Franck Bouysse, écrivain corrézien renommé, est un amateur érudit du 9e art depuis longtemps (1). Après avoir commis, avec son talent narratif habituel, le scénario de la BD « Été brûlant à Saint-Allaire » (un scénario original pour Daniel Casanave) (2) et adapté, avec son complice Fabrice Colin, l’un de ses autres drames ruraux (« Glaise ») dessiné par Loïc Godard, il remet aujourd’hui le couvert en réinterprétant lui-même son « Grossir le ciel » pour la bande dessinée. Ce roman sombre — dur et âpre, mais intense et poignant —, récompensé par le prix Polar Michel Lebrun en 2015 et le prix SNCF du polar en 2017, est mis subtilement et sobrement en images par le prometteur Borris : le dessinateur de la BD « Charogne », quant à elle lauréate du prix Quai du polar en 2019.
Lire la suite...
En route vers des sommets mythiques !
On ne voyage pas qu’en surface de la Terre. Il faut aussi découvrir le fond des mers et, pour quelques-uns, grimper sur des sommets a priori inaccessibles. C’est à ceux-là, précisément, que Nicolas Julo s’est intéressé… et à quatre ascensions particulièrement historiques et fondatrices de l’alpinisme…
L’auteur, pour relier ces différente échappées verticales, s’est plu à imaginer un alpiniste d’aujourd’hui tombant dans une crevasse et, pour tenter de s’en sortir, enfilant une galerie qui le mène enfin à l’air libre… mais ailleurs ! Il rencontre en effet un petit groupe d’individus habillés à l’ancienne ! Et rien de plus normal, car le voilà en 1492 avec des individus menés par Antoine de Ville et cherchant à monter le Mont Aiguille, dans le Dauphiné.
Un deuxième passage, via une galerie, mène le héros beaucoup plus haut sur des pentes enneigées, celles du « géant de l’Europe » (le mont Blanc), en 1786. Puis, c’est le tour du Cervin, en 1865. Le récit de ces aventures détaille les étapes, les méthodes, les itinéraires… Plus près de nous, et non moins célèbre, avec encore plus de précisions, c’est l’Everest en 1953, avec le trio Hunt/Norgay/Hillary : en l’occurrence, des expéditions d’une grande technicité, comparativement aux précédentes.
Julo réalise là un album extrêmement vivant et, à l’évidence, très bien documenté. Reste que c’est la réalisation graphique qui séduira tout un chacun : le trait caricatural des personnages et l’extrême diversité des paysages (une gageure si l’on songe combien ces progressions montagneuses pourraient se répéter) sont proprement étonnantes.
On pense évidemment à « Tintin au Tibet » ou aux albums de Cosey, en découvrant ces « paradis inaccessibles », mais force est de reconnaitre qu’on les oublie vite, tant le style graphique séduit et fait oublier toute référence. Après ses précédents titres parus chez Mosquito (« Le Trésor de Chartreuse », « Menaces en Chartreuse », « Réfugiée en Chartreuse » et « Le Grand Défi des Alpes »), Nicolas Julo signe, là, une ode magnifique à la montagne et à l’aventure.
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
[L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook.
« Les Paradis Inaccessibles » par Nicolas Julo
Editions Mosquito (23 €) – EAN : 9782493343328
Parution 2 juin 2023
