L’automne 2023, au-delà des couvertures…

Bruce J. Hawker, le héros favori du regretté William Vance (même après qu’il ait connu l’énorme succès de la série « XIII »), est de retour ! Et le tourmenté officier de la Royal Navy, aux cheveux blanchis par l’écume, reprend le commandement de son navire fétiche : le H. S. M. Lark. Il doit le ramener à bon port, mais les rumeurs vont bon train parmi l’équipage : ce voilier serait maudit ! À moins qu’il ne s’agisse de son capitaine qui exige de ses hommes qu’ils le suivent jusqu’en enfer : leur voyage étant parsemé d’épreuves, entre combats navals et éléments déchaînés. Hawker semble même n’être plus le seul maître à bord, se retrouvant, bien malgré lui, embringué dans la quête du trésor des Templiers.

Avant de clôturer ce premier semestre 2023, ouvrons déjà la page de la rentrée littéraire automnale, avec quelques belles couvertures d’albums franco-belges. Une sélection aussi émerveillée que parfaitement subjective – les habitués de cette rubrique ne nous en tiennent généralement pas rigueur… -, effectuée au sein des dizaines de titres programmés à partir de la fin août. Bonnes découvertes et à très vite !

Toujours présenté chronologiquement (par dates de parutions), cet avant-goût essaye de privilégier les nouvelles séries ou les one shots : une règle d’or… qui n’empêche pas de nombreuses exceptions !

Débutons ce tour d’horizon chez Dargaud avec un album qui sera chroniqué plus en détails lors de sa parution, le 18 août. Scénarisé et dessiné par Borja Gonzalez, « Bleu à la lumière du jour » est un épais one shot de 184 pages inscrit dans une atmosphère médiévale. Afin de protéger sa jeune sœur Matilde d’un sacrifice rituel, Teresa l’éloigne du château où elles vivent toutes les deux. Mais le destin en a décidé autrement : trompée par un mystérieux oiseau bleu qui a pris possession de son corps, Matilde va devoir accomplir sa destinée… Un conte noir et horrifique, doublé d’un récit d’émancipation faisant l’éloge de la liberté des femmes.

Couverture et planches n° 1, 4 et 5 (Dargaud, 2023).

Aux Éditions du Lombard, le western se fait lui-aussi inquiétant, voire horrifique : dans « Nephilims T1 : Sur la piste des anciens » (18 août), l’univers de Lovecraft ne semble ainsi pas être très loin. Sylvain Runberg et David Dusa (au scénario), Stéphane et Juliette Créty au dessin, nous entrainent dans l’Arkansas de 1864, sur fond de guerre de Sécession. C’est là qu’un bataillon nordiste de soldats afro-américains doit escorter une mission scientifique au cœur des monts Ozark. Bien sûr, les menaces ne tarderont guère à surgir, certaines étant bien plus dangereuses que d’autres…

Le Lombard (2023).

Planches 1 et 4 (Lombard 2023).

Le 30 août, paraîtra aux éditions Grand Angle « AIR : sous un ciel moins gris » T1 : premier volet d’un diptyque imaginé par Philippe Pelaez et Francis Porcel. Narrant une lutte acharnée entre gouvernement et rebelles autour du droit à respirer, cet album steampunk met en scène des aéronefs évoluant dans une ciel chargé de particules nocives. Troy Denen, un membre du Comité central, est chargé d’infilter le réseau rebelle pour découvrir qui a planifié la destruction systématique de ces engins, chargés de rendre l’atmosphère plus respirable…

Grand Angle (2023).

Restons dans la grande aventure de genre avec « Les Nouvelles Aventures de Barbe-Rouge T3 : Mami Wata » (1^er septembre), toujours réalisées par Jean-Charles Kraehn et Stefano Carloni. Plus épais (70 pages) que les deux premiers volumes (56 pages), cet album nous ramène sur l’île de la Tortue, à l’approche d’un ouragan. Partis à la recherche du trésor du pirate Morgan, Barbe-Rouge et son fils Éric ont éveillé la curiosité et la convoitise de Wambu-Noula, un puissant sorcier vaudou…

Avec « L’Ombre des Lumières T1 : L’Ennemi du genre humain » (13 septembre), Alain Ayroles et Richard Guérineau nous ramène au XVIII^e siècle, alors qu’un infâme libertin – le chevalier de Saint-Sauveur, dont on vient de retrouver la correspondance – tente de dévoyer une belle âme féminine… Le premier opus en 72 pages d’une nouvelle série ambitieuse, que les éditions Delcourt espèrent voir s’installer dans le cœur des lecteurs férus d’Histoire et de littérature.

Delcourt (2023)

Difficile dans cet article de ne pas mentionner l’un des albums les plus attendus de la rentrée : la suite des authentiques péripéties et actes héroïques de Madeleine Riffaud, dans « Madeleine, résistante T2 : L’Édredon rouge » (29 septembre) : album de 128 pages mis en scène par Jean-David Morvan et Dominique Bertail. Rappelons que Madeleine – sous le nom de code Rainer – nous fait revivre au fil des pages la vie quotidienne de la Résistance avec une précision documentaire inédite, narrant aussi bien la rencontre avec les membres du groupe Manouchian, la joie des victoires et le drame des pertes humaines.

Dupuis (2023)

Planche 1 (Dupuis, 2023).

Du côté de La Boite à bulles, portons notre attention sur « Aparthotel Deluxe » (4 octobre), dont la surprenante couverture ne manquera pas d’intérêt pour les férus de recherches d’indices narratifs. En 144 pages, Edo Brenes y dévoile une galerie de personnages, résidents dans un immeuble de trois étages, vestige des années 1970 costaricaines. Quand la douche de Monsieur B se met à couler en continu, sans que personne n’arrive à le contacter, un récit polyphonique et résolument adulte s’enclenche, dessinant les questionnements intimes d’une société religieuse à l’heure de la libération sexuelle.

La Boite à bulles (2023)

Après le tome 1 (voir notre chronique), voici venir « L’Enfer pour aube T2 : Paris rouge » (11 octobre), dernier tome dans lequel le duo Philippe Pelaez/Tiburce Oger parachèvent la quête d’Angèle, partie affronter ses démons, du ventre de Paris au Sacré-Cœur : symbole de la répression communarde survenue 30 ans plus tôt…

Autre sujet (et couverture !) étonnant : « Les Illuminés » (25 octobre), par Jean Dytar et Laurent-Frédéric Bollée. Soit un album évoquant « Les Illuminations » : recueil de poésies composées entre 1872 et 1875 par Arthur Rimbaud, Paul Verlaine et Germain Nouveau. Trois hommes qui se cherchent, se fuient et s’enivrent, tout en cherchant à réaliser à tout prix un manuscrit qui, paradoxalement, semble leur brûler les doigts, tant il passe de main en main…