On le sait, l’Espagnol Josep Homs (1) est un dessinateur aussi original que talentueux : il nous l’a prouvé à maintes reprises, ne serait-ce qu’avec sa série « Shi » écrite par Zidrou, dont il prépare le sixième épisode, toujours chez Dargaud. Par ailleurs, avec cet étonnant et glaçant roman graphique de 100 pages qu’il met lui-même en couleurs (et quelles couleurs !) — où une jeune juive très indépendante peut voir et converser avec une incarnation du diable —, il devient, pour la première fois, son propre scénariste. Tout en ressuscitant le mythe du golem et en reprenant le thème philosophique du bien et du mal, il nous démontre que le manipulateur n’est pas toujours celui qu’on croit !
Lire la suite...Les imposteurs – Acte 1
Le début : Albert, trompettiste peu doué et docker d’occasion, vient de s’abandonner au nouveau rôle de sa vie : usurper pour de bon l’identité de l’écrivain célèbre avec lequel on l’a confondu, l’espace d’une nuit d’insouciance et d’excès. Commence …
Le début : Albert, trompettiste peu doué et docker d’occasion, vient de s’abandonner au nouveau rôle de sa vie : usurper pour de bon l’identité de l’écrivain célèbre avec lequel on l’a confondu, l’espace d’une nuit d’insouciance et d’excès.
Commence alors, pour ce novice en duperie, un délicat –et parfois douloureux- apprentissage de la transgression, dans les méandres d’une élite à laquelle il s’efforce de donner le change. Imposteur, certes, mais comment maîtriser les fils du mensonge dans un monde dont les codes, précisément, reposent sur la dissimulation et la comédie des apparences ? De méprises en quiproquos, Albert n’est bientôt plus très sûr de savoir qui trompe qui… Jusqu’à ce qu’entre en scène un comparse de hasard qui va peu à peu s’avérer, par-delà tous les masques, son véritable « maître en imposture ».
Notre avis : Pour son retour chez un éditeur traditionnel (il a débuté avec quelques ouvrages aux éditons Dargaud avant de publier chez Treize étrange), Christian Cailleaux, appuyé par un graphisme aux accents très « loustaliens » dépeint avec humour et réflexion un univers et un système social distants et blasés. Avec cette communauté si perméable ou plutôt si indifférent à autrui, Albert décide de jouer et de paraître. Mais tout n’est-il pas qu’illusion ? Qui est capable de distinguer le vrai du faux ? Voila un récit qui trouve particulièrement sa place dans la collection « Un Monde », tant celui qu’il évoque si justement est particulier. LT
Casterman – Collection Un Monde – 12,50€