grand-père paternel (donc le père de Jijé) et Sart pour la commune de naissance de ce même grand-père, Sart-Saint-Laurent (où sont, par ailleurs, inhumés Joseph et Annie Gillain).
fd
Merci cher François pour cette précision !
La bise et l’amitié
Gilles Ratier
Si ça avait été simple, je pense que Laurent aurait aimé y faire son dernier voyage. Un cimetière, c’est un lieu pour les vivants mais on n’y voit plus grand monde. J’entretiens les tombes de notre famille avec un soin particulier pour celle d’Annie et de Joseph. Ce sont des gestes de tendresse pour ceux qui nous ont tant donné. Pas loin de ce cimetière, on y trouve la fontaine « Saint-Laurent » fréquentée autrefois pour les maladies de la peau.
Salut l’ami, avec beaucoup de gentillesses…
Bonjour Monsieur Filippini,
Nous vous remercions sincèrement pour votre hommage et votre article. Cependant, nous aimerions souligner que vos propos semblent sévères lorsque vous parlez d’une « expérience peu convaincante ». Bien qu’il puisse ne pas avoir eu autant de talent que son père dans le domaine du dessin, Laurent s’est toujours investi corps et âme dans le monde de la bande dessinée. Il a « abandonné » ce domaine non pas par manque de volonté, mais par déception vis-à-vis du milieu de l’édition. Même lorsqu’il a été confronté au cancer, privé de l’usage de sa main gauche, il a continué à dessiner, utilisant sa main droite. Il est décédé en plein travail, en écrivant l’histoire de Mireille, une bande dessinée loufoque inachevée.
Cordialement,
Sa famille