Après deux diptyques d’une série sans personnages récurrents particulièrement réussis (1), le scénariste Zidrou et le dessinateur Arno Monin continuent de mettre en cases le thème de l’adoption en publiant — toujours sous forme d’une comédie mélancolique pour le grand public — un cinquième tome qui peut se lire sans qu’on ait eu connaissance des précédents : un one shot qui privilégie l’émotion, la douceur et la délicatesse (tant dans l’idée et la narration que dans le graphisme), en scénographiant trois jeunes filles qui sont devenues sœurs…, puis orphelines de leur papa adoptif. Une belle histoire familiale écrite avec optimisme, pour nous aider à surmonter, plus facilement, les épreuves que la vie nous fait régulièrement subir…
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Les armées du conquérant, Gal, Dionnet et Brown, Humanoïdes, 12,60 euros « En ce temps là, les armées du conquérant partirent pour envahir le monde. On ne savait qu’ils ils étaient ni d’où ils venaient, mais seulement qu’un jour ils …
Les armées du conquérant, Gal, Dionnet et Brown, Humanoïdes, 12,60 euros
« En ce temps là, les armées du conquérant partirent pour envahir le monde. On ne savait qu’ils ils étaient ni d’où ils venaient, mais seulement qu’un jour ils seraient là. Parfois ils étaient arrêtés, quelquefois même ils reculèrent, mais toujours ils revenaient ».
Ainsi débute de superbe album, narrant en apparence les hauts faits de 4 armées d’envahisseurs nomades, en une geste guerrière barbare, fascinante et trouble comme une idole païenne. Mais les armées du conquérant, cavaliers romanisants errant dans d’interminables déserts de pierres sombres ponctués d’incroyables cités décadentes aux réminiscences aztèques, ne sont pas les cohortes invincibles qu’annonce l’introduction. En 5 récits de guerre, de mort et d’hommes, 5 histoires de trahison, de vengeance et d’ingratitude, 5 épisodes fantastiques, cruels et surréalistes, les auteurs suggèrent combien les dieux de la guerre sont fourbes et féroces, et les vanités humaines impuissantes face aux forces obscures du hasard. Parues dans les premiers numéros de Métal hurlant, ces nouvelles héroïques et fantasmagoriques, à la puissance sauvage et au dessin d’un réalisme minutieux, se développent sur un mode équivoque, poussant l’épopée vers la désespérance existentielle de la tragédie. Des dénouements inattendus, il découle une schéma narratif prégnant, qui dilue l’épique dans l’absurde petitesse de la fatalité humaine. Y a t-il seulement une logique à tout cela ? On ne peut que douter à la lecture de cette grande bande classique, incontestable réussite tant narrative que graphique.
Joël Dubos