Bananas/Tonnerre de bulles ! : passion BD !

En ce début d’année, l’annuelle Bananas — sous-titrée « Revue critique de bande dessinée » —, éprise de liberté de ton, propose un sommaire riche et éclectique pour son n° 15. Nous profitons de la parution du n° 31 de Tonnerre de bulles ! : la revue des Petits Sapristains pour vous présenter ces deux magazines, mijotés par deux rescapés des fanzines d’antan : MM. Évariste Blanchet et Yannick Bonnant.

Sous une couverture choc de Jean-Pierre Duffour, le sommaire de ce nouveau Bananas s’adresse à un large lectorat,amateur de toutes les BD d’hier et d’aujourd’hui.

Olivier Jarrige invite à redécouvrir l’univers graphique du Suisse Cosey.

Évariste Blanchet s’entretient avec Jean-Pierre Duffour — auteur singulier —, pur produit de L’Association sans en être membre, après avoir vraiment débuté dans l’unique numéro de Labo en 1990.

S’ensuit une retranscription d’une rencontre remontant à décembre 2021 animée par Manuel Hirtz sur le thème de la bande dessinée dans la presse quotidienne des années 1950–1980 avec Harry Morgan, Biz, Jessica Kohn et notre ami Gilles Ratier.

Intéressant, mais il y aurait certainement encore beaucoup à dire et plus particulièrement à propos des scénaristes dont le rôle était capital ; voir à ce sujet « Avant la case » : le livre que notre rédacteur en chef avait, jadis, consacré ce sujet. Jean-Jacques Lalanne évoque les différents « Robin des Bois » français, puis Pierre-Gilles Pélissier brosse le portrait du manga « Lady Snowblood » de Kazuo Kamimura.

Manuel Hirtz et Harry Morgan se souviennent de deux auteurs populaires italiens injustement oubliés : Egidio Gherlizza et Antonio Terenghi.

Après « L’Irruption sauvage du dehors dedans » — un très long texte abscons (en tout cas pour moi) de Renaud Chavanne —, Évariste Blanchet évoque le long procès qui a opposé pendant plus de 40 ans le dessinateur Jean Chakir et son employeur : le groupe Bayard.

Cette livraison de Bananas est accompagnée d’un mini-catalogue de l’exposition fictive « No Offense » organisée par Évariste Blanchet à Angoulême, laquelle répertorie les BD non offensantes : une réaction non dénuée d’humour à la suite de l’affaire Bastien Vivès. Dédiées à l’abbé Bethléem — inspirateur posthume de la loi du 16 juillet 1949 — et à sa postérité, toutes les pages sont blanches.

Bananas n° 15, 140 pages (12 €) — EAN : 979-1-0955-4707-5

Deux auteurs classiques sont les invités du nouveau Tonnerre de bulles : Serge Le Tendre et Marc Bourgne.

Serge Le Tendre — dont le véritable nom serait Walter Disnait [sic] selon Christian Rossi — est l’invité de Sébastien Pauly qui revient sur sa riche carrière et sa façon très personnelle de concevoir ses histoires.

On y apprend beaucoup de choses, entre autres la grande convivialité qui régnait alors entre le scénariste et ses dessinateurs.

Plus jeune, Marc Bourgne se penche en compagnie de Raymond Larpin sur ses 30 années de dessin, mais aussi de scénario : une riche carrière qui lui a permis de travailler sur des classiques comme « Michel Vaillant », « Barbe-Rouge » et « Alix ». On peut regretter l’absence de Bruce Morgan : la version porno de Marc Bourgne, lequel n’a pas à rougir de son long passage dans ce domaine, dont il demeure l’un des meilleurs artistes français. Décision de l’auteur ou pudeur de l’éditeur ?

Deux auteurs aux carrières plus intimistes complètent ce sommaire : Léonie Bischoff, jeune Suissesse qui a commencé sa carrière en 2009 et s’est fait remarquer avec un ouvrage sur Anaïs Nin (« Sur la mer des mensonges », en 2020) etBriac Queillé, Breton venu à la bande dessinée à 40 ans et auteur entre autres d’« Armen 43 », « La Nuit Mac Orlan » et « Méridien ».

Henri FILIPPINI

Tonnerre de bulles ! n° 31, 80 pages (8 €) —La Chaînée longue 35500 Saint-Aubin-des-Landes.

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