Même quand on est adulte, on aime lire les albums jeunesse scénarisés par Loïc Clément. Le récit est toujours surprenant, avec de l’action ou des thématiques traitées toujours profondes et intéressantes… Et pour agréger actions, personnages attachants et émotions, le scénariste n’oublie jamais d’ajouter une bonne dose d’humour. On retrouve tous ces ingrédients dans « Les Larmes du yôkaï » : une enquête policière amusée et amusante dans un Japon médiéval revisité.
Lire la suite...Virée sarde… en moto !
Franca habite Rome. Au décès de sa mère, elle est contrainte de s’installer en Sardaigne, chez sa tante et son oncle. Faire son deuil est déjà difficile, mais le faire à Carbonia, petite ville du sud-ouest, est encore plus compliqué. Peu à peu, cependant, elle se fait des amis et se découvre une passion, la moto…
Carbonia fait partie de ces cités plutôt balnéaires qui accueillent les touristes, ce qui n’est guère du goût de certains jeunes locaux qui voient d’un mauvais œil les « nordiques » : ces étrangers qui viennent envahir leurs plages, Allemands et Français notamment. Pour certains d’entre eux, les Italiens du continent sont aussi des étrangers. C’est donc le cas de Franca !
Faut dire que beaucoup de jeunes sont condamnés par leurs métiers plutôt manuels à rester en Sardaigne, avec cette idée que, là , rien ne bouge ni ne bougera. Franca est vue par ses nouveaux amis comme une intellectuelle qui souhaite revenir à Rome faire des études d’archéologie. C’était sans compter sur l’attrait soudain pour la moto que son copain Silvio lui fait découvrir. Alors, à 18 ans, elle va toucher son héritage et décide de s’acheter une moto !
Le scénario concocté par Jean Aubertin et Adèle Albrespy a cela d’intéressant qu’il ne va pas là où on l’attend. Le « destin » de Franca est au cœur du récit et, malgré le titre qui annonce bel et bien une histoire de moto rouge, l’histoire va finalement au-delà , ne serait-ce que par l’importance donnée aux apriori machistes sur cette jeune fille soudainement propriétaire d’un tel bolide et dont tout le monde se moque. Au-delà du récit motocycliste, il y a aussi l’interrogation sur la préservation du patrimoine archéologique. À l’heure où la construction d’une enseigne de bricolage sur un site à menhirs a provoqué l’indignation, on retrouve dans « Motorossa » les problèmes que peut engendrer le développement de circuits de course dans cette petite cité sarde.
Le dessin de Jean Aubertin, dont c’est le premier album, est quant à lui particulièrement efficace et séduisant. À la fois simple et vif, dynamique et maitrisé, il porte joliment cette belle histoire d’intégration et d’ambition, aux personnages attachants, notamment l’oncle dont on découvre un passé et un rôle inattendus.
Didier QUELLA-GUYOTÂ ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
[L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook.
« Motorossa » par Jean Aubertin et Adèle Albrespy
Éditions Dargaud (20,50 €) – EAN : 9782205206395
Parution 16 juin 2023