Buck Danny, Jerry Tumbler et Sonny Tuckson forment un trio inséparable depuis bientôt 80 ans. Après que la plume de Yann nous a fait découvrir les débuts du jeune Buck Danny, c’est au tour de Frédéric Zumbiehl et Patrice Buendia de nous évoquer les jeunes années de Sonny Tuckson. Une histoire pleine d’émotion, non dénuée d’humour et au délicieux parfum fleurant les années 1950, illustrée par le crayon respectueux de l’Italien Giuseppe De Luca. Nostalgie, quand tu nous tiens !
Lire la suite...« La Légion étrangère » : Joël Laroche, l’ami discret d’Hugo Pratt…
Lorsqu’un ouvrage évoque les débuts d’Hugo Pratt en France, les noms de Claude Moliterni, Georges Rieu ou encore Jean-Paul Mougin sont les plus souvent cités. Celui de Joël Laroche, beaucoup moins. Éditeur — en 1971 — du premier album au monde de « Corto Maltese » (intitulé simplement « Corto Maltese »), il rend un nouvel hommage à son ami, 52 ans plus tard, avec la publication de « La Légion étrangère » : courte série réalisée en Argentine par le maître vénitien, en 1954.
À la fin des années 1960, les balbutiements d’une bande dessinée plus adulte se font sentir.
Fondateur des éditions Publicness, Joël Laroche traduit les premiers fascicules des revues d’épouvante de l’américain James Warren, dont la rédaction est confiée à Michel Caen : Eerie, Creepy et Vampirella — imprimés dans un premier temps sur une antique presse installée dans une cave, au 30 de la rue Le Peletier à Paris.
C’est à cette époque qu’il fait la connaissance d’Hugo Pratt, grâce à Claude Moliterni.
Conquis par l’homme comme par son œuvre, en 1971, Joël Laroche réunit — dans un album luxueux au format des originaux et au tirage limité à 2 000 exemplaires — les six premiers épisodes parus dans Pif gadget à partir de 1970. Cet ouvrage historique, dont la cote atteint aujourd’hui plus de 3 000 €, sera suivi par deux autres, en 1972 et 1974.
Les deux hommes voyageront beaucoup de concert au cours de plus de 25 années de franche amitié, discrète et sincère. Notons que Joël Laroche connaîtra un beau succès avec la publication de Zoom : luxueux magazine dédié à la photo. Il évoque quelques souvenirs émouvants de ces temps héroïques dans un numéro hors-série de dBD (n° 24) consacré à Hugo Pratt, en octobre 2022 (1). Bien moins médiatisé que le couple de globe-trotters — plus récent — formé avec Jean-Claude Guilbert, celui formé par Hugo Pratt avec Joël Laroche fut au moins aussi chaleureux.
Aujourd’hui, propriétaire de l’entreprise de reprographie Les Images numériques, Joël Laroche a profité de l’inaction provoquée par la crise due au Covid pour redonner vie à une histoire inédite — ou presque — dessinée par Hugo Pratt en 1954, lors de son séjour en Argentine. « Legion extranjera » (« La Légion étrangère ») est publiée sous forme de strice dans les nos 226 à 271 de la revue argentine Rayo Rojo des éditions Abril (Buenos Aires). Ces petits fascicules de huit pages de format 15×6,5 cm et imprimés sur papier bon marché — où sont nés plus tard en Italie « Akim », « Le Grand Blek », « Tex Willer »… — sont alors très appréciés par les jeunes lecteurs italiens et argentins.
Dessinée en même temps que « Sergent Kirk », cette série a pour cadre le désert équatorial français du Sahara au début du 20e siècle, où patrouillent les légionnaires. Après avoir découvert les restes d’une caravane attaquée par les Bédouins du rebelle Nanu, le jeune Less Crown se lance à leur poursuite. Survivante du drame, la blonde Denise —fille du capitaine Dumont capturée par Nanu — est l’enjeu d’un terrible marchandage… Futur écrivain à succès, Alberto Ongaro, ami de Pratt et scénariste inspiré, écrit l’une de ces histoires aux multiples rebondissements qu’appréciaient les lecteurs de l’époque.
Les 513 strice ou strips que compte ce récit ont été remontés en 131 pages au format à la française, à partir des magazines argentins — souvent de piètre qualité —, à l’aide d’un scanner à haute définition, après suppression des titres et des couleurs. Les textes ont été allégés sans pour autant dénaturer l’original. Résultat : un ouvrage soigné de 140 pages, préfacé par Bertrand Ouillon, tiré à 250 exemplaires numérotés et vendus 39,90 €, qui permet de suivre dans d’excellentes conditions le travail du jeune Pratt qui, peu à peu, abandonne son modèle Milton Caniff pour trouver son trait original.
Ce récit a été publié une première fois en Europe — en Italie — en 2006 par l’ANAFI (Associazione nazionale amici del fumetto e dell’illustrazione).
Une première version française a été proposée en France en 2021 par Editorial Planeta DeAgostini (Barcelone) dans le n° 70 de Tout Pratt — dans une version moins soignée.
D’où le désir de Joël Laroche de redonner tout son éclat à  l’œuvre d’origine.
Henri FILIPPINI
(1) Voir : dBD Hugo Pratt : un hors-série riche en découvertes et témoignages !.
« La Légion étrangère » par Hugo Pratt et Alberto Ongaro
Éditions Images numériques, 36, rue de Dunkerque, 75 010 Paris (39,90 €)
Le prix indiqué n’est-il pas quelque peu excessif ?
Il doit y avoir un chiffre en trop, mais lequel ?
Vous avez raison. Malgré le faible tirage à 250 exemplaires, le prix indiqué est fantaisiste. La virgule a disparu : il faut lire 39,90 euros. Merci pour votre message.
Henri FILIPPINI
Comment se le procurer ?
Bonjour Bernard !
On peut se le procurer uniquement chez l’éditeur à l’adresse indiquée en fin d’article, ou à la librairie Fantasmak : 17 rue de Belzunce, Paris (10ème).
Bien cordialement
Henri FILIPPINI
Bonjour,
Le livre est également disponible à la libraire Longtemps, 22 avenue Mathurin Moreau 75019 et la librairie fait des expéditions.
Il est aussi disponible Libraire Lutèce à Paris.
Bien cordialement,
Bertrand